Commune rurale du Mandé : Le torchon brûle entre le maire et son 3ème adjoint

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    La gestion du marché de Ouézzindougou a mis le feu aux poudres entre  le maire de la commune rurale du Mandé,  M. Mamourou Balla Keita et la population de cette localité. Le 3ème adjoint au maire, Amara Diallo, de quelques conseillers municipaux et de la Coordination des chefs de village du secteur de Ouézzindougou ont pris le parti des populations du village. Le bilan de gestion du maire est  passé au crible et remis en cause. Aussi, depuis quelques temps, les deux parties sont à couteaux tirés. Pour plus de précision, nous avons approché le 3ème adjoint au maire, trois conseillers du chef de village de Ouézzindougou et le 1er adjoint au maire, M. Bernard Dakouo, représentant le maire empêché pour cause du décès de sa mère. Pour la circonstance, le Journal lui présente toutes ses condoléances.

    Faut-il d’abord rappeler que la décentralisation a pour vocation d’impliquer fortement la population dans les questions touchant son existence à travers les élus qu’elle élit elle-même et censés agir pour son progrès à travers des initiatives locales. Elle a pour objectif de créer dans l’esprit du malien la certitude d’être le maître de son destin à travers ses actions dans les différents domaines de son cadre de vie (éducation, santé, hygiène, culture, sécurité,…). Elle est ainsi mue par cette ambition de faire exercer le pouvoir par le peuple à travers ses élus de proximité.

    Malheureusement, force est de constater que cette reforme et cet espoir sont loin de se traduire en retombées positives quant à la qualité de vie des millions de maliens en droit de s’attendre à un mieux être. Beaucoup de facteurs expliquent cela. Parmi ceux-ci, un plus que les autres, en l’occurrence les rapports entre les gouvernants et les gouvernés. Ainsi, dans la plupart des collectivités locales, les gouvernants et les gouvernés sont loin de former ce couple gagnant – gagnant que la décentralisation a voulu constituer. Les deux partenaires supposés sont loin de se faire confiance, ils sont loin de partager les mêmes idées, leurs programmes, leurs ambitions, leurs soucis. Ils sont loin de partager les responsabilités. Ils sont loin de s’écouter et de travailler ensemble. Ils sont loin de profiter chacun de l’initiative de l’autre. Les uns décident comme ils l’entendent, souvent dans leur seul intérêt. Les autres agissent à leur guise, toujours dans leurs seuls intérêts. Un mur d’incompréhension et de défiance se crée ainsi là où devait exister un axe de collaboration et une marche commune vers le progrès et la prospérité.

    En effet, cette triste réalité du processus de notre décentralisation colle parfaitement à la commune rurale du Mandé avec cette mésentente entre le maire et la population de Ouézzindougou. Dans tous les cas, les reproches mutuels en disent long.

    Que reproche-t-on au maire ?

    A en croire Amara Diallo, le maire, depuis son installation à la tête de la municipalité, n’a posé aucun acte qui va dans le sens du développement de la commune. Cela est d’autant plus réel que la commune ne dispose à l’heure actuelle d’aucun Programme de Développement Social, Economique et Culturel. Pire, s’indigne-t-il, la commune continue d’accuser des situations économiques désespérées à cause de la mauvaise gestion du maire. Pour preuve, poursuit-il, personne ne sait l’utilisation qui est faite de la subvention (environ 9 millions de Fcfa) que l’ANICT a accordé à notre commune. « On nous fait croire que cet argent a servi à créer un cyber café municipal. Or, l’endroit auquel il est fait référence ne comprend que quelques ordinateurs installés dans un immeuble appartenant au  maire lui-même et sans connexion internet. Personne ne sait également comment s’est fait la passation de marché public concernant la construction des salles de classes financées par l’ANICT… ».

    Tous les chantiers qui sont présentement en cours dans le village de Ouézzindougou à savoir la clôture du centre de santé, la construction de trois salles de classes, la construction du foyer des jeunes, a fait savoir M.Diallo, sont en train d’être réalisés sur fond propre du village. Sans oublier les travaux d’aménagement des routes stratégiques effectués par les villageois eux-mêmes.

    « Parce que j’ai dénoncé certaines situations qui freinent le développement de la commune, le maire a arbitrairement pris un arrêté sans motif valable pour me retirer mes attributions. Je tiens à rappeler que j’avais les attributions suivantes : Etat civil et recensements ; Affaires éducatives, sociales, culturelles, sanitaires et sportives. J’ai d’ailleurs introduit auprès du tribunal administratif de Bamako une requête aux fins d’annulation de cet arrêté pour excès de pouvoirs » a martelé le 3ème adjoint au maire, M. Amara Diallo.

    De l’autre côté, la Coordination des Chefs de village du secteur de Ouézzindougou ont juré de ne pas cautionné la gestion foncière du marché avec un maire qui, selon eux, ne respecte pas les notabilités villageoises.

    Le démenti du 1er adjoint au maire

    A toutes ces allégations, le 1er adjoint au maire, M. Bernard Dakouo, a apporté un démenti.

    Si l’arrêté du maire est dépourvu de tout motif, le 1er adjoint au maire dira tout de même que le retrait des attributions du 3ème adjoint, M. Amara Diallo s’explique par le fait que ce dernier n’a pu exécuter convenablement les tâches qui lui étaient confiées. « Amara a fait de la gestion de l’Etat civil la pire chose que l’on ne pouvait  imaginer. On peut citer entre autres : la signature à blanc des volets d’acte de naissance, la célébration de 124 mariages sans quittances, le non respect des procédures pour la délivrance des carnets de famille, la gestion illégale du marché de Ouézzindougou,… » s’indigne M.Dakouo.

    Contrairement à la vision de M.Diallo, Bernard Dakouo soutient lui que le développement d’une commune passe d’abord par une bonne gestion de l’Etat civil, seul document qui permet sans nul doute aux autorités communales de contrôler le nombre de contribuables. Le recensement des contribuables permet le recouvrement des impôts qui servent à réaliser les projets dans la commune. Parmi ces instruments de collecte de fonds, poursuit M.Dakouo, le marché est un équipement collectif incontournable dont les taxes alimentent les caisses de la commune. Et le 1er adjoint au maire d’ajouter que le marché est un bien de la Commune et ne saurait être la propriété du seul village de Ouézzindougou.

    Par rapport à la gestion de la subvention de l’ANICT (9millions 800.000 FCFA), Bernard indiquera que l’argent a bien Servi à la création d’un cyber café municipal et que, en son temps, M. Amara  a été associé à l’idée et a même activement à la participé à la réalisation du projet.

    « Je maintiens que notre Commune dispose belle et bien d’un Programme de Développement Social, Economique et culturel et ceci est vérifiable auprès du Secrétaire Général de la Commune» martèle-t-il rassurant.

    En ce qui concerne le marché, le maire et son 1er adjoint sont catégoriques « pas question de laisser la gestion du marché entre les mains de qui que soit autre que la Commune du Mandé ».

    Dans nos prochaines éditions, nous espérons pouvoir aborder la question controversée de la gestion foncière de la Commune. Ici, nous nous sommes contentés de mettre l’accent sur les griefs de M. Amara Diallo contre le maire, Mamourou Balla Keita et les démentis de du 1er adjoint aux griefs portés contre le maire.

    En attendant, nous formulons pour notre part le vœu de voir les autorités communales du Mandé et la population à marcher main dans la main conformément à l’esprit de la décentralisation.

    Affaire à suivre !

     

    Affaire à suivre !

    Moussa Touré

     

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