La Cour a statué sur l’affaire Oumar Diallo et autres accusés d’assassinat, incendie volontaire, coups et blessures volontaires, dommages à la propriété mobilière et complicité. D’un côté, des accusés ont été acquittés et de l’autre on note des cas de condamnation à des peines de 5 ans à 20 ans de réclusion. La Cour était présidée par Sidi Keïta, avec l’assistance des conseillers Doumoukéné Léon Niangaly et Boubacar Touré, juge de siège à Ségou ainsi que des assesseurs. Le banc du Ministère public était occupé par Idrissa Arizo Maïga, avocat général près la Cour d’Appel de Bamako. L’audience s’est déroulée du 10 au 12 septembre 2013 dans la salle de confé du Conseil régional de Ségou.
Querelles de leadership traditionnel
Les faits : il ressort de l’arrêt de renvoi que depuis quelques années les habitants du village de Tondijila vivent en mésintelligence sur le fond des litiges fonciers et de contestation de l’autorité de la chefferie traditionnelle. Ledit village situé à 12 kilomètres de Niéna, chef lieu de la commune et de la sous préfecture, est composé essentiellement de deux quartiers.
L’un est habité par des familles Diallo dont les ancêtres seraient les premiers occupants des lieux et qui se considèrent comme les propriétaires terriens et dépositaires de la chefferie traditionnelle, tandis que l’autre est habité par des familles Sangaré dont les aïeux, venus d’ailleurs, auraient été accueillis et installés par les descendants des Diallo sur leurs terres.
La chefferie du village est exercée par un chef de famille Diallo. Le village est entouré par des villages habités majoritairement par des Diallo ayant des affinités avec les Diallo de Tondjila.
Ces dernières années, les familles Sangaré, ayant connu un essor économique et une croissance démographique considérables, tentèrent d’influer sur la dévolution de la chefferie traditionnelle et de défier l’autorité du chef de village. Ce qui provoqua le courroux des Diallo qui décidèrent de les retirer les terres sur lesquelles ils avaient fait des investissements considérables.
Conflit foncier sans précédent
La mise en œuvre de cette initiative malheureuse entraîna un conflit foncier sans précédant dans la zone se traduisant par des séries de dégâts, de dommages aux cultures et arbres fruitiers plantés et entretenus par les familles Sangaré, ainsi que par des agressions physiques sur certains membres de la communauté Sangaré.
Ces faits ont donné lieu à des poursuites judiciaires qui ont abouti à des condamnations par le Tribunal correctionnel de Sikasso.
Malgré ces condamnations, les deux communautés cohabitent dans un climat délétère que les différentes médiations menées, tant par l’administration que par les autorités judiciaires n’ont pu dissiper.
C’est dans ce contexte tendu que dans la journée du mardi 1er janvier 2013, la dame Nabintou Diarra du quartier des Diallo et la dame Konimba Diallo du quartier des Sangaré s’accrochèrent violemment à la suite d’une dispute. Au cours du duel, Konimba est parvenue à terrasser son adversaire.
En effet, le chef de village du quartier Tondjila et ses frères ont organisé une expédition punitive contre le quartier des Sangaré. Ils envahissent le quartier en saccageant, pillant les biens, incendiant les toitures en pailles des cases et greniers, en portant des coups de bâton, de coupe-coupe et en tirant même des coups de feu sur les habitants du quartier Sangaré qui n’avaient pas eu le temps de fuir.
Un groupe d’assaillants formellement identifiés par les victimes et des témoins des faits s’acharnèrent sur le nommé Siaka Sangaré, en lui portant des coups de bâton et de coupe-coupe pour l’assommer avant de tirer sur lui à bout portant. Ils finiront par brûler son corps avant de rejoindre les autres assaillants chez le chef de village pour manger le repas collectif qui été préparé pour la circonstance.
Après le réquisitoire du Ministère public qui a requis de retenir les accusés dans les liens de l’accusation. La Cour a acquitté Salia Diallo, N’Faly Diallo, Yaya Diallo, Sina Diallo, Madou Diallo, Salia Bakary Diallo, Yacouba Diallo, Yaya Siaka Diallo, Adama Diallo dit Dami et Lassina Bagayoko. Des peines de 5 ans de réclusion ont été prononcées à l’endroit de Yaya Diallo, Bourama Diallo, Zoumana Diallo, Bakary Bamin Diallo, Fousseyni Diallo, Souleymane Konaté et Sidi Sanoko. La Cour a enfin condamné à 20 ans de réclusion Moussa Diallo, Binafou Sanogo, Salia Yaya Diallo, Diakaridia Fousseyni Diallo, Daouda Guediouma Sanogo, Nouhoum Bakary Diallo, Bakèmoko Bakary Diallo et Drissa Sidy Sanogo.
M.Maïga