En ce lundi 10 janvier, le soleil matinal jette une lueur sur les Bamakois et leurs activités. Des piétons aux automobilistes, en passant par les motocyclistes, c’est la course à la montre pour faire l’essentiel avant le crépuscule. Au moment où certains montent d’autres descendent sur des routes qui ne causent plus de tracasseries par des secousses grâce à une remarquable amélioration des infrastructures de la capitale. Ce qui fait économiser aujourd’hui, aux propriétaires d’engins à deux ou 4 roues, du temps et de l’argent. Les usagers du transport en commun, Sotrama et taxis, qui font maintenant face à une autre sorte de tracasseries ne doivent dire le contraire. Surtout les Sotrama qui sont les moins chers donc plus populaires.
C’est à moins de 200 mètres du commissariat de police du 9eme arrondissement, à Sébénicoro, que je suis monté dans une Sotrama pour aller à la Place « Vox-Da », au centre-ville de Bamako. J’ai été chanceux d’avoir une place dans la cabine à côté du chauffeur. Je paye 150 Cfa pour le transport contrairement au prix d’un taxi, plus rapide et relativement confortable, qui coûte 1500 Cfa pour le même trajet. Sur cette distance d’une quinzaine de kilomètres parcourable en trois quarts d’heure si l’apprenti et le chauffeur n’arrêtent pas le véhicule à chaque coin de rue pour chercher des passagers, il y a au moins six petits postes de police. À ces postes où l’arrêt n’est pas obligatoire, les policiers n’interpellent les usagers, par des coups de sifflets, que pour des constats d’infraction ou de défectuosité. Dans la Sotrama, les gens causent souvent même sans se connaître sur des sujets d’ordre général. Cette bonne atmosphère est suscitée par le fait que chaque passager entrant salue ceux qu’il trouve à l’intérieur. On s’approchait de la fin de notre trajet sans panne mécanique ou crevaison.
Au niveau du rond-point Bar-Mali, un policier fit retentir deux stridents coups de sifflet en indexant notre chauffeur qui a aussitôt immobilisé son outil de travail au coin de la rue. Il était 10h 24. Le policier s’approche de l’auto et demande au chauffeur le «cahier» c’est-à-dire les pièces administratives de la Sotrama. Le chauffeur les lui donne et demande « qu’est-ce que j’ai fait?». En vérifiant les pièces, l’agent répond « Ton feu de stop ne s’allume pas». «Regarde bien avec mon apprenti mes feux de stop fonctionnent tous», précise-t-il en donnant quelques coups au pédale de frein. Le policier, après avoir constaté l’effectivité des lumières dit au vieux chauffeur « Il y a une défectuosité dans ton clignotant », en allant avec le cahier vers son poste. Avant de sortir de l’auto s’est muni de 2 pièces de 200 fcfa et d’une pièce de 100 fcfa pour aller récupérer son cahier. Son apprenti lui tend la main : « je fais l’échange; donne lui cette pièce de 500 fcfa, on aura besoin de monnaie. »
Après avoir récupéré son cahier, le chauffeur nous laisse entendre : « C’est le policier lui-même qui avait une défectuosité d’argent que j’ai momentanément réglé avec ce jeton de 500 fcfa pour qu’il me laisse en paix au moins pour le reste de cette journée. Dans ce pays, ces policiers détestent que nous nous mettons en règle tous nos papiers pour les empêcher de nous soutirer des pots- de-vin. Ils savent trouver des défauts même à des véhicules neufs. Nous sommes trop emmerdés par ces policiers qui auront toujours raison contre nous devant leur chef. Pour ne perdre ma journée, je dois donner», se résigne ainsi le chauffeur de la Sotrama.
Deux heures de temps plus tard, je suis retourné demander au policier les raisons de son comportement envers le chauffeur. Il m’explique : « Il était en infraction d’une « défectuosité de dispositif lumineux » pour laquelle je pouvais envoyer son véhicule à la fourrière. C’est pourquoi il a trouvé un arrangement » Lequel? Il me donne cette réponse évasive : « C’est mieux pour lui que de discuter pour rien. Eux et nous, on se connaît bien », a-t-il conclu sachant qu’i parle à un homme de média.
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