Les travaux de la première session de la Cour d’Assises, après une brève suspension pour cause de week-end, ont repris le lundi dernier. Pour la Cour, les faits reprochés aux accusés du jour, Siaka Diallo et Kassoum Diallo, sont graves pour motiver la première prononciation de la peine capitale lors de la présente session. En effet, les deux accusés sont reconnus coupables de l’assassinat du jeune Konimba, à Sikasso, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2009. Mobile du crime : la convoitise de la demoiselle Fatoumata Bamba dite Baya.
A la barre, le Président de la séance du jour, Abdoulaye Issoufi Touré, a tenu à rappeler à l’accusé Siaka Diallo et à son co-accusé Kassoum Diallo, les faits pour lesquels ils sont devant la Cour d’Assises, ce lundi 24 mai 2010.
"Il ressort que dans la nuit du 28 au 29 janvier 2009, une altercation éclata entre Ibrim et Kassoum au sujet d’une jeune fille du nom de Fatoumata Bamba dite Baya. Les hommes qui s’étaient croisés aux environs de la famille de la sus nommée se lancèrent des injures grossières. Konimba, un ami à Ibrim intervint brusquement et fit une mise en garde à Kassoum de ne plus tenir de telles injures à l’endroit de son ami Ibrim, Lassine Diallo, un des frères de Kassoum, qui se trouvait à côté, s’approcha et tint le même langage à Konimba.
Les esprits s’échauffèrent et Ibrim disparut quelques instants après. Ensuite, les frères Diallo, à leur tour, se retirèrent des lieux. Peu de temps après, ils revinrent armés de coupe-coupe et de couteau. Lassine s’infiltra dans la concession de la jeune Fatoumata Bamba dite Baya et invita Konimba, qui s’y trouvait, à venir dehors. Sûr de lui, celui-ci sortait de la famille aux fins de répondre à l’appel de ses rivaux. Une fois arrivé en face de ceux-ci, il reçut un coup de poignard de la part de Lassine et Siaka Diallo aggrava les faits par des coups assénés à la victime, à la suite de son frère. Konimba mourut de ces coups quelques instants après".
Avec ce rappel des faits, suivi de la série de questions d’éclaircissement posées par le représentant du Ministère public, Amadoun B. Guindo, les deux accusés Siaka Diallo et son frère Kassoum Diallo confessaient, avouant du coup leur forfait. Il appartenait à leur avocat défenseur, Maître Salif Moussa Coulibaly, de se battre corps et âme pour leur éviter la sentence suprême, à savoir la peine de mort.
Malgré la constance avérée des faits, Siaka Diallo, dans sa déposition, a demandé la clémence de la Cour, après avoir plaidé coupable. Il a ajouter que, lors de l’affrontement entre lui et Konimba, ce dernier l’avait blessé à oreille et que c’est à la suite de blessure qu’il a donné des coups de coupe-coupe à sa victime, sans avoir l’intention de donner la mort .
Quant à son frère Kassoum, il confirma que l’horrible scène s’est déroulée en la présence de Fatoumata Bamba dite Baya. Comme lors de l’enquête de police, Kassoum Diallo a déclaré que lui était resté à la maison, lorsque Siaka et Lassine se sont résolus à aller en découdre avec Konimba. Mais, coincé par les questions du Président Abdoulaye Issoufi Touré, il a fini par avouer son forfait.
Dans son réquisitoire, le Procureur a rappelé que ce crime est prévu et puni par les articles 199 alinéa 1 et 201 alinéa 5 du Code Pénal, puis Amadoun B. Guindo a demandé à la Cour de retenir les deux frères dans les liens de l’accusation.
Il a aussi demandé à la Cour de les sanctionner par une peine qui pourrait leur servir de leçon tout comme à d’autres personnes nourrissant les mêmes idéologies qu’eux, à savoir en finir coûte que coûte avec leurs rivaux par la violence ou le meurtre.
