L’affaire qui oppose la Société Badiallo Sarl au Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, renvoyée au 17 décembre prochain, a drainé une foule de villageois jeudi 19 novembre dernier devant le Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako. Et cela, non seulement pour soutenir le Ministre Bathily dans son combat, mais aussi et surtout pour exprimer leurs préoccupations grandissantes au sujet des accaparements illicites de terres dans leur localité.
Les conflits liés à la question foncière au Mali paraissent éternels, eu égard à leur actualité sans cesse renouvelée. En effet, des centaines d’habitants de plus de 10 villages de Kati ont en effet répondu à l’appel des comités de villages qui ont lancé une pétition visant à dénoncer les accaparements illicites de terres dans leur localité suite au bras de fer qui oppose la Société Badiallo Sarl au Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières.
Les ressortissants des villages sont résolus à aller jusqu’au bout du combat qui devrait permettre de débouter la Société Badiallo Sarl qui réclame à l’Etat la coquette somme de 200 milliards F CFA à titre de dommage et intérêt, avec une condamnation en astreinte de 200 000 F CFA par jour. Ainsi, ils ont décidé qu’il était désormais temps de se mettre définitivement en travers du chemin de la Société Badiallo Sarl et d’autres sociétés, qu’ils qualifient de ‘’ profiteurs et de prédateurs foncier’’.
Le jeudi 19 novembre dernier devant le Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako, les représentants des villageois réclamaient des sanctions exemplaires à l’encontre de la Société Badiallo Sarl qui, selon eux, sont des ennemis de l’Etat du Mali. «Nous ne pouvons plus attendre, nous sommes désormais convaincus que cette entreprise est une mauvaise graine qui risque d’encourager les autres prédateurs fonciers à sucer l’Etat jusqu’au dernier centime. C’est maintenant que nous devons les arrêter. Si nous attendons, même avec un succès, il sera trop tard, parce que les choses détruites seront difficilement remises en place. Badiallo ne vaut pas mieux que les autres Maliens», a fait savoir Boubacar Coulibaly, de la délégation de Diago.
En outre, les villageois reprochent en effet à la Société Badiallo Sarl de procéder à des pratiques peu orthodoxes à travers ces renvois. «Ces renvois sont des opportunités pour faire des coups bas. Donc, sortez massivement le 17 décembre prochain pour défendre notre cause. En outre, il n’y aura plus de renvoi car l’audience du 17 décembre prochain est consacrée à un débat de fond», explique Cheickna Koné, Coordinateur de la commune 6 de l’Association pour le Mali (AMP) soutient à IBK.
Près de 11 villages menacés par Badiallo
Le Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako devra rapidement trouver une solution définitive au litige qui oppose la Société Badiallo Sarl au Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières. Près de 11 villages ne dorment plus à cause de Badiallo Sarl. En effet, les villages concernés sont: N’Toubana, Sangarébougou, Diago, N’Golobougou, Koumalé, Sanankoroba, Douba, Tiéné, Siracoro-Niaré, Sitoumou, Solo. Ainsi, pour palier cette situation, les ressortissants des villages concernés interpellent l’Etat. « Nous demandons au chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta et à tous les membres du gouvernement de s’impliquer dans cette affaire afin que la vérité puisse voir le jour. En réalité, c’est trop pour une seule personne d’accaparer tous ces hectares. C’est tout simplement scandaleux que des villages tout entiers soient sur le site de Badiallo. C’est des villages qui existent il y a des milliers d’années. Comment est-ce qu’une personne venue de nulle part puisse réclamer la paternité de ces terres ?», regrette Daouda Coulibaly, de la délégation de N’Toubana Kati. Pour terminer, ils diront qu’ils sont déterminés à soutenir les actions du Ministre Bathily dans son combat de lutte contre les prédateurs fonciers.
Faut-il rappeler qu’en août dernier, l’agence immobilière «Badiallo-Sarl» avait vu certains de ses titres fonciers annulés par la Direction générale des domaines et du cadastre. Cette décision concernait plusieurs parcelles, sur une superficie de 64 ha, 68 a et 88 ca à Sikoulou, et 600 ha à Diago. Soit un total de 664 ha et 88 ca. Pour protester contre l’annulation de ses titres, la Société Badiallo Sarl a introduit une plainte contre le ministère en charge des Domaines de l’Etat devant le Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako en réclamant la somme de 200 milliards F CFA à titre de dommage et intérêt, avec une condamnation en astreinte de 200 000 F CFA par jour. C’est ainsi qu’après 2 renvois de ce dossier, l’audience de fond est prévue pour le 17 décembre prochain.
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Ibrahim M.GUEYE