Le Secrétaire général du comité syndical de la Société Brasserie du Mali (Bramali), Kalilé Sidibé et son trésorier général, Bandiougou Soubounou séjournent à la Maison centrale d’arrêt. Ils sont tous les deux placés sous mandat de dépôt après le dépôt d’un préavis de grève sur la table de la direction de la société.
Le 17 avril dernier, le comité syndical de Bramali a tenu une assemblée générale des travailleurs sanctionnée par un préavis de grève de 72 heures, allant du 5 au 6 mai 2021. Ce préavis de grève comporte des doléances. Il s’agit de la radiation du Directeur des Ressources humaines (DRH), Mamadou Diallo avant le 3 mai 2021, la réintégration d’un agent de Bramali qui a été radié par le même DRH. Celui-ci serait en outre accusé de radiation « injuste et non justifiée » des agents et d’autres actes pas très corrects envers les employés.
Le 21 avril soit quatre jours après le dépôt du préavis de grève, des gendarmes de la Brigade territoriale de Sénou débarquent à l’usine mani militari et essayent d’arrêter le Secrétaire général Sidibé à son lieu de travail. Ses collègues et militants s’interposent farouchement. Les gendarmes finissent par le laisser aller répondre à la convocation à sa propre guise, accompagné par ses camarades syndicalistes.
Arrivé à la gendarmerie, Sidibé a été maintenu et gardé à vue pendant 5 jours. Le 5ème jour, il passe devant le parquet. Le substitut du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune VI, Michel Diassana classe le dossier sans suite. C’est-à-dire abandonne les poursuites déclenchées sous plainte. Il était reproché au Secrétaire général une affaire de faux permis concernant une quarantaine de parcelles.
Selon nos informations relatives à cette histoire de parcelles, l’usine Bramali a négocié des lots pour ses agents moyennant le paiement mensuel d’une somme d’argent amputable sur les salaires, sur une période de deux ans. Le contrat est passé sous acte notarié avec le cabinet (DMS-Topo) du géomètre Mamadou Diallo. Pour un départ, le géomètre avait mis à la disposition du Secrétaire général 100 parcelles avec des permis d’occuper. Et dans la vérification, il s’est trouvé que 40 permis d’occuper étaient soupçonnés d’être faux. Ce qui a poussé le Secrétaire général à porter plainte contre le géomètre en question, selon notre interlocuteur. Le géomètre est resté introuvable jusqu’au déclenchement de cette affaire. Le procureur n’ayant décelé aucune culpabilité les libéra.
Quelques jours après leur relaxe par le procureur, Kalilé Sidibé et son trésorier général Bandiougou Soubounou sont de nouveau interpelés. Cette fois-ci, par un juge d’instruction qui a décerné un mandat de dépôt contre eux.
La plupart des agents dénoncent un complot contre leur Secrétaire général. Ils pensent que le DRH, Mamadou Diallo qui est ciblé de radiation par le préavis de grève, serait l’auteur de cette machination judiciaire. A les en croire, il y a 5 agents qui ont été manipulés pour déposer ces prétendues plaintes. « La vérification des 40 permis sont en cours. Ils sont juste soupçonnés pour le moment. Et ce qui est sûr, notre Segal n’en est pour rien », certifie un d’entre eux.
Un avocat explique qu’il serait difficile de prouver une quelque complicité dans la situation. « Je ne vois aucune complicité ni active ni passive », explique l’avocat lorsqu’il a pris connaissance du dossier. « Un juge doit instruire à charge et aussi à décharge. Il ne doit pas seulement instruire à charge. Ce n’est pas son rôle », pour dire que l’enquête doit chercher à voir la culpabilité chez un présumé ou prévenu et en même temps voir s’il est innocent.
D’une part, des avocats seraient constitués pour défendre le Segal et son trésorier. D’autre part, Yacouba Katilé Secrétaire général de la Centrale syndicale UNTM serait au courant du dossier. Les travailleurs de Bramali tiennent à leur mot d’ordre de grève. Si le 3 mai (hier lundi), Mamadou Diallo, le DRH restait toujours à son poste, les agents menacent d’entamer une grève de 72 heures à partir de demain et d’autres actes seraient envisagés jusqu’à la satisfaction entière de leurs doléances.
Koureichy Cissé