La Cour n’a pas accordé le bénéficie des circonstances atténuantes aux frères Diallo. Ainsi, après délibération, la Cour, sous la conduite de Monsieur Abdoulaye Issoufi Touré, le Président de la Cour d’Appel de Bamako, a condamné Siaka Diallo et Kassoum Diallo à la peine capitale, c’est-à-dire à la peine de mort.
Accusés de coups mortels Adama Kéita écope de 10 ans de réclusion ferme, Bourama et Modibo Kéïta prennent 5 ans chacun
Adama Kéïta, né vers 1983, Bourama Kéïta 25 ans et Modibo Kéïta 22 ans, comparaissaient le lundi dernier, à la barre, pour répondre des faits qui leur sont reprochés, notamment des coups ayant entrainé la mort, le 22 avril 2006, du sieur Massaman Kéïta à Badougou Nafadji, dans le Mandé.
En effet, une parcelle de terre cultivable faisait l’objet de brouille entre les cousins Kéïta du village de Badougou Nafadji dans le cercle de Kati. Djigui Kéïta, qui avait prêté la parcelle en question à son cousin Massaman Kéïta, mourut quelques années plus tard, d’une "mort naturelle". Depuis lors, son fils aîné, Adama Kéïta, ne cesse de réclamer "sa" parcelle. Toujours ayant à cœur de récupérer son bien, Adama Kéita n’a pas démordu, gardant tout de même le silence. Mais quel silence ! Entre temps, ladite parcelle, exploitée comme champ de culture par Massaman Kéïta, avait semé la fureur dans le cœur des enfants de Djigui Kéïta. C’est dans cette atmosphère de haine que, malheureusement, le 22 avril 2006, Massaman Kéïta et les enfants de Djigui Kéïta se rencontrèrent dans ledit champ. Après quelques échanges non catholiques, un affrontement s’en est suivi, à la suite duquel le nommé Massaman Kéïta fut roué de coups de machette et de gourdins. Le reste se passa de commentaire, Massaman Kéita en perdit la vie.
Inculpés, les enfants de Djigui Kéïta, notamment Adama Kéita, Bourama Kéïta et Modibo Kéita ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Comme ce fut le cas, lors de leur arrestation et surtout lors de l’enquête préliminaire, Adama Kéïta a soutenu avoir été seul à administrer des coups sur la personne de Massaman Kéïta. Il a confié que c’est ce dernier qui fut le premier à l’agresser et qu’il n’a fait que rendre des coups. Quant aux deux autres frères d’Adama Kéïta, à savoir Bourama Kéita et Modibo Kéïta, ils ont tous soutenu n’avoir pas été impliqués dans cette affaire. Bourama Kéïta a confié, qu’au moment des faits, il était à Siby, à la recherche de sa carte d’identité en vue de faire le concours d’entrée dans l’Armée malienne.
Modibo Kéïta, pour sa part, a soutenu être en brousse au moment de l’accrochage entre Adama Kéïta et Massaman Kéïta. Toutes ces allégations, tenues tant à l’enquête préliminaire que devant la Cour, n’ont pu convaincre le Premier Président de la Cour d’Appel de Bamako, ses conseillers et le Parquet général. En effet, assaillis par les questions du représentant du Ministère public, du Président de séance, des conseillers et des assesseurs, les inculpés ont fini par avouer leur forfait, mais à des degrés différents.
La Cour, ayant retenu la culpabilité de l’accusé et ses co-accusés, a condamné Adama Kéïta à 10 ans de réclusion ferme. De leur côté, Bourama Kéïta et Modibo Kéïta ont écopé, chacun, de 5 ans d’emprisonnement.
Il faut noter que les parents de la victime (partie civile) notamment Karim Kéïta son frère et Moussa Kéïta n’ont rien réclamé. Ils se sont rangés derrière la loi.
Zhao Ahmed BAMBA