La Cour d’Appel de Bamako dans son audience de jeudi dernier, a acquitté Moussa Camara, qui était accusé d’attentat à la pudeur sur la personne d’Awa Fomba, âgée de 10 ans au moment des faits. Moussa Camara est né vers 1950 à Kangaba, où il est domicilié.
Courant 2013 à Nonimbougou, cercle de Kati, Awa Fomba et ses sœurs vendaient du poisson sous un hangar. Soudain, Moussa Camara arrive sur leur lieu de vente avec des médicaments traditionnels. Il vendit un à 250 FCFA à un motocycliste venu acheter du poisson. Il se retira pour revenir quelques instants après, commander 200 FCFA de poisson à Awa et manger.
Il en profita pour dire à Awa qu’elle était l’homonyme de sa mère et qu’elle était enceinte. Il lui demanda de lui apporter du beurre de karité afin de la faire avorter. La victime fit quelques mètres pour entrer dans sa concession en vue de lui apporter ce produit. Mais elle fut poursuivie par l’accusé jusque dans une chambre. A l’intérieur, Moussa commença à manipuler ses parties intimes.
Elle voulut crier, mais Moussa la supplia de se taire pour ne pas l’humilier, avant de sortir en courant. Ramata Doumbia, ayant suivi la scène à travers la fenêtre, informa Karim Columbia, le grand-père de la victime, que quelque chose d’anormal se passait. La diligence de celui-ci permit d’appréhender Moussa Camara.
A l’enquête préliminaire, ainsi que devant le magistrat instructeur, l’accusé est resté constant, niant les faits qui lui étaient reprochés. A la barre, il a fait de même et déclaré qu’il ne connaissait pas la victime, ni la personne à laquelle il aurait acheté du poisson, d’autant que c’était la première fois qu’il se rendait dans ce village.
Il ensuite souligné qu’après avoir acheté du poisson, à 100 m du lieu, après l’avoir quitté, il fut appréhendé par un groupe de personnes au motif qu’il aurait violé une jeune fille. Telles sont les raisons de mon incarcération, a expliqué l’accusé.
Quant à Awa Fomba, elle dira qu’elle est vendeuse de charbon et que Moussa Camara l’avait alertée d’une grossesse, en lui disant encore de lui apporter du beurre de karité pour avorter. «Je me suis dirigée discrètement vers ma famille, poursuivie par Moussa, qui est entré derrière moi dans une chambre. Il m’a dit d’enlever mon pagne, j’ai accepté et il a mis ses doigts dans mon sexe. Ramata Doumbia a suivi la scène à travers une fenêtre et appelé sa grande sœur, qui est venue frapper à la porte. Le nommé Moussa a essayé de s’enfuir et a été intercepté par elle avant que la foule ne se rue sur lui.
En sa qualité de témoin, Ramata a partagé le bien fondé des propos tenus par Awa, avec quelques contradictions, ce qui a mis le ministère public dans un état de doute. En effet, le 13 juillet 2013, devant le juge d’instruction, la victime avait affirmé qu’elle vendait ce jour-là du poisson, alors qu’à la barre elle dira qu’elle vendait du charbon.
Le ministère public a donc déclaré qu’il n’avait pas de preuves formelles pour inculper la victime et a demandé à la Cour de proclamer son innocence et de prononcer son acquittement.
L’avocat de la défense, Me Draggo, dira que Moussa Camara, âgé de 63 ans et père de famille, a déjà passé une année et demi en prison. Il a été constant dans ses propos, tant à l’enquête préliminaire que devant la Cour, et aucune preuve n’a pu être établie contre lui. Il doit donc être acquitté, a déclaré Me Draggo.
La Cour, présidée par Moussa Diarra, a acquitté Moussa Camara pour absence de preuve.
Adama Bamba