Coup de la vie : je n’avais pas droit à ce bonheur…

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    Pendant longtemps, j’ai supporté injures et humiliations de la part de ma belle-mère. Pourtant, j’étais celle qui s’acquittait de tous les travaux ménagers. Nima et Ophélia, ses deux filles, ne touchaient à rien à la maison. Ma belle-mère prenait prétexte de ce que j’étais la plus jeune pour faire de moi la bonne à tout faire. Lorsque la vaisselle était mal lavée, elle me battait ; si la cuisine était sale, j’étais fautive. Mon père, qui se doutait pourtant que j’étais maltraitée par son épouse, n’osait pas la contredire. Il était au chômage depuis plusieurs années et vivait donc aux crochets de cette femme que j’étais dans l’obligation de supporter, ma propre mère n’étant plus de ce monde.

    Lasse de vivre dans ces conditions, j’ai souhaité apprendre un métier : la coiffure. Gnima et Ophélia étaient dans une école privée. J’avais été obligée moi, d’arrêter l’école en classe de troisième, après mon échec au BEPC, parce que ma belle-mère disait ne pas voir de l’argent pour payer mes cours. Pendant que mes sœurs étaient à l’école, je me tapais tous les travaux ménagers. Et, même lorsque j’ai commencé la coiffure, à ma descente, cette corvée m’attendait. Je sentais que papa en souffrait mais il était impuissant. De temps à autre, il me remettait des sous en cachette.

    A l’âge de dix-neuf ans, j’ai fait la connaissance de Koudou, un riche exploitant forestier de notre région, réputé pour sa générosité et son gout trop prononce pour les femmes. Cousin à ma patronne, à chacun de ses passages dans notre cité, il passait la voir. La première fois qu’il m’a vue, il semblait ne plus tenir. Il voulait tout savoir de moi. J’avoue avoir été impressionnée moi aussi par ses manières racées et son éloquence, mais je feignais de ne pas le voir.

    Après départ, ma patronne m’a dit de saisir l’opportunité qui s’offrait à moi pour obtenir mon autonomie. Elle n’avait pas tort, car je ne supportais plus l’injustice qui régnait à la maison. Koudou était généreux avec moi. Il m’offrait plein de cadeaux. En peu de temps, ma vie avait complètement changé. Le fait d’avoir été difficilement accessible amenait Koudou à investir en moi. Il voulait que nous soyons amants. Je lui ai fait comprendre que je n’avais jamais eu d’amoureux et que, par conséquent, je voulais qu’il demande ma main avant d’envisager de vivre ensemble. Cela le galvanisa. Tous mes désirs étaient exécutés.

    A la maison, le changement était visible. Mais je m’acquittais toujours de mes taches. Koudou vint, comme convenu, rencontrer ma famille. Il avait l’intention de faire de moi sa troisième épouse. J’n’étais  pas pour la polygamie, mais la quête de liberté et l’amour me poussèrent à cette situation. J’étais tombé amoureuse de lui, mais je devais lui résister, vu son passé chargé de maitresses. Néanmoins, il m’a ouvert un salon de coiffure. Un mois  avant la date de notre mariage, Koudou avait disparu. Je n’avais plus de nouvelles de lui. Ma patronne non plus. Aucun de ses contacts n’était accessible. J’étais bouleversée, morte d’inquiétude. Que s’était-il passé ? Avait-il renoncé ? Ou encore, une de ses maitresses, ayant appris son futur mariage, l’aurait-elle séquestré ? Je n’avais aucune réponse à mes questions et j’en souffrais. A l’approche de la date fixée pour le mariage, toujours aucune nouvelle de mon homme. Me voyant triste et amaigrie, ma patronne décida de mener des investigations afin de comprendre ce qui clochait. Son retour, elle s’ouvrit à moi :

    ‘’Ma fille, oublie Koudou. Je vais être honnête avec toi, car tu as toujours été correcte avec moi’’, dit-elle. Mon cœur battait car je sentais par sa mine que la nouvelle qu’elle s’apprêtait à m’annoncer ne serait pas bonne.’ Figure-toi que ta belle-mère a effectué le déplacement d’ici jusqu’à Abidjan pour faire comprendre à ton fiancé que tu serais épileptique, donc nuisible. Et ce n’est pas tout. Elle a réussi à positionner Gnima, ta sœur. A l’heure où je te parle, Gnima est la maitresse de koudou. Avec elle, il n’a pas eu besoin d’attendre le mariage, puisqu’elle était dans son lit lorsque je suis arrivée chez lui. Voilà toute l’histoire’’. Je fus subitement prise d’un vertige. Je venais de comprendre ce qui m’arrivait.

    Toute cette gentillesse de ma belle-mère à mon égard, n’était que de la comédie. Les absences répétées de Gnima s’expliquaient. J’étais déçue koudou était mon premier amour et je rêvais de vivre avec lui. J’ai raconté ce que j’avais appris à mon père. Il n’a pas supporté cela. En colère contre épouse, il quitta la maison. J’ai préféré moi aussi quitter la cité. Avec les économies que j’avais eues grâce à la générosité de koudou et à la vente de mon salon de coiffure, je m’installai à Abidjan. Je voulais tout oublier et repartir de zéro.

     

    La vie n’était pas facile à mes débuts dans cette grande capitale que je découvrais pour la première fois. Je travaillais chez l’une des connaissances de ma patronne qui, depuis notre cité natale, me guidait. Grace à celle-ci, j’avais des nouvelles de papa, il s’était pris en main et il travaillait comme suppléant dans une pharmacie. Il ne gagnait pas grand-chose, mais il était autonome. De temps en temps, je lui envoyais de l’argent par le biais de mon ex-patronne.

    J’avais complètement tourné la page Koudou. J’avais un nouveau compagnon, un médecin avec qui j’avais emménagé. J’étais heureuse. Toujours par le biais de mon ex-patronne. J’appris que Gnima avait eu un enfant avec Koudou. Cela me fendit le cœur, car j’avais nourri ce rêve.

    J’avais donc coupé tout lien avec ma belle-mère et ses filles. Quatre années plus tard, alors que j’attendais mon premier enfant de mon médecin, j’appris que Gnima avait perdu son bébé et que Koudou serait très malade. J’avoue avoir eu de la compassion pour eux. Quelques mois après, Koudou mourut du VIH âpres s’être séparé de Gnima. Aux dernières nouvelles, Gnima, à l’article de la mort, demandait à me rencontrer afin d’implorer ma clémence. Je me serais déplacée malgré tout, malheureusement mon époux refusait que je voyage avec une grossesse de huit mois.

    La Rédaction

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