Dans la nuit du 5 avril 2014, aux environs de 4 heures du matin, la résidence de l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, fut l’objet d’une attaque par des individus armés. Les présumés assaillants au nombre de 4, ont comparu le vendredi 16 octobre pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Si au terme des débats, la cour a prononcé 2 condamnations et 2 acquittements, ce procès, fut l’occasion pour nous de constater toute l’approximation dans la conduite des enquêtes au Mali.
En effet, tout au long des débats, la foule venue assister au procès s’est très vite rendue compte que les accusés reconnus coupables, l’ont été sur la base de simples suspicions. A aucun moment, la preuve matérielle de la culpabilité des accusés n’a été brandie à la barre par le ministère public.
Les seuls arguments avancés par les enquêteurs et soutenus à la barre par le ministère public, selon nous, ne devraient pas être reçus par la Cour. Un numéro de téléphone retrouvé sur le corps d’un assaillant abattu par les agents de sécurité du domicile de l’ancien président, a conduit au frère du défunt. Celui-ci est interpellé avec certaines personnes proches du défunt.
Tous les interpellés ont bien évidemment nié les faits. Cependant, ils seront tous placés sous mandat de dépôt, sans preuve évidente. Cette affaire et bien d’autres viennent prouver que nos services d’enquêtes sont à des années- lumière des nouvelles techniques d’enquêtes. La loi est claire : le juge d’instruction et les éléments de la police chargés d’élucider les crimes, sont chargés d’apporter les preuves à charge et à décharge. Même l’aveu ne semble plus être considéré comme une preuve.
Le gouvernement d’une part, est en partie responsable de la situation des innocents qui croupissent en prison. Dans un pays où des milliards FCFA sont détournés par des cadres véreux, quelques milliards pour niveler le niveau des enquêteurs ne doit pas poser problème. D’autre part, les enquêteurs, dans le souci de paraitre performants aux yeux de la hiérarchie, ramassent tout ce qui passe par-là, au moment du crime. Notre police n’est pas aujourd’hui capable d’exploiter le moindre indice sur les lieux d’un crime susceptible de confondre un accusé.
La majeure partie des accusés sont jetés en prison sur la base de suspicions ou de témoignages recueillis après torture. Quant aux juges d’instructions, leur empressement à placer sous mandat de dépôt tout prévenu, atteste de leur mépris du principe qui dit que l’emprisonnement est l’exception, et la liberté le principe. Tout le monde semble avoir pris le train du progrès avec ses méthodes modernes, sauf le système judicaire malien qui reste toujours à quai
K K.
Source Delta-News