«Coxers» de voyageurs à Bamako : Pour un paquet de cigarette Liberté, il poignarde son ami…

    0

    Dans l’une de nos publications, nous parlions de «coxers de prostituées : un nouveau business pour certains délinquants». Aujourd’hui, intéressons-nous à d’autres coxers : ceux des voyageurs qui font des dégâts dans notre capitale, avec à l’appui le cas inédit de ce délinquant qui a poignardé son ami à cause d’un paquet de cigarette Liberté qui ne coûte tout au plus que 350 Fcfa.

     

    Tout d’abord, une précision. Un remède contre le sous-emploi qui ne fait pas toujours l’unanimité. En Afrique, des milliers d’hommes sont devenus démarcheurs de passagers pour survivre. Cette activité informelle consiste à rechercher une clientèle pour les transporteurs, qui remettront aux rabatteurs une commission pour le service rendu. Ce métier, rendu moins rentable à cause de la concurrence, cause la colère de certains clients, qui se plaignent notamment des comportements agressifs. Gagner son pain quotidien en démarchant les futurs candidats au voyage, c’est l’issue qu’ont trouvé des milliers d’hommes sur le continent africain pour ne pas subir les conséquences du chômage urbain et assurer les besoins familiaux. Les démarcheurs de passagers ont pour mission de rabattre des clients pour des transporteurs qui, en contrepartie, leur remettront une commission. Au Mali, les acteurs de la filière estiment que ce métier est moins rentable qu’avant à cause de la concurrence. D’autres se satisfont de la liberté qu’il offre. Côté clients, beaucoup de gens fustigent cette profession, se plaignant de l’attitude agressive de certains rabatteurs.

     

    Alors que des Maliens en mal de travail sont devenus transporteurs, d’autres ont simplement préféré s’insérer dans le secteur en devenant des interlocuteurs privilégiés entre les chauffeurs de transport en commun et les passagers. Il existe deux types de démarcheurs de voyageurs. Dans les grandes gares routières, on trouve une organisation plus ancienne et plus structurée. À la gare routière de Sogoniko, ils couvrent toutes les lignes et sont originaires de toutes les localités du pays. Il existe dans notre capitale un autre type de démarche de clients, beaucoup plus poussé et très désorganisé. Sur toutes les grandes artères de la ville, à chaque arrêt de cars, on observe des jeunes qui revendiquent être les principaux acteurs du secteur. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir ces coxers, comme on les appelle à Bamako, aborder les futurs passagers aux arrêts de cars de transport en commun.

     

    La stratégie de ces fins négociateurs consiste à convaincre tout passager d’embarquer dans un véhicule de transport en commun stationné au bord de la route. Dès qu’on arrive aux abords des arrêts cars rapides, on est envahi par deux ou trois personnes qui vous forcent même à monter dans tel ou tel transport. Il peut aussi arriver que l’on vous arrache les bagages à main pour vous conduire de force à l’intérieur d’un car. Ils deviennent, de fait, les derniers recours et les intermédiaires incontournables pour charger à plein les voitures des chauffeurs, qui se mènent une rude concurrence pour trouver des passagers. Dès que le car est rempli, l’apprenti du véhicule, jouant le rôle du percepteur de la taxe passagère, remet directement une commission allant de 100 à 200 Fcfa à son démarcheur. «Chaque car que nous chargeons à plein passe à la caisse en versant 200 à 300 Fcfa. Nous réunissons toutes nos commissions journalières avant de les partager à la descente», explique Abdoulaye Coulibaly, un jeune coxer. Bien dit, mais les agressions, le vol, le trafic de drogue, la prostitution entrent dans les stratégies…de certains bandits souvent armés et petits trafiquants.

     

    «Coxers» de voyageurs. Tel est donc la nouvelle profession de certains jeunes à Bamako, notamment à l’Autogare de Sogoniko. S’il est vrai que parmi eux il y a d’honnêtes gens qui cherchent ainsi leur pain quotidien, force est de reconnaître que certains sont des délinquants qui, sous prétexte de chercher des cars pour les voyageurs, les dépouillent de leurs bien. Ces «Coxers» de voyageurs, vous les verrez courir derrière les taxis et motos en quête de clients. De véritables marathonniers. Peut-être que le ministre des Sports, Housseiny Amion Guindo, pourrait trouver parmi eux ceux qui pourraient représenter le Mali aux prochains Jeux Olympiques !

     

    Toujours est-il qu’ils travaillent souvent en petits groupes.  Ce qui leur permet d’être plus aptes à dénicher des clients et à se faire un peu d’argent qu’ils partageront ensuite. Ainsi, un d’entre eux avait acheté la semaine dernière un paquet de cigarette Liberté afin qu’ils puissent fumer ensemble. Histoire de bien bosser. Mais, entre-temps, celui qui détenait le paquet de cigarette aurait déclaré l’avoir perdu. Une vive dispute s’engagea et celui qui l’avait acheté, n’a pas hésité à faire usage de son couteau pour poignarder son ami au bras. Et tenez-vous bien, à cause d’un paquet de cigarette Liberté dont le prix n’excède pas 350 FCfa !

     

    Bruno E. LOMA

    Commentaires via Facebook :