Bounoubougoula (Ségou) : Mort pour un verre de thé !

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    Les drames en milieu paysan sont bien particuliers et les motifs ne sont pas toujours compris par les citadins.Un cas typique s’est déroulé à Bounoubougoula, dans la région de Ségou.

    Le 10 Aout 2010, après une journée de labeur au champ, Abdoulaye Yoro Traoré, âgé de 20 ans, et son copain Oumar Coulibaly, 23 ans, se retrouvèrent au village vers le crépuscule. Très heureux d’avoir bien rempli leur journée, ils se donnèrent rendez vous pour une partie de thé dans la famille Coulibaly. Autour de la théière dont le doux parfum en enivrait plus d’un, ils causèrent de la bonne récolte qui s’annonce cette année. Parmi eux se trouvait Lanséni, frère de leur ami Oumar Coulibaly. Le sommeil commença à s’emparer d’eux petit à petit. A zéro heure, la théière était seule à résister au silence, posée le fourneau.

    Abdoulaye Yoro, se tournant et se retournant dans son sommeil, heurta la théière qui se renversa sur le sol. Un geste qui énerva Lanséni qui, se réveillant au sursaut, se jeta sur Abdoulaye. Malgré la promesse de ce dernier de rembourser le prix du thé renversé, une bagarre éclate.Dans le tohu-bohu, la famille Coulibaly se réveille et intervint pour calmer les ardeurs. On pouvait considère l’incident comme clos, mais c’était sans compter avec la détermination des belligérants.

    Le lendemain, s’étant retrouvés aux champs, la fraîche rancœur jaillit aussitôt des deux jeunes gens et les met à nouveau aux prises.Des amis intervinrent pour les séparer; Abdoulaye Yoro en profite pour sortir un coupe-coupe qu’il lança instantanément sur la figure de Lanséni. Ce dernier, dans un réflexe, tente d’esquiver l’attaque mais le coup l’atteint au poignet. Fou d’orgueil, Lanséni sort à son tour un couteau et transperce la poitrine de son adversaire.

    Le pauvre Abdaoulaye Yoro, blessé à mort, est transporté à l’hôpital où il rend l’âme en cours de route, entre Bounoubougoula et Konondimini.Mort rien que pour un verre de thé! La mort en soi n’est pas choquante, mais la façon dont elle survient peut bien l’être…


    Tenenkou (MOPTI) :  Elle brûle sa coépouse !

    Située dans le Delta intérieur du Niger, Tenenkou est une ville cosmopolite où cohabitent diverses ethnies. On y retrouve notamment des peulhs, des Bozos, des Bellah, des Bamanan. La vie y est prospère var la vaste plaine allant de Tiayawal à Mayatake demeure le creuset d’une agriculture et d’une pêche florissantes. C’est justement dans cette zone, en face Mayataké, que se situe le village de Néné-M’Be.

    Bourgade située aux abords de la rive du Diaka (affluent du fleuve Niger), Néné-M’Be est la capitale du poisson d’eau douce et est peuplée en majeure partie de Bozos pêcheurs. La cohabitation avec les autres populations est d’habitude sans problèmes. Ne dit-on pas que les villages bozos constituent un jardin d’Eden du fait l’hospitalité de ces paisibles pêcheurs ?

    Mais à Néné-MBe vivait un jeune pêcheur nommé Ousmane Dienta qui, dès son jeune âge, est devenu pêcheur. Gagnant bien sa vie, il n’eut aucune peine à conquérir la jeune et belle Aminata Dienta. Après quelques années de mariage etplusieurs enfants au bilan, Ousmane commença à trouver la vie trop monotone et le temps trop long. Travail – bouffe- lit: cela ne lui disait plus grand-chose. Il trouva une solution à son splean: il prit une nouvelle épouse du nom de Fanta Karabenta, originaire de la localité.

    Pendant la période des hautes ou des basses eaux, les bras valides du village se déplacent vers les nids poissons, ne laissant au village que les vieillards et les enfants. Les petits hameaux qu’ils installent alors au bord du fleuve sont distancés de quelques kilomètres afin que chaque opêcheur ait un espace suffisant pour traquer la carpe et le silure. Dans un hameau du genre, l’on peut abattre quelqu’un sans que les voisins s’en aperçoivent. Or dans la famille d’Ousmane Dienta, malgré le fait qu’on fasse bombance, l’entente ne règne pas : boutades, injures, querelles intempestives étaient le lot quotidien de cette humble famille du fait de la rivalité sauvage entre les deux coépouses Aminata et Fanta.

    Le 28 Août, alors qu’Ousmane s’est rendu la nuit au fleuve pour pêcher, ses deux femmes sont sasies par le diable. Après une chaude dispute, elles en viennent aux mains. Personne n’est là pour s’interposer. Fanta voit une hache déposée non loin d’elle. Elle s’en saisit puis, d’un coup, fend en deux la tête de sa coépouse. La terre se couvre de sang. La pauvre Aminata, première épouse d’Ousmane, rend l’âme de manière atroce.

    Et Fanta ? Elle veut sauver les meubles, masquer le crime. La meilleure idée qui lui vient, c’est de simuler un incendie. Elle traîne alors Aminata dans sa hutte et y met le feu à l’aide d’un pot de pétrole et d’une allumette. Les voisins des autres hameaux accourent à ses cris et parviennent à éteindre le feu. Ils découvrent sous les cendres Aminata, le corps partiellement brûlé mais la tête affreusement fendue en deux!

    Le cadavre est extrait. Alertée, la gendarmerie de Tenenkou arrive pour le constat. Les faits crèvent l’œil même pour un gendarme qui n’a jamais procédé à une enquête. Interrogée, Fanta craque et avoue son forfait. Elle est embarquée par les agents qui, jusqu’à présent, la gardent sous la main.

    Par Abdoulaye Guindo

     

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