C’est un début de matinée agité qu’ont vécu hier les usagers de l’immeuble qui abrite le ministère de l’Economie et des Finances et celui du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Nombreux sont les responsables de service de ces départements qui ont dû attendre plusieurs heures avant de pouvoir accéder à leur bureau à cause d’un sit-in initié par le comité syndical du ministère du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Les manifestants protestaient contre « leur exclusion du champ d’application d’un arrêté interministériel qui leur conférait jusqu’ici le droit à une prime d’intéressement ». A l’arrivée de notre équipe de reportage, les alentours de l’immeuble étaient bouclés par un important dispositif sécuritaire.
Un dispositif très dissuasif qui, heureusement, n’a pas eu à intervenir malgré une tension et une amertume palpables traduites sur des banderoles peu amènes : « Rendez-nous nos primes », « Non à l’injustice sociale » ou encore « Sans la planification, pas d’économie ». Les commentaires étaient à l’avenant évoquant « un manque manifeste de considération à l’égard de la tutelle et de l’ensemble de son personnel, y compris le ministre ».
Pourquoi cette colère soudaine ? Le secrétaire général du comité syndical du département du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population, Ladji Bamba, s’est attaché à remonter aux sources du différend. C’est en 2004, raconte-t-il, que le secteur de l’économie a connu un réaménagement institutionnel. Le département de l’Economie et des Finances a été scindé en deux entités distinctes. Les secteurs de l’économie, de l’industrie et du commerce ont été regroupés, tandis que la Finance constituait, à elle seule, un ministère.
Ces changements institutionnels ont perduré jusqu’en 2009. C’est à ce moment là que l’économie et les finances se rejoignent à nouveau et que le ministre Sanoussi Touré instruit aux responsables du département d’élaborer un projet de cadre légal de motivation du personnel. Avec les multiples changements institutionnels, les travailleurs se retrouvaient avec deux comités syndicaux. Face à l’importance et à la teneur des instructions du ministre de l’époque, les deux entités fusionnèrent pour travailler ensemble sur le projet de texte. C’est ainsi que la prime de motivation vit le jour. Le texte prend en compte tous les travailleurs des deux secteurs de l’économie et de la planification et jusqu’au premier trimestre de l’année en cours, les primes ont été payées à tous les travailleurs comme de droit.
Mais les déboires des « planificateurs » vont commencer en avril dernier lorsqu’un bordereau du directeur des ressources humaines du ministère de l’Economie et des Finances notifie l’exclusion des travailleurs du département du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population du champ d’application de l’octroi des primes, pour motif qu’ils ne remplissent aucunement les dispositions du texte qui donne droit aux motivations de performance au profit des agents de l’économie. Ce cadre légal stipule que la prime est accordée à des agents de l’économie qui se sont révélés productifs en matière de mobilisation de recettes.
Cet argument n’est pas du goût des travailleurs du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Ladji Bamba ne voit là que pur mépris envers la mission de leur département. « Il n’y a pas de distinction entre nous et les agents du ministère de l’économie en la matière. Nous avons les mêmes missions et nous travaillons ensemble pour les mêmes causes. C’est le ministère du Plan qui est responsable de l’élaboration du Budget spécial d’investissement (BSI). Le cadrage macroéconomique, c’est nous. La situation sociale et l’analyse et la prospection, c’est encore nous. Alors qu’on me dise ce que nous faisons qui ne soit pas de l’économie », s’indigne le syndicaliste. Il estime, dès lors, qu’ils sont aussi éligibles que n’importe qui d’autre à ce Bénéfice du fonds d’intéressement commun (BFIC) sur lequel est prélevée cette prime de la discorde.
Ces propos sont corroborés par Mme Lalla Diarra, une autre responsable syndicale. « Les agents du ministère de l’Economie et des Finances ne sont pas plus sollicités que nous en matière de politique macroéconomique de notre pays. Nous sommes une cheville ouvrière comme n’importe quel autre travailleur en charge de l’économie de ce pays », argumente notre interlocutrice. Selon elle, la situation est aussi révoltante que saugrenue. « La décision de révocation des travailleurs intervient lorsque le directeur des ressources humaines était déjà relevé de ses fonctions. Alors sur quelle base juridique se fonde-t-on pour recevoir d’un ex-responsable, une décision d’une telle ampleur ? », s’interroge Mme Lalla Diarra en regrettant le silence de mur auquel ils se sont heurtés à chaque tentative de conciliation avec le ministère de l’Economie et des Finances.
Au département de l’Economie et des Finances, le ton est à l’apaisement et on réfute toute idée de mépris envers quiconque. Jusqu’ici les portes du département ont été ouvertes et le dialogue a toujours prévalu dans les démarches entre le département et les travailleurs du Plan pour résoudre le problème, jure un responsable des Finances.
Alors pourquoi maintenant, puisque le problème de prime ne se posait pas jusqu’ici ? Les responsables syndicaux du plan brandissent cette question et attendent une réponse convaincante qui ne vient pas.
A l’évidence, une mise au point s’impose qui permettra de définir clairement le rôle, la place et les droits des uns et des autres. Il faudra certainement une relecture du cadre légal régissant les avantages en matière de prise en charge et de traitement du personnel des deux départements. En attendant, les agents du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population refusent d’endosser le manteau de la chauve-souris, en ballotage entre le statisticien et l’économiste, avec des obligations très générales et des avantages très discriminés.
