Commune VI : Méli-mélo à Sogoniko

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    Les habitants du quartier s’insurgent contre la machination qui fait tomber leur coopérative dans l’escarcelle d”un commerçant.
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    rnDans ses détails, l’affaire est passablement compliquée puisqu’elle intègre pêle-mêle des signatures douteuses, un commerçant qui passe du statut de locataire à celui de propriétaire, un administrateur au comportement plus que suspect et une population exaspérée par ce qu’elle perçoit comme une arnaque inacceptable. Dan le fond, le problème est plutôt limpide. La coopérative de consommation de Sogoniko, l”une des plus anciennes de la capitale, est aujourd”hui au centre d”une transaction douteuse qui focalise l”attention des habitants du quartier et met ceux-ci sur pied de guerre. Tout laisse croire qu’Amadou Diakité (que nous avons tenté en vain de joindre), un des membres fondateurs de la structure, ait vendu à un riche commerçant de la place tout le patrimoine – parcelles et locaux – de la coopérative. Les autres sociétaires dénoncent la transaction qui, selon les statuts de la coopérative, aurait dû être décidée par une assemblée générale, seule instance à même de statuer sur la liquidation l”organisation.
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    rnPour bien comprendre cette affaire, un court rappel historique ne serait pas inutile. La coopérative de consommation de Sogoniko a été initiée au début des années 1970 par Sinko Coulibaly, un inspecteur général de physique-chimie, aujourd’hui à la retraite. Son ambition d’alors était de réduire les difficultés d”approvisionnement des populations du quartier. Deux ans plus tard, l”initiateur obtint des autorités communales du District un lopin de terre pour le compte et les besoins de la coopérative. Cette dernière entama alors ses années fastes, atteignant un niveau de prospérité dont les plus anciens se souviennent encore avec émotion aujourd’hui. Sur ses fonds propres, la structure s”offrira même le luxe de construire trois salles qui serviront de foyer pour les jeunes du quartier.
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    rnMISE EN BAIL :
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    Puis le vent tourna. Avec l”avènement du Programme de restructuration du marché céréalier (PRMC) et la libéralisation du commerce des grains, la coopérative vit ses activités péricliter. Incapable de s’adapter à la mutation en cours, elle éprouvait d”énormes difficultés pour faire face à la concurrence des marchands privés. On en arriva au point où il était moins cher pour le consommateur d’acquérir des céréales chez le petit revendeur du coin qu’à la coopérative. Les coopérateurs finirent par comprendre qu’ils ne pouvaient plus accompagner la nouvelle donne et ils décidèrent de diriger leur structure sur des activités plus rentables. C”est ainsi qu”ils convinrent de mettre en bail les magasins de la coopérative. Les frais de location devaient être versés dans un compte ouvert dans une banque de la place. Au départ, le locataire – un commerçant – s”acquittait d’une somme mensuelle de 25.000 francs. Aujourd”hui, ce montant atteint les 100.000 Fcfa.
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    rnLes choses se déroulaient sans le moindre problème jusqu”au milieu de l”année dernière. Un jour, le commerçant vint voir Sinko pour lui dire qu’une partie du terrain sur lequel était bâtie la coopérative lui revenait de droit. Il étayait ses prétentions par une lettre d”attribution signée du maire délégué de District de Bamako et datée de l”année 1977. La lettre spécifiait que le lot n° AU 1 revenait au détenteur du document et le lot n AU 3 à la coopérative de consommation. Or, la coopérative a été bâtie à cheval sur les deux lots. D’emblée, les sociétaires de la structure exprimèrent de très forts doutes sur l”authenticité du document. Ils firent notamment remarquer est qu”en 1977 Bamako n”était pas encore érigée en District. Le détenteur de la lettre n’eut cure de ces observations et se cramponna à ce qu’il appelait le respect de ses droits. Pour faire bonne mesure, il rappela que les copies des documents qu”il détenait avaient été validés (la signature faisant foi) par l”actuel maire de la Commune VI, présentement en séjour privé en Arabie saoudite.
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    rnDimanche dernier, pour débrider une plaie qui empoisonnait la vie de tout le quartier, Sinko Coulibaly convoqua une assemblée générale à laquelle prirent également part Saoudatou Demblélé, Bouba Traoré et Kalifa Doumbia, trois élus de la Commune. La rencontre permit de tout remettre à plat et les recoupements faits à cette occasion désignèrent expressément Amadou Diakité, secrétaire administratif de la coopérative comme l”auteur présumé d‘une transaction douteuse avec le commerçant, transaction qui aurait été ensuite maquillée grâce à la confection de faux documents.
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    rnCertains se rappelèrent que le suspect avait conditionné d’avance une bonne partie des membres de la coopérative en les informant il y a quelque temps que tous les documents de la coopérative avaient été consumés dans un incendie qui se serait produit à son domicile. Mais ce qui constitua la goutte qui fit déborder le vase et mit dans une violente colère les participants de l’assemblée, ce fut l’information selon laquelle Amadou Diakité avait intenté une action en justice contre Sinko Coulibaly.
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    rnS’étant enquis des dimensions que prenait l’affaire, le procureur près le tribunal de première instance de la Commune VI a ouvert une information judiciaire pour entendre les différents protagonistes. L”action a commencé au commissariat du 7è Arrondissement. Et le dossier y suit encore son cours en attendant le retour de La Mecque du maire Souleymane Dagnon à qui les sociétaires de la coopérative veulent demander ce qui l’a incité à légaliser des documents pour le moins discutables et se rapportant à un bien communautaire.
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    rnLa tension était montée à un tel point dans le quartier que certains n’avaient pas hésité à préconiser un passage à la "manière forte", c”est-à-dire une action d’intimidation du commerçant ou une marche sur la mairie. Mais les anciens ont fait prévaloir leur sagesse. Ils ont persuadé la jeunesse du quartier de laisser la justice suivre son cours. En attendant, les populations du quartier se proposent d’interpeller Amadou Diakité et de lui demander des comptes sur la gestion des frais de location durant les 11 dernières années.
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    rnLes trois députés à l”Assemblée nationale présents à l”A.G. ont souhaité eux aussi que les jeunes et les populations du quartier gardent leur calme et laissent la justice poursuivre son enquête. Ils ont aussi promis de s
    ”investir pour que les populations récupèrent leur coopérative et ses biens immobiliers. Voilà donc une affaire à suivre.
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    rnG. A. DICKO
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