Auteur présumés de plusieurs vols à Kalabancoro, commune périphérique de Bamako, Mohamed Baba Coulibaly ou Baba Coulibaly selon les circonstances, 40 ans, serait un multirécidiviste. Arrêté par la police à deux reprises pour flagrant délit de vol, et visé par plusieurs plaintes, le tribunal de la Commune V décide de sa libération le 30 juillet dernier.
–Maliweb.net- Paul (un nom d’emprunt) est une des victimes du présumé voleur. Il se souvient encore comme si c’était hier. Le 4 avril 2019, à 4h du matin, son téléviseur, une moto, une tablette, un téléphone et une somme de 45 000 francs ont disparu dans son appartement, situé à Tiébani, dans la commune rurale de Kalabancoro, quartier périphérique de Bamako. La porte de son salon, qu’il avait verrouillée et emporté la clé dans sa chambre à coucher, était entrebâillée.
Saisie de l’affaire, la police de Kalabancoro a reçu à mettre la main le même jour sur un certain Mohamed Baba Coulibaly, 40 ans, géo-localisé grâce au téléphone volé. Hormis la moto, le téléviseur et les autres objets, se trouvaient en sa possession. Ayant reconnu les faits, il a été ensuite déféré et placé sous mandat de dépôt au tribunal de la commune V. Mais un mois après, Paul apprend la désagréable surprise : une demande de mise en liberté provisoire permet au sieur Coulibaly de recouvrer la liberté. Cela malgré son refus.
La récidive
Le 24 juin, M. Coulibaly a cambriolé la maison Amadou Diarra, comptable à la préfecture de Kati, sise à Kabala. La porte de son salon est brisée nuitamment, un téléviseur 62 pouces, une moto et un petit réfrigérateur sont emportés. Le modus operandi est le même que celui du 4 avril 2019.
Toute chose qui a mis la puce à l’oreille du commissariat. Les forces de sécurités sont d’autant plus convaincues que Baba a été libéré. « C’est le mode opératoire qui a fait converger nos soupçons vers lui », indique une source policière.
Le 23 juillet 2019, soit un mois après, un autre cas de vol est signalé à la police. Le téléviseur, l’ordinateur de I. Dolo, enseignant à la retraite, ont été volés dans la nuit du 22 au 23 juillet 2019, à Kalabancoro Adeken. Un vol qui renforce les soupçons du commissariat.
Les forces de l’ordre se remettent activement à ses trousses. Quelques jours plus tard, ils découvrent un magasin de vente à Kalabancoro Kouloubleni dont la propriété est attribuée à Baba. « Il y avait un magasin annexe. On croyait qu’il appartenait à quelqu’un d’autre, mais c’est là où il cache ces butins avant de les céder au receleur, raconte une source policière. Nous nous sommes déguisés en agent d’impôt pour venir fermer le magasin en disant à sa fille de demander à son père de venir. A son arrivée, il a voulu fuir quand il a reconnu un agent mais on l’a arrêté. »
Il a été déféré à nouveau, le mardi 30 juillet sous le PV n°0164 en date du 29 juillet. A la surprise générale des victimes, Baba Coulibaly (pour le vol du 4 avril, il a dit qu’il s’appelait Mohamed Baba Coulibaly) est libéré le lendemain 31 juillet par le substitut du procureur, M Maïga, sans en informé aucune victime. Cela malgré deux plaignants à charge, et les objets de la première victime, le tout mentionné dans la procédure.
Très furieux, Amadou Diarra affirme avoir demandé au Substitut du Procureur Maïga les éléments juridiques sur lesquels il s’est basé pour élargir le prévenu. Une question que M. Maïga n’a pas répondue, selon la victime. M. Diarra indique tout de même avoir retrouvé tous ses objets sauf sa moto.
Le présumé voleur est libéré le lendemain
Contacté au téléphone le lundi 5 juillet, le juge M. Maïga affirme ne pas connaitre Mohamed Baba Coulibaly mais plutôt Baba Coulibaly. « Il m’a été présenté il y a eu quatre jours », a-t-il indiqué. Sans le nier, il dit ignorer une précédente affaire le concernant. « Mais c’est possible. Vous savez, nous sommes confrontés à un manque de base de données dans les Tribunaux », a-t-il raconté.
Sur les raisons de sa libération, M. Maïga affirme avoir en des éléments qui l’autorisent à élargir le sieur Coulibaly. Il nous a pour cela invité le lendemain au Tribunal afin de donner plus de détails. Arrivé au palais de justice, M. Maïga nous a indiqué qu’il n’est plus en charge du dossier. « J’ai été muté (NDLR il a été affecté au Tribunal de Kati à la faveur des récentes mutations des magistrats). Je suis en entrain de faire la passation comme ça. Je vous demande de vous adresser au parquet », a-t-il dit.
Ce qui est sûre, à Kalabancoro, beaucoup de victimes se disent déçus et dénoncent le laxisme du tribunal de la commune V.
Abdrahamane Sissoko/Maliweb.net