Cité Mali Univers de Sotuba : Un projet d’Achcar au centre de la polémique

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    Le gouvernorat du district de Bamako a donné, le 6 mars 2008, son aval à l’industriel Alain Achcar pour la construction d’une usine et des bureaux sur une parcelle à Sotuba. Le projet devant être exécuté sur la parcelle objet du titre foncier N° 524/commune I du district de Bamako est vigoureusement contesté par la population qui crie à la transformation d’une zone à usage d’habitation en une zone industrielle.  

    Dans une correspondance conjointement adressée, le 2 septembre 2010, aux ministères de l’administration territoriale et des collectivités locales, du logement, des affaires foncières et de l’urbanisme, de l’environnement et de l’assainissement, les habitants de la Cité Mali univers, sise au village CAN de Sotuba, font part de leur inquiétude face à la réalisation d’un projet industriel dans la zone. De sources sûres, des émissaires de ces départements ont supervisé le chantier et ont fait part de leur étonnement par rapport à l’installation de ce chantier mais aucune réponse concrète n’a été donnée. Selon nos informations, les habitants envisagent de demander une audience au président de la République pour faire part de leurs inquiétudes face à un projet industriel «qui se trouve au milieu de deux cités résidentielles avec un débordement de la voie publique de 6 mètres». Pour eux, l’infrastructure en chantier obstrue le passage naturel de l’eau, la circulation de l’air et expose 150 familles à des risques d’inondations, de pollutions, de nuisances, etc.      

    L’autorisation du gouvernorat de Bamako relève qu’il s’agit de «la construction d’une usine et de bureaux» et l’industriel Alain Achcar a engagé un bureau d’étude pour l’étude d’impact environnemental concernant un projet «d’entrepôt de l’usine Barika Tigi» sur ladite parcelle. Le projet de construction d’une usine et bureaux s’est donc mué en projet d’implantation d’un entrepôt d’usine. Pourquoi cette mue ? Que cache la manœuvre ? De quelle complicité bénéficie l’industriel pour cette œuvre ? Ce sont autant de questions que se pose la population de la cité Mali Univers qui, il faut le rappeler, avait organisé un sit-in de protestation contre le projet en avril 2009. Pour les habitants de Sotuba, la vocation de cet espace est sans équivoque : une zone d’habitation urbaine et l’implantation d’un édifice industriel quel qu’il soit (usine ou dépôt de substances chimiques) n’est aucunement compatible avec la vocation de la parcelle. Réunis au sein d’une association dénommée association pour le développement et la solidarité entre les habitants de la cité Mali univers de Sotuba (ADSS), ils expliquent que l’espace en question «est issu du morcellement de la parcelle de terrain d’une superficie de 04 hectares 50 ares et 00 centiare, formant les titres fonciers N°008 et 524, cédée par l’Etat malien à la Société Ténémakan Doumbia et frères» dans le cadre de l’organisation de la coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2002. C’est d’ailleurs une des énièmes lettres de l’association, adressées à ces départements, pour demander l’annulation de ce projet initié par la société des détergents du Mali (Sodema) de l’opérateur économique Alain Achcar.                           

    Pourtant, le groupement d’expert pour la recherche en environnement et le développement  (Gered – Sarl) retient dans son rapport de notice d’impact environnemental et social qu’il «n’y a aucune raison écologique majeure actuelle pouvant justifier la non exécution du projet d’implantation de l’entrepôt de l’usine». Pour ce bureau d’étude, les impacts positifs potentiels du projet sont inestimables par rapport aux revers négatifs potentiels. La population accorde donc peu de crédit à ce rapport réalisé en février 2010 où elle note beaucoup d’incohérences dans l’initiative de l’industriel et le bureau d’étude. Sur la forme, les riverains du site du projet indiquent qu’ils n’ont été aucunement consultés dans l’élaboration de cette notice d’impact environnemental et social. Sur le fond, on relève que l’alternative «sans projet» n’a pas été étudiée dans le rapport et les experts n’ont réellement pas étudié les impacts négatifs du projet.

    Seydou Coulibaly

     

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