Mon fils Bakary Diarra, bonjour,
Je t’écris à nouveau et cette fois-ci pour un sujet qui te concerne un peu plus personnellement, et d’une haute importance. Comme tu le sais, j’aime à t’envoyer des lettres. C’est pour que tu puisses les conserver afin de les relire plus tard, voire plusieurs fois, pour en percer le sens profond. Comme disent les autres, «les paroles s’envolent, les écrits restent». La lettre sera un peu longue, mais comme disait ton grand-père : «les plus gros poissons, se trouvent dans les eaux les plus profondes». Prends ton temps et lis-la jusqu’au bout. «On ne fouille pas dans un grand trou, sans trouver une grande chose», disent les anciens.
Bakary, tu es un homme aujourd’hui ; un homme en âge de se marier et fonder une famille. Et à ce stade, le plus difficile n’est pas tant de fonder une famille, mais de savoir avec qui la fonder. Quelle femme tu choisiras pour t’accompagner sur le chemin de ta vie qui te reste à parcourir. Détrompes-toi, mon fils, ce n’est pas chose facile. Car, n’oublies jamais que toutes les femmes peuvent faire des copines, mais toutes ne peuvent pas faire des épouses. Ne bases pas le choix de ta femme sur des fantaisies ; ce n’est pas sa belle gueule qui te rendra plus heureux dans ton ménage. Choisis-la pour sa fierté, son intégrité et son amour-propre. Le respect que ta femme aura pour toi, dépend du respect qu’elle se porte elle-même. C’est sur cette base que la société te respectera. Car, si ta femme ne te respecte pas, il en sera de même pour ton entourage. Mon aïeul disait d’ailleurs que «l’honneur d’un homme, sommeille entre les pieds de sa femme». Regardes ces hommes que les épouses insultent publiquement, quel respect penses-tu que leur entourage leur porte ? “La femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme”, n’oublies pas cette sagesse de chez-nous.
La plus grande partie de l’éducation des enfants est inculquée par leur mère. Puisque le père est rarement présent. Il importe donc de prendre en compte ce que ta dame a dans la tête, avant de te décider à avoir une progéniture avec elle. Une femme qui pense que le meilleur moyen de réussir dans la société actuelle est d’être belle ou bien maquillée, est une femme qui n’a rien compris à la vie. Celle-là s’assimile à un vulgaire objet de décoration. Fais donc attention à ça, car ce qu’elle pense, elle l’inculquera à tes enfants. «Si tu demandes à un chien d’éduquer ton enfant, ne t’étonnes pas de voir ton enfant marcher à quatre pattes», m’a souvent dit ta grand-mère. Ton épouse doit apprendre à tes enfants le sens des efforts et du travail. Notamment à tes filles. La réussite sociale d’une femme, n’est plus d’épouser un homme qui a déjà réussi dans la société. Choisis ta dame aussi pour son aptitude à s’occuper de toi. On ne courtise pas sa future femme comme on courtise une copine. Emmène-la souvent chez toi passer quelques jours, afin de l’évaluer de ce côté. Tu pourras par exemple apprendre si elle sait s’occuper d’un toit, et surtout cuisiner ; c’est primordial.
D’où l’importance de privilégier les rendez-vous à la maison, que dans des restaurants. Un repas concocté par son épouse vaut des millions de fois mieux qu’un plat de restaurant. Là-bas, on ne sait pas qui cuisine, ni comment. Évites une paresseuse obsédée par son enveloppe extérieure, qui passera plus de temps devant un miroir qu’à veiller à la salubrité de son foyer. Pour savoir quel type de bosseuse est une femme, regardes ses ongles. S’ils sont longs et aussi lustrés qu’un meuble du palais présidentiel, dis-toi que celle-là n’a jamais tenu un balai de sa vie. Choisis ton épouse pour ses rapports avec ta famille. N’admets jamais dans ta maison, une femme qui va mettre une barrière entre tes consanguins et toi. La femme, si tu l’as eue en chemin, tu peux la perdre à tout moment. La famille n’a pas de début, la famille n’a pas de fin. Choisis donc une femme au grand cœur. Chez-nous, ce n’est pas deux personnes qui se marient, mais deux familles qui s’unissent. Nos familles là sont parfois insupportables, c’est comme ça. Il est important de savoir si elle sera capable de supporter les caprices de ton vieux père, et peut-être le rejet de ses belles-sœurs… Si dans nos coutumes, lors du mariage la mariée porte une corbeille ou une hotte trouée, ce n’est pas pour rien. Cette corbeille représente son cœur. Elle devra y mettre les vicissitudes du mariage. Et comme il est troué, il ne se remplira jamais. C’est ainsi que ton épouse doit être. Si certains mariages durent, ce n’est pas parce qu’ils ne connaissent pas de difficultés, mais parce quand on a bien choisi son compagnon, on les supporte mieux. Une dame qui plie bagage pour un oui ou pour un non, ne sera que de passage dans ta vie, tôt ou tard. « Une rivière qui déborde à chaque pluie fait fuir les campeurs », disait l’aïeul. Fais la fréquenter ta famille, tes frères et sœurs, afin de voir comment sont leurs relations. Comment elle se comporte, par exemple, lorsqu’une de tes sœurs la regarde de travers…
Observe les gens et les lieux qu’elle fréquente. Ce qui s’imprime dans nos têtes, vient de notre entourage immédiat. Si elle passe sa vie dans les boîtes de nuits et débits de boissons, entourée de fêtardes et de cuisses légères, tu peux à peu près te faire une idée de celle que tu comptes mettre dans ta maison. «Un poisson qui provient d’une eau empoisonnée, n’est pas bon à manger», m’a souvent dit mon grand-père. Elle devra faire de tes problèmes, les siens. Et pas une qui prendra ses jambes à son coup dès que le navire prendra un peu d’eau. Le mariage a des hauts et des bas. Si elle n’est pas capable de traverser toutes les situations avec toi, c’est une opportuniste dont il faudra te débarrasser. A ce propos, ne dit-on pas chez-nous que lorsque tu adoptes un chien, tu adoptes ses puces ? Si elle ne voit que les bons côtés, fuis ! Pour être fixé, fais lui part de temps à autre de certaines de tes difficultés, même quand tu n’en a pas. Juste pour voir sa réaction.
Enfin, choisis-la pour ses ambitions. Ton épouse doit être capable de te pousser vers le haut. Elle doit, non seulement être une incubatrice d’idées, mais un soutien dans tes projets. Savoir te dire quand un projet est bon ou pas… Évites de prendre quelqu’une qui va constituer un fardeau. Qui, lorsque tu feras le bilan de ta vie après quelques années, ne t’auras pas aidé à progresser. Tu devras donc, pendant que vous vous fréquenterez, lui exposer certains plans. De là, tu observeras sa réaction afin de l’évaluer de ce côté. Car vois-tu, on ne construit pas sa vie pour sa femme, on la construit avec elle.
Bref, pour le reste, elle apprendra. Car, le mariage, c’est aussi une école. Ne t’attends donc pas forcément à trouver une femme qui réponde à tous ces critères, mais qui sera apte à s’améliorer. Tiens compte de mes recommandations, mon enfant. Elles ne te garantissent pas une femme parfaite, mais une que tu pourras facilement supporter.
Ton père Seydou Diarra
Source : Le Flambeau
Belle lettre adressée à un fils de chez nous qui compte se marier!
J’attends avec impatience une lettre adressée par un père à sa fille!!!
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