Les coups de la vie : « Le ‘’Bonbon’’ Pasteur »

    1

    Je suis français d’origine ivoirienne. J’ai acquis la nationalité française après avoir galéré 12 ans en France. La vie là-bas n’est pas du tout facile. J’y suis arrivé en tant qu’étudiant.

    Mais les réalités sur le terrain n’étant pas ce que je croyais, il fallait que je travaille pour survivre. En plus, les parents, eux comptaient sur moi. J’étais l’espoir de ma famille. Après une année de cours, j’ai tout abandonné et j’ai commencé à travailler comme vendeur dans un supermarché. Cela me permettait au moins de payer ma maison et mes factures. Malgré toutes ces charges, il fallait penser à envoyer de l’argent aux parents et à ma fiancée Anita restée au pays.

    Elle comptait beaucoup pour moi. Je ne voulais pas la perdre. Je n’avais pas non plus envie de m’attacher à une autre en France. Je l’aimais énormément. Je la considérais déjà comme la mère de mes futurs enfants. Je travaillais dur pour faire face à mes responsabilités. Je faisais deux boulots par jour. En plus du supermarché, j’étais aussi coursier dans une entreprise d’appareils électroniques. Tous les deux ans, je trouvais le moyen d’aller au pays pour voir la famille. Je passais du bon temps avec Anita. J’arrivais au moins à me distraire un peu. En France, je n’avais pas le temps de sortir. Je ne fréquentais personne. Je faisais l’effort d’aller quelquefois à l’église. J’étais très proche du pasteur. Il était mon guide spirituel. Il priait beaucoup pour moi. Je lui devais tout. C’est pratiquement la seule personne que je fréquentais vraiment dans l’hexagone.

    Rentré d’un de mes voyages en Afrique, Anita m’a annoncé qu’elle attendait un enfant. J’étais très heureux. J’envisageais la faire venir auprès de moi. Sa grossesse était de cinq mois lorsqu’elle m’a rejoint en France. Mes affaires prospéraient et j’avais beaucoup plus de responsabilités. J’ai présenté Anita à toute la communauté. Elle était très croyante. Mon fiancé a commencé à fréquenter l’église. Je n’y ai trouvé aucun inconvénient. Surtout que j’étais souvent absent. A l’église, elle rencontrait beaucoup d’Ivoiriens. Elle était épanouie. Nous avons donc fixé la date de notre mariage pour le mois suivant l’accouchement d’Anita. Le pasteur fut informé. Il a mobilisé les fidèles afin qu’on nous soutienne. Les membres de la communauté étaient comme une seconde famille pour nous. Puis Anita a accouché. Elle a eu un garçon. Comme convenu, un mois après, nous avons célébré le mariage civil et religieux. Ce fut un beau mariage qui a été béni par notre éminent pasteur. Pasteur Djessou était très apprécié par les fidèles pour sa sagesse. Il leur rendait très souvent visite pour prier pour eux. Il était toujours au-devant des choses qui concernaient ses fidèles. Il aidait ceux qui étaient en situation difficile. C’était un père pour toute la communauté. J’ai vécu heureux avec mon épouse pendant deux années. Anita avait commencé à travailler. En plus du travail, elle avait certaines responsabilités à l’église. Elle ne ratait aucun culte, aucune veillée. Moi j’étais très souvent occupé par les activités.

