Dans un article que nous avons publié, il y a quelques mois, nous attirions l’attention des autorités sur l’existence d’une vive tension en les Saracollés du village Hassi et les Peulhs du hameau Harkounda, dans l’arrondissement de Korerea, à 80 km de Nioro du Sahel. La situation, relative à un lopin de terre entre les deux communautés, a dégénéré, le mercredi 18 août, date à laquelle un groupe d’assaillants peulhs munis de fusils ont attaqué une famille d’agriculteurs venue exploiter une partie de ladite parcelle. La gendarmerie de Nioro a arrêté huit personnes dont trois seront déférés à la maison d’arrêt de la ville.
Depuis plusieurs années, les membres des deux communautés ont porté cette affaire foncière devant le tribunal de première instance de Nioro. Celui-ci a tranché en faveur de la communauté peulh. Un jugement qui sera confirmé par la Cour d’appel de Kayes. Selon les sources, l’affaire a été portée devant la Cour suprême qui n’a pas encore rendu son verdict.
Cependant, la tension est restée vive. Les Saracollés du village de Hassi (environ 80 km de Nioro) ont du mal à accepter qu’ils soient dépossédés de leur parcelle et que celle-ci soit attribuée aux Peulhs, à qui ils soutiennent avoir accordé leur hospitalité en les installant à environ 11 km de leur village. Ainsi, un groupe de Saracollés avait fait le déplacement dans notre rédaction à la veille de la saison des pluies pour attirer l’attention des plus hautes autorités sur un éventuel affrontement intercommunautaire. Ils avaient tout simplement proposé à l’administration une suspension de toute activité agricole et pastorale sur l’espace objet du conflit. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Une fois l’hivernage installé, les ressortissants des deux communautés ont commencé à cultiver, chacun de son côté.
La situation a dégénéré, le mercredi 18 août, lorsque les membres d’une famille de Hassi se sont rendus dans leur champ. Selon un notable de Hassi, ils ont été attaqués par des Peulhs armés de fusils et de gourdins venus de Harkounda. Les enfants et les femmes ayant pris la tangente après les premiers coups de fusils tirés en l’air, c’est le chef de famille, un certain Massao Dembélé, 56 ans, qui est resté sur place avec un de ses neveux. Ce dernier aurait été violemment molesté par les assaillants alors que son père aurait reçu une balle. Il a été admis à l’hôpital de Nioro. Selon les dernières informations, sa vie ne serait plus en danger. Toujours d’après nos sources, les populations Saracollés s’étaient armées pour engager une chasse aux sorcières contre les Peulhs mais nos sources indiquent que c’est le chef de village, Issa Konté, qui s’est opposé à toute riposte. Avec l’appui de quelques uns, il est parvenu à convaincre ces populations que force doit rester à la loi. Informés, les éléments de la gendarmerie de Nioro, laquelle est déjà au parfum de la situation pour être intervenue plusieurs fois, se sont rendus immédiatement sur les lieux pour éviter une riposte des Saracollés de Hassi. Ils ont procédé à l’arrestation de huit personnes parmi les assaillants, sur lesquelles trois ont été déférées à la maison centrale d’arrêt de Nioro du Saleh. Ces informations ont été confirmées par le Commandant de la brigade de gendarmerie de Nioro, Yaya Diallo que nous avons joint hier au téléphone. Pour lui, cette affaire n’a que trop duré entre les deux communautés.
Du coté du ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales, on affirme n’être pas officiellement informé de cette affaire.
A suivre donc.
Youssouf CAMARA