Le torchon brûle ardemment entre les habitants du village de Hara-Hara situé à 18 km de Diré et leurs responsables administratifs et judiciaires. Cela, depuis l’incarcération, après audition de leur chef de village et ses sept conseillers, au sujet de l’affaire de privatisation de leur canal d’irrigation. Laquelle, est d’ailleurs pendante au niveau de la Cour d’Appel de Mopti.
En guise de solidarité à l’endroit de leur chef de village et ses conseillers écroués à la Maison d’Arrêt de Djiré, plus de 80chefs de famille habitants de Hara-Hara ne se sont pas fait prier pour rallier le chef lieu de cercle de leur circonscription.
Dans la même foulée, l’association des ressortissants de cette localité vivant à Bamako a, par une lettre (dont nous nous sommes procuré une copie) aux Ministres de la justice, de l’administration territoriale et de la sécurité, exprimé leur ras le bol au regard de cette action de leur commandant de brigade et du juge de paix à compétence étendue de Diré.
Dans cette correspondance les ressortissants du village de Hara-Hara , commune rurale de Bourem, Sidi AMAR cercle de DIré, résidant à Bamako affirment : « avoir apprit avec indignation que le chef du village et sept conseillers ont été conduit manu militari à la prison de Diré après une courte audition par le commandant de brigade Mr Batilly Traoré à la gendarmerie de Diré, le préfet Diakité et le juge de paix à compétence étendue Mr Diarra », c’est pourquoi, ils déclarent alerter par cette correspondance « les premiers responsables des départements ministériels ci-dessus cités que cette situation, qui empoisonne les relations humaines de toute la population de la commune, peut dégénérer et dépasser les contours du village et de ses environs immédiats » avant d’ajouter que de leur point de vue « une affaire de gestion intra-communautaire d’un canal appartenant depuis plus d’une décennie à tout le village ne saurait faire l’objet d’une privatisation de fait ».
Dans la même lettre, les résidants de Hara-Hara s’interrogent en ces termes « Comment pourrait on comprendre qu’un dossier en instance à la Cour d’appel de Mopti donne- t- il droit aussi au « super juge » de Diré, non content de l’appel interjeté conformément au droit par les paisibles et malheureuses populations qui n’ont rien à donner à quelqu’un, de s’autosaisir pour emmener les responsables de ces communautés en prison ? ».
En tout état de cause, le moins qu’on puisse dire est que les autorités publiques ont le devoir d’intervenir vite, au risque d’assister à un autre conflit, similaire de celui de Kita, entre les populations et leur administration. Car l’incarcération d’un chef de village est le plus grand affront qu’on peut infliger aux habitants d’une localité, surtout dans un pays historiquement encré comme le nôtre. Affaire à suivre
El Hadj Habib Labass Kéita