La Cour d’Assises, sous la présidence de Kamafily Dembélé, a reconnu non-coupable, dans son audience d’hier jeudi, le sieur Ousmane Keïta, gérant de parking à Markacoungo après près de deux ans de détention. Il comparaissait pour trois chefs d’accusation : association de malfaiteurs, vol qualifié et coups et blessures volontaires.
C’est l’un des rares cas à se voir acquitter par la Cour dans le cadre de cette dernière session de la Cour d’Assises de l’année 2014. Il s’agit de l’affaire opposant le ministère public au nommé Ousmane Keïta qui était accusé de s’être associé à d’autres individus dans le dessein de commettre des attentats contre les personnes et leurs biens, d’avoir volontairement porté des coups sur un vieux peul de la localité du nom de Kola Bolly et son neveu avant de prendre leurs motos Jakarta.
Après des heures de débats, la Cour a fini par rendre un verdict selon lequel il n’existe aucune preuve permettant de retenir Ousmane Keïta dans les liens de l’accusation. En effet, en considérant les faits, la seule question qui taraude l’esprit est de savoir sur quelle base le juge d’instruction de Fana a pu mettre le sieur Ousmane Keïta sous les verrous pendant près de deux ans.
Quand aux faits à proprement parler, ils datent de février 2013, dans le cercle de Fana. En ce mois de février, entre 9 heures et 10 heures, Kola Bolly a quitté son village Niamina pour se rendre à Markacoungo dans l’objectif d’aller faire le vidange de sa moto. Sur le chemin du retour, il a été intercepté par deux individus. Contraint par l’un d’entre eux de s’arrêter avant de l’asperger avec du gaz, Kola Bolly, après s’être protégé du gaz à l’aide de sa main, sortit aussitôt son couteau pour faire face à son agresseur. C’est alors que, voyant la résistance que lui opposait le vieux Bolly, l’agresseur appela son complice sous le nom d’OUSMANE KEÏTA. Ce dernier serait entré, alors, en scène en se saisissant d’un caillou pour administrer des coups à Kola Bolly qui ont causé des blessures à la tête, à l’épaule et dans le dos de ce dernier. Il perdit, du coup connaissance avant que les deux bandits n’emportent sa moto. Deux semaines auparavant, le neveu du vieux Bolly, en l’occurrence Abdoulaye Bolly, avait été attaqué et dépouillé de sa moto.
Durant toute la procédure, Kola Bolly a soutenu qu’il connait l’accusé du bout des doigts et qu’il est sans doute l’un de ses agresseurs.
Cependant, aucune preuve n’a été fournie disant effectivement que c’est Ousmane Keïta qui a agressé le vieux Bolly. Le seul élément dont il disposait est qu’il aurait entendu l’un appeler le nom Ousmane Keïta.
Quant à l’accusé, il a maintenu, pendant toute la procédure qu’il n’était même pas au courant des faits à lui reprocher. ” Le matin des faits j’étais à mon lieu de travail avec deux autres habitants du village, au bord de la route (7 heures)…Le neveu de Kola et son ami sont venus me dire que leur père vient d’être agressé et dépossédé de sa moto et que mon nom est cité par lui…J’ai laissé mon travail et nous nous sommes rendus, ensemble, à la gendarmerie où Kola m’a indexé…Quand j’ai voulu me défendre, le gendarme m’a tout de suite interrogé comment ce vieillard peut mentir à mon sujet… “, a-t-il dit, hier, à la barre.
Quant à Abdoulaye Bolly qui avait été agressé deux semaines avant son oncle, il a affirmé, devant la Cour, que ses agresseurs étaient cagoulés et qu’il ne pouvait pas les reconnaitre. Toutefois, ” Ousmane fait bel et bien partie de mes agresseurs “, a-t-il dit. A noter que Kola Bolly ne s’est même pas présenté devant la Cour et les personnes qu’il a déléguées ne disposaient pas de procuration.
Prenant la parole, le ministère public a affirmé qu’aucune des infractions citées contre Ousmane Keïta n’est constituée et a demandé, donc, la libération pure et simple de l’accusé. “ J’avoue que dès le départ, je souffre du dossier…J’ai toujours dit au juge d’instance qu’il s’agissait d’un dossier vide, mais il a décidé de mettre mon client (père de famille, ndlr) en prison depuis février 2013 pour des faits qu’il ignore “, a dit le conseil d’Ousmane, Me Semega avant de conclure que “ le mensonge a beau courir, la vérité finit par le rattraper “.
Aboubacar DICKO