“On peut tromper une partie du peuple tout le temps, on peut tromper tout le peuple pendant un temps, mais on ne peut jamais tromper tout le peuple tout le temps”. Cette maxime semble convenir volontiers à la situation qui prévaut aujourd’hui dans la Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali (CAFO).
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Et pour cause : Mme Oumou Touré, qui dirige cette structure depuis sa création, est en passe d’être rattrapée par la façon princière, dite“monarchiste”, de gérer cette institution féminine.
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La Secrétaire Exécutive de la CAFO mesure aujourd’hui à sa juste valeur la véracité de ce proverbe, elle qui, pour assurer ses arriérés en perspective du prochain congrès de la structure qu’elle gère, est passée par des moyens peu orthodoxes pour abattre ses adversaires qui se trouvent au sein même du Bureau Exécutif National.
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Un rubicon qu’il ne fallait pas franchir et que pourtant, Oumou Touré a franchi. Aussi, les conséquences ne se sont pas fait attendre : certaines de ses collègues sont aujourd’hui déterminées à en découdre définitivement avec elle.
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De cette frénésie à l’allure de règlement de compte… de femmes, les “secrets les plus cachés” font surface, et loin du siège de la CAFO, sis à Bolibana. En effet, la majorité des membres du Bureau Exécutif reprochent à Oumou Touré son dessein inavoué de vouloir instrumentaliser la CAFO pour des profits personnels.
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Un sinistre dessein qui ne saurait se matérialiser en présence de ses soeurs qui ne soufflent plus dans la même trompette qu’elle. Aussi, pour les écarter et s’assurer une probable réélection à la tête de la CAFO, Oumou a tout simplement pris sur elle la lourde responsabilité d’autoriser la mise en place des cellules CAFO dans tous les quartiers du District, et à l’insu des autres membres du Bureau Exécutif National.
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Parallèlement, elle refuse de prendre les cotisations de toutes celles qui sont susceptibles de lui damer le pion, lors du prochain renouvellement du Bureau de la CAFO. L’objectif recherché est de les priver de l’un de leurs droits élémentaires : celui d’être électrice et éligible. La suite est connue.
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Les mécontentes ont donc décidé de la livrer à la vindicative populaire, en décidant de rompre le silence sur tous les actes de corruption que Oumou a posés durant son règne.
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De détournement de fonds aux délits d’initiées, en passant par des escroqueries relatifs à des logements sociaux et un terrain attribué à la CAFO par Iba N’Diaye, tout y passe, au point que Oumou Touré s’est vue obligée de faire une sortie médiatique pour se blanchir.
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Malheureusement, elle aurait “raté le coche”, car ses arguments, qualifiés de fallacieux par ses soeurs du Bureau Exécutif, semblent être construits sur du sable mouvant, pour la simple raison qu’ils n’ont aucun fondement juridique pouvant être confrontés à ses affirmations verbales.
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A travers des propos tenus dans “L’Indépendant” du 30 novembre dernier, par rapport à la mise en place des cellules CAFO dans les quartiers, la Secrétaire Exécutive de la CAFO affirme que cela relève d’une recommandation des statuts du dernier congrès de sa structure tenu en septembre 2002.
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Alors question : pourquoi Oumou Touré a-t-elle attendu cinq ans pour appliquer cette disposition statutaire, et non une recommandation comme elle l’a laissé entendre ? Selon la Secrétaire Exécutive, cette disposition s’impose aujourd’hui, par souci de décentraliser la CAFO.
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Est-ce à dire que de 2002 à nos jours, la CAFO n’avait pas besoin de décentralisation ? Durant tout ce temps donc, la promotion du leadership féminin ne figurait pas dans l’agenda de la CAFO ?
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Pour ce qui est du refus de prendre les cotisations de ses adversaires, Oumou Touré n’y voit aucune volonté de privation de droit, puisque, pour elle, toutes ces cotisations refusées ne sont pas payées dans le délai. Ce qui est une première: une structure, une association, une ONG et même une organisation étatique, refuser une cotisation parce, quelle n’est pas payée dans le délai !
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Autant dire que la CAFO est riche, voire très riche, quand on sait que les organisations régionales, sous-régionales, africaines et même mondiales, rappellent sans cesse aux Etats membres de s’acquitter de leurs cotisations.
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En effet, le refus de certains Etats de payer leurs cotisations ne fait-il pas partie des impairs qui ont fait que l’ancien Président, Alpha Oumar Konaré, veut quitter la tête de la commission de l’Union Africaine ?
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Pourtant, malgré cette richesse de la CAFO, Oumou Touré réfute les accusations de détournement de fonds qui pèsent sur elle, et présente la CAFO comme une structure nécessiteuse de tous les temps.
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En témoignent l’évaporation de 500 000 FCFA remis à la CAFO par l’ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani, de 250.000 FCFA remis par l’épouse du Chef de l’Etat, dans le cadre du mois de la Solidarité et de la Lutte contre l’exclusion, ou encore le terrain attribué à la structure par Iba N’Diaye. Là-dessus, Oumou Touré fournit des explications, en plus de s’arroger le titre de défenseuse inlassable de la cause féminine.
