Conscients du danger de la fraude qui mine le secteur, British Americain Tobacco, en collaboration avec la direction régionale du commerce et de la concurrence (DRCC), le ministère de l’Industrie et du Commerce ainsi que le département en charge de la Sécurité, sont en mission de rafles depuis le 28 juin dernier dans les 6 communes de Bamako, pour mieux combattre le fléau qu’est le commerce illicite du tabac au Mali, notamment les marques Ronson et Montecarlo qui ont envahi le pays depuis le déclanchement de la crise.
L’industrie du tabac, à travers la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali (Sonatam) a fait la fierté du Mali au lendemain de l’indépendance en 1960. Le secteur continue encore de jouer un rôle important dans l’économie du pays, malgré la contrefaçon et le commerce illicite. En 2011, par exemple, l’apport du tabac aux recettes fiscales maliennes a été évalué à plus de 17 milliards de F CFA. Cette contribution au budget national aurait pu dépasser ce chiffre, si le taux de la fraude, qui est estimé entre 28 et 38 % aujourd’hui, était efficacement combattu.
Cette fraude, il faut le dire, provient de l’exportation illicite des cigarettes, notamment des marques Ronson et Montecarlo dans notre pays par des pays frontaliers. Par exemple, la Guinée Conakry, pour les besoins d’approvisionnement de son marché intérieur, s’il faut deux containers de cigarettes, importe plutôt 15 containers par mois. Et cela, sachant que le reste (13 containers) sera exporté en contrebande dans les pays voisins, notamment au Mali. Ce qui cause une énorme perte à l’Etat malien de plus de 3 millions de dollars, soit 17 milliards de F CFA, en termes de taxes fiscales par an.
Ce manque à gagner causé à l’Etat malien, depuis le début de la crise, est dû principalement à la l’exportation illicite guinéenne des marques Montecarlo et Ronson dans notre pays. A l’évidence, les autorités maliennes doivent prendre contact avec leurs homologues guinéennes, surtout que les ressources financières issues de cette contrebande et non perçues par l’Etat malien, servent à financer des activités criminelles comme celles qui étaient en cours dans le Septentrion de notre pays et qui ont conduit à son enlisement.
Les dangers liés à la contrebande des cigarettes
La contrebande est une activité criminelle qui prive le Mali d’importantes ressources fiscales, fragilisant du coup le tissu industriel national. Un autre danger lié au commerce illicite de la cigarette, est le fait qu’il expose les consommateurs à des produits qui ne répondent pas aux normes de qualité. Selon des statistiques, chaque année, plusieurs milliards de francs sont ainsi éludés, qui auraient pu servir à financer d’importants projets pour améliorer les conditions de vie de nos concitoyens.
Il s’agit donc bien d’un crime organisé qui affecte chaque Malienne et chaque Malien. Ce commerce illicite qui constitue depuis quelques années le 2e acteur le plus important du secteur du tabac au Mali, est en passe de devenir le 1er acteur. Il convient en effet de rappeler que près de 38 % des transactions de produits du tabac au Mali sont des transactions illicites.
La nature et l’importance des enjeux exigent donc des actions diligentes qui seront d’autant plus efficaces qu’elles auront été réfléchies et décidées de façon concertée par tous les acteurs importants du secteur.
Les objectifs de l’opération de rafles initiée
La lutte contre le commerce illicite des cigarettes dépasse de loin la capacité d’un seul pays ou d’une seule région. Elle nécessite une coopération internationale pour suivre et démanteler les réseaux de fraude et de contrebande. C’est pour cette raison que les autorités maliennes devraient insister auprès de leurs homologues guinéennes pour accroître leur vigilance quant à la vente illicite des cigarettes.
Ce défi paraît être compris par les sociétés internationales de production et de commercialisation de tabac, du moins par BAT qui, à travers sa représentation dans notre pays, entretient une coopération intense avec les structures chargées de la lutte contre le commerce illégal des cigarettes. Cette collaboration s’est traduite par la signature de protocoles d’accord, avec tous les avantages que chaque partie pourrait en tirer.
Une autre facette de la lutte est l’assainissement du secteur par une meilleure organisation de la filière et un contrôle plus strict de la qualité des cigarettes. L’élaboration en cours de la réglementation portant sur la production, la commercialisation et la consommation du tabac et des produits du tabac, est un témoignage de la volonté des autorités maliennes à faire de leur priorité les questions de santé publique liées au tabac et à préserver le rôle de ce secteur dans l’économie malienne.
A retenir que cette opération de rafles des cigarettes illicites, notamment Montecarlo et Ronson (non autorisées à la vente au Mali), entamée depuis le 28 juin 2013 dans les communes de Bamako, se poursuivra jusqu’en fin décembre à l’intérieur du pays.