L. DIARRA
Pour avoir été exclus du champ d’application de la prime de motivation, les travailleurs du Plan installent un sit-in devant l’immeuble, bloquant son accès pendant plusieurs heures
C’est un début de matinée agité qu’ont vécu hier les usagers de l’immeuble qui abrite le ministère de l’Economie et des Finances et celui du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Nombreux sont les responsables de service de ces départements qui ont dû attendre plusieurs heures avant de pouvoir accéder à leur bureau à cause d’un sit-in initié par le comité syndical du ministère du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Les manifestants protestaient contre « leur exclusion du champ d’application d’un arrêté interministériel qui leur conférait jusqu’ici le droit à une prime d’intéressement ». A l’arrivée de notre équipe de reportage, les alentours de l’immeuble étaient bouclés par un important dispositif sécuritaire.
Un dispositif très dissuasif qui, heureusement, n’a pas eu à intervenir malgré une tension et une amertume palpables traduites sur des banderoles peu amènes : « Rendez-nous nos primes », « Non à l’injustice sociale » ou encore « Sans la planification, pas d’économie ». Les commentaires étaient à l’avenant évoquant « un manque manifeste de considération à l’égard de la tutelle et de l’ensemble de son personnel, y compris le ministre ».
Pourquoi cette colère soudaine ? Le secrétaire général du comité syndical du département du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population, Ladji Bamba, s’est attaché à remonter aux sources du différend. C’est en 2004, raconte-t-il, que le secteur de l’économie a connu un réaménagement institutionnel. Le département de l’Economie et des Finances a été scindé en deux entités distinctes. Les secteurs de l’économie, de l’industrie et du commerce ont été regroupés, tandis que la Finance constituait, à elle seule, un ministère.
Ces changements institutionnels ont perduré jusqu’en 2009. C’est à ce moment là que l’économie et les finances se rejoignent à nouveau et que le ministre Sanoussi Touré instruit aux responsables du département d’élaborer un projet de cadre légal de motivation du personnel. Avec les multiples changements institutionnels, les travailleurs se retrouvaient avec deux comités syndicaux. Face à l’importance et à la teneur des instructions du ministre de l’époque, les deux entités fusionnèrent pour travailler ensemble sur le projet de texte. C’est ainsi que la prime de motivation vit le jour. Le texte prend en compte tous les travailleurs des deux secteurs de l’économie et de la planification et jusqu’au premier trimestre de l’année en cours, les primes ont été payées à tous les travailleurs comme de droit.
Mais les déboires des « planificateurs » vont commencer en avril dernier lorsqu’un bordereau du directeur des ressources humaines du ministère de l’Economie et des Finances notifie l’exclusion des travailleurs du département du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population du champ d’application de l’octroi des primes, pour motif qu’ils ne remplissent aucunement les dispositions du texte qui donne droit aux motivations de performance au profit des agents de l’économie. Ce cadre légal stipule que la prime est accordée à des agents de l’économie qui se sont révélés productifs en matière de mobilisation de recettes.
Cet argument n’est pas du goût des travailleurs du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Ladji Bamba ne voit là que pur mépris envers la mission de leur département. « Il n’y a pas de distinction entre nous et les agents du ministère de l’économie en la matière. Nous avons les mêmes missions et nous travaillons ensemble pour les mêmes causes. C’est le ministère du Plan qui est responsable de l’élaboration du Budget spécial d’investissement (BSI). Le cadrage macroéconomique, c’est nous. La situation sociale et l’analyse et la prospection, c’est encore nous. Alors qu’on me dise ce que nous faisons qui ne soit pas de l’économie », s’indigne le syndicaliste. Il estime, dès lors, qu’ils sont aussi éligibles que n’importe qui d’autre à ce Bénéfice du fonds d’intéressement commun (BFIC) sur lequel est prélevée cette prime de la discorde.
Ces propos sont corroborés par Mme Lalla Diarra, une autre responsable syndicale. « Les agents du ministère de l’Economie et des Finances ne sont pas plus sollicités que nous en matière de politique macroéconomique de notre pays. Nous sommes une cheville ouvrière comme n’importe quel autre travailleur en charge de l’économie de ce pays », argumente notre interlocutrice. Selon elle, la situation est aussi révoltante que saugrenue. « La décision de révocation des travailleurs intervient lorsque le directeur des ressources humaines était déjà relevé de ses fonctions. Alors sur quelle base juridique se fonde-t-on pour recevoir d’un ex-responsable, une décision d’une telle ampleur ? », s’interroge Mme Lalla Diarra en regrettant le silence de mur auquel ils se sont heurtés à chaque tentative de conciliation avec le ministère de l’Economie et des Finances.
Au département de l’Economie et des Finances, le ton est à l’apaisement et on réfute toute idée de mépris envers quiconque. Jusqu’ici les portes du département ont été ouvertes et le dialogue a toujours prévalu dans les démarches entre le département et les travailleurs du Plan pour résoudre le problème, jure un responsable des Finances.
Alors pourquoi maintenant, puisque le problème de prime ne se posait pas jusqu’ici ? Les responsables syndicaux du plan brandissent cette question et attendent une réponse convaincante qui ne vient pas.
A l’évidence, une mise au point s’impose qui permettra de définir clairement le rôle, la place et les droits des uns et des autres. Il faudra certainement une relecture du cadre légal régissant les avantages en matière de prise en charge et de traitement du personnel des deux départements. En attendant, les agents du Plan, de l’Aménagement du territoire et de la Population refusent d’endosser le manteau de la chauve-souris, en ballotage entre le statisticien et l’économiste, avec des obligations très générales et des avantages très discriminés.
L. DIARRA
Cette scène inadmissible et irréfléchie, n’honore en aucun cas ses instigateurs. Elle n’est ni plus ni moins qu’un abus syndical et devra être traitée comme telle, avec des sanctions non seulement disciplinaires mais aussi pénales, pour entrave à la liberté du travail.
Nous sommes au Mali, mon frère……
Tu n’as rien compris, relis l’article et ouvre ton esprit…..
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