    Un midi, je suis passé récupérer un dossier à la maison. Je devais me rendre en Belgique ou m’attendait un client important. Anita a insisté pour que je mange. Elle avait fait mon plat préféré. Je lui ai dit qu’à mon retour, j’allais me racheter. Il faillait vraiment que je parte pour ne pas rater le train. Mais ce que je craignais est arrivé. J’ai raté mon train et le départ suivant était prévu deux heures plus tard. Je me suis dit que c’est à cause du plat refusé que j’ai raté ce train. J’ai donc décidé de rentrer à la maison et remettre mon rendez-vous au lendemain. Une fois à la maison, j’ai vu la voiture du pasteur garée près de chez moi. J’ai donc compris qu’il était là. J’étais très heureux de le rencontrer. Surtout que j’avais des choses à lui confier. Quand j’ai franchi le seuil du salon, le bishop venait apparemment de finir le repas pour lequel j’étais revenu.Pis, il avait le pantalon baissé et ma chère Anita lui faisait une fellation. Ils étaient tellement concentrés  qu’elle et son pasteur ne m’ont pas vu rentrer. Je vous épargne les détails. Mais je vous assure que j’ai tabassé le pasteur comme jamais je ne l’ai fait à quelqu’un auparavant. Anita me suppliait de le laisser. Je l’ai vraiment battu. Il n’a même pas osé se défendre. Je l’ai blessé à la tête et au visage avant de chicoter Anita et de la mettre dehors. J’avais trop mal et c’était difficile de contenir ma colère. J’en voulais énormément au pasteur qui n’est pas prés d’oublier cette bastonnade. J’ai passé deux semaines sans sortir de chez moi. Puis j’ai appris par un fidèle que le pasteur Djessou était mal en point. Qu’il avait été agressé par une bande de jeunes arabes qui voulaient lui prendre son véhicule. Celui qui m’informait était surpris que je ne sois pas au courant de cette agression. Surtout qu’Anita était membre active de l’église. J’ai feint de ne rien savoir. Le pasteur avait menti sur le motif de son agression. Je n’ai pas osé dire la vérité aux fidèles qui ont remercié Dieu pour avoir laissé la vie sauve au pasteur. Il a reçu, parait-il, beaucoup de visites de compassion. J’étais tellement énervé par ses commentaires que  je me suis promis de me venger de ce faux pasteur qui trompait ses fidèles. J’ai attendu un jour de culte ou il y’avait du monde pour faire irruption dans l’église.

    Certains fidèles rendaient témoignage sur des faits qu’ils avaient vécus. Lorsque le pasteur Djessou m’a aperçu, il ne tenait plus. On voyait qu’il paniquait. J’étais serein et j’attendais mon tour pour faire mon témoignage. Lorsque j’ai voulu prendre le micro pour intervenir, le pasteur a donné l’ordre qu’on m’empêche de parler. De loin, je le voyais me faire de grands signes comme pour me dire qu’il regrettait son acte. J’étais pourtant décidé à me venger. Quelques membres de l’église m’ont pris le micro de force. Ils ont essayé de me faire sortir du lieu de culte. C’est en ce moment-là que je me suis énervé. Alors je me suis mis à crier : “Qu’est-ce qui se passe ? Laissez-moi parler. Le pasteur Djessou couche avec ma femme. Je l’ai surpris avec mon épouse qui lui “taillait une pipe “dans mon salon. C’est cet homme en qui vous avez tant confiance qui m’a fait ça ! Je le maudis. Car mon Anita, je l’aimais de tout mon cœur“.

    Avant même que je n’ai fini de parler, l’église a commencé à se vider. Les fidèles étaient tellement déçus. Une des sœurs en Christ qui nous fréquentait a dit dans la foule : “il y a longtemps qu’il couche avec Anita. Il nous a toutes draguées ici». Après ce commentaire, mon sang n’a fait qu’un tour. Je cherchais le pasteur pour lui infliger une deuxième correction, mais il avait déjà quitté les lieux.

    Ma vengeance assouvie ; j’étais soulagé. Cette histoire a alimenté les conversations pendant quelques temps et la vie a repris son cours normal. Désormais, je n’avais plus de femme. J’ai arrêté d’aller à l’église, mais ma foi en Dieu n’a pas diminué d’un pouce. Je crois en lui et je continue de le louer, mais à la maison. J’ai appris plus tard que l’épouse du pasteur l’avait quitté et que tous les fidèles ont déserté les lieux. C’est bien ce qu’il mérite après ce qu’il ma fait.

    Pour réagir ou envoyer votre histoire, une seule adresse : journal_leflambeau@yahoo.fr

    La Rédaction

    Commentaires via Facebook :

    1 commentaire

    Comments are closed.