Les préjugés occupent une grande place dans notre société. Ils commandent notre vie et peuvent être source de bonheur ou de malheur. On n’entreprend rien sans consulter marabout ou géomancien. Ce fait que nous vous relatons concerne un jeune chassé du village par son oncle paternel après le décès de son père.
Notre homme est né des parents pauvres qui n’avaient pas de ressource pour faire face aux besoins de la famille. Le frère de son père (son oncle) bien qu’il avait les moyens, n’en souciait point. Au décès du père, l’oncle n’a pas pris en charge notre enfant. Tous ses camarades d’âge étaient mariés, il est resté célibataire. Personne n’a voulu lui donner sa fille, en préjugeant que quiconque se mariera pour aller dans leur famille ne connaîtra pas le bonheur de la vie.
L’imam du village (comme pour défier les propos de certains), accorda la main de sa fille au jeune homme n’ayant aucun moyen de faire le mariage. Les gens se demandaient s’il perdait sa tête pour sacrifier sa fille. L’homme de Dieu demanda au jeune de quitter le village avec sa femme pour la ville, en vue de chercher les moyens de subsistance. Pour sa part, la mère de la fille donna le frais de transport. Le couple a quitté le village à l’insu de tout le monde. Les commentaires fusent de par tout. Que sont-ils devenus?
Ils arrivent à Bamako où la dame est engagée comme servante et le Monsieur vend des puces et cartes de recharge téléphonique. Dans le quartier, on l’appelle ‘’le Monsieur Puce’’ pour souligner le temps qu’il a passé à vendre ce produit. Cette activité réussit au jeune qui construisit une villa, à la surprise générale. Madame continua son travail de ‘’bonne’’ jusqu’à la naissance de son deuxième enfant. Tout le monde est étonné de ce miracle. Les villageois ayant appris échos, vinrent les voir et en sont étonnés.
Aujourd’hui, l’homme dit à qui veut l’entendre qu’il n’a qu’une seule famille : celle du père de son épouse (son beau père). Il reconnait que sa réussite est due à celui-ci qui fit tout pour lui. «Je lui suis reconnaissant et le serai toute ma vie, car il m’a aidé dans ma traversée du désert», a-t-il martelé à un de ses amis venu le rendre visite chez lui. Actuellement, le couple coule les beaux jours dans un des quartiers de Bamako.
Son exemple prouve à suffisance que certains préjugés sont faux, et qu’ils peuvent empoisonner la vie. Celle-ci est un combat et seuls les courageux gagnent la partie. Monsieur Puce en est une illustration. La société malienne est pleine de ce genre de préjugés qui empêchent beaucoup de personnes d’accomplir leur destin.
Autre exemple, est que chez certaines ethnies la naissance de jumeaux dans la famille suscite beaucoup d’inquiétudes. On fait croire que leur naissance entraîne la mort de l’un des deux parents, pour un équilibre social. Un préjugé qui n’a aucun fondement scientifique. Ainsi va la société malienne.
Hassane Kanambaye