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Concernant les 50.000 FCFA du Premier ministre d’alors, la Secrétaire Exécutive de la CAFO dit : “Lors du congrès, les travaux se sont poursuivis tard dans la nuit, j’ai été obligée de payer le courant avec cette somme et régler les factures de téléphone de la CAFO”. Et pour les 250.000 FCFA de Lobbo Traoré, Oumou Touré explique : “Cet argent est parti dans l’achat des chaises, pour équiper la salle de réunion”.
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En ce qui concerne le fameux terrain attribué à la CAFO par Iba N’Diaye, voilà l’usage qu’Oumou en a fait: selon elle, lui a été attribué à titre personnel et non au nom de la CAFO. “Consciente de nos difficultés, j’ai échangé ce terrain pour pouvoir payer les factures de téléphone de la CAFO qui s’élevaient à plus de 500.000 FCFA”. Comme quoi, on téléphone plus à la CAFO que dans n’importe quel autre service étatique et privé.
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Contre quoi la Secrétaire Exécutive de la CAFO a-t-elle échangé le terrain ? Elle ne le dit pas. Toujours est-il que par rapport à ce point, celles qui veulent en découdre avec elle s’insurgent en faux : “Le terrain a bel et bien été attribué à la CAFO par Iba N’Diaye et non à Oumou. Elle a tout simplement dilapidé ce terrain pour profit personnel”.
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Pour se disculper des accusations qui pèsent sur elle, par rapport aux logements sociaux, sa 1ere Secrétaire à la communication, Mme Bouaré Fanta Dienta, en essayant de la défendre, la livre plutôt à la vindicative. En effet, Mme Bouaré affirme que Koulouba n’a jamais donné de logements sociaux à la CAFO. Des propos qui vont en porte-à-faux avec la suite de ses idées.
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“C’est moi-même et certaines femmes qui sommes montées à Koulouba pour rencontrer ATT. J’ai dit personnellement au Président de la République que j’ai postulé deux fois sans succès à l’attribution des logements sociaux. Le Président ATT m’a fait répondre que j’aurais dû l’informer plutôt. Ainsi, nous a -t-il demandé de lui faire parvenir au maximum cinq dossiers. Parmi nous qui étions allées le voir, beaucoup n’avaient pas leurs dossiers prêts. Celles qui avaient leurs dossiers prêts les ont déposés. Résultat : moi-même, j’ai eu une maison, idem pour deux autres femmes qui ne sont mêmes pas membres de la CAFO. A ma connaissance, toutes les femmes qui ont eu un logement social ont postulé comme les citoyens lambda”.
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Comme on le constate, nulle part, ce réquisitoire ne blanchit la secrétaire exécutive: elle confirme plutôt les accusations qui pèsent sur elle. En effet, il aurait pu être intéressant si Mme Bouaré disait à quel titre elle et certaines femmes sont montées à Koulouba. Sont-elles parties à titre personnel ou au nom de la CAFO ? Elle ne le dit pas. C’est donc une première faille dans son réquisitoire.
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Ensuite, elle dit qu’elle-même et deux autres femmes, qui ne sont mêmes pas de la CAFO, ont bénéficié de logement. Ce qui fait en tout trois dossiers. Alors question : Mme Bouaré a-t-elle oui ou non envoyé les cinq dossiers demandés par ATT ? Pourquoi deux femmes, qui ne sont mêmes pas de la CAFO, ont-t-elles pu bénéficier de logements qui devraient normalement revenir aux femmes de la CAFO ? Ni Oumou Touré, ni Mme Bouaré Fanta Dienta n’en donnent une réponse.
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Mais là Mme Bouaré fait fourvoyer, c’est quand elle affirme que toutes les femmes qui ont eu des logements sociaux ont postulé comme tous les citoyens lambda. Aller voir ATT à Koulouba pour demander ses faveurs fait-il donc partie des critères d’attribution de logements sociaux?
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“La CAFO a bel et bien bénéficié des logements sociaux de la part de Koulouba. Oumou et ses complices les ont détournés”, affirme l’une des femmes que la secrétaire Exécutive ne veut plus sentir.
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Ces femmes n’entendent pour autant pas se laisser faire. “Quant Mme Touré Oumou Sidibé nous a parlé du caractère peu orthodoxe de Oumou Touré, nous ne l’avions pas cru . Aujourd’hui , l’histoire lui donne raison. Le voeu de Oumou Touré n’a jamais été de voir les femmes maliennes libérées du joug des pesanteurs sociaux, mais plutôt de vivre sur le sang de ses soeurs. Son temps est fini, mais elle ne veut pas se rendre à l’évidence. Nous allons donc le lui faire savoir en la chassant de la tête de la CAFO”, conclut une interlocutrice.
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Est-ce la fin annoncée du règne pour Oumou Touré ? Tout laisse à le croire, car ce n’est plus une femme, une organisation ou un petit groupe de femmes qui est en rupture avec la secrétaire exécutive de la CAFO, mais une frange importante des membres du Bureau Exécutif National, toutes décidées à la faire descendre de son piédestal.
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Adama S. DIALLO
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