Mamadou Yattara, un boutiquier âgé de 32 ans, résidant au Quartier-Mali, a été opéré suite à des blessures par balle aux deux jambes au cours d’échauffourées entre les jeunes du quartier et les forces de sécurité suite à un incident social. Pris en charge par ses propres soins et avec l’aide de ses parents et aujourd’hui en convalescence, la victime pointe du doigt les éléments du commissariat du 4ème arrondissement.
Les faits, tels que narrés par la victime (que nous avons rencontrée sur son lit de convalescence à domicile), sont les suivants. Ils remontent au dimanche 10 juillet 2016, lors d’un regrettable malentendu entre une dame (qui accueillait dans sa concession pour les sacrifices d’un parent décédé) et les jeunes du secteur pour une histoire de terrain de football (que des gens occupaient toujours bien avant l’heure des entraînements). Après de chaudes altercations entre les protagonistes, la dame (dont nous taisons le nom) fait appel à des loubards de la rive gauche pour infliger une correction aux jeunes récalcitrants.
Arrivés en grande pompe et bien armés, les loubards apostrophent les jeunes, qui, à leur tour, montrent leurs muscles. La bagarre éclate, le sang coule.
Informé à temps, le commissariat du 4ème arrondissement dépêche un détachement de policiers sur les lieux appuyé par les éléments du 7è, 11è et 15è Arrondissements et le BAC. Une fois sur place, certains éléments se positionnent tout autour du domicile de la dame. Après avoir gazé tout le secteur à bord de quelques pick-up, les policiers se sont mis à fouiller dans tous les alentours du secteur et appréhendent une dizaine de jeunes.
Arrivée au niveau de Pmu centrale où se trouve la boutique de Mamadou Yattara, qui observait la scène, les policiers se mettent à tirer dans toutes les directions. Et c’est là que le jeune Yattara se retrouve brusquement au sol.
«Je les voyais tirer dans la ruelle sans calcul […]. Je n’avais pas encore réalisé que j’étais touché par les balles. Ensuite, ils se sont rapprochés de moi pour m’ordonner de rester couché », affirme la victime.
Après le départ des policiers, le propriétaire de la maison, Bouyé Berthé, accompagna la victime à l’hôpital Gabriel Touré, à bord d’une ambulance, aux environs de 18 heures.
A l’hôpital, Mamadou Yattara dit être resté seul à son sort, sans aucune considération de la part des agents de santé. « Je suis resté seul depuis mon arrivé à l’hôpital jusqu’au lendemain sans la moindre considération des médecins. Et c’est avec l’arrivé de mon beau-frère, Amadou Touré dit AT que j’ai vraiment eu de l’espoir… », affirme-t-il.
Effectivement, le lendemain, son beau-frère, AT apprend la nouvelle et se rend vite à l’hôpital. En voyant l’état du jeune, il demande à un médecin de s’occuper de lui avant qu’il ne succombe de ses blessures. Pour le diagnostic de ce médecin, Yattara doit subir une opération au niveau de sa cuisse gauche, après programmation.
«Sur le champ, j’ai demandé qu’on nous laisse partir. J’ai amené mon beau-frère dans une clinique privée situé à Koulouba. Là, j’ai pris les dépenses en charge », précise-t-il.
Après l’intervention et trois jours d’hospitalisation, le jeune est libéré. « Actuellement, il est en convalescence, Dieu merci. Mais ce qui m’a encore fait plus mal, c’est que depuis le jour du drame jusqu’à maintenant, aucun policier du 4è n’a cherché à savoir comment il va, ni de rentrer en contact avec la famille », déplore Amadou Touré.
La victime entend porter plainte contre les policiers du 4è Arrondissement pour être dédommagé.
La version de la police
En effet, après nos investigations, le 4ème arrondissement reconnait avoir appris qu’un boutiquier a été touché au moment des faits. Mais, notre interlocuteur sur place, se refuse à engager la responsabilité des éléments du 4è arrondissement, qui n’étaient pas les seuls sur le terrain.
Car, selon lui, cette après-midi du 10 juillet-là, après avoir reçu l’information vers 15 heures que certains manifestants étaient en possession d’armes à feu lors de la bataille entre deux familles, un détachement de policiers est envoyé sur les lieux. Au vue de la situation sur le terrain, des renforts ont été demandés. Ainsi, les 7è, 11è et 15è Arrondissements ainsi que la BAC sont venus les appuyer pour prévenir un carnage quasi inévitable.
« Une fois sur le terrain, on a fouillé la maison d’une personne qui faisait partie des meneurs. Et on trouve une arme chargée, des machettes et trois douilles Teck […]. Sur place, on nous a aussi informés que d’autres manifestants avaient des pistolets automatiques… », déclare notre interlocuteur. Selon qui, une telle échauffourée où les fautifs sont armés comme les agents de sécurité, il est difficile de rendre quelqu’un responsable de ce qui est arrivé. « Seule la balistique pourra démontrer si les tirs sont de la police ou pas, étant donné que d’autres douilles ont été retrouvées sur le lieu de l’incident », conclut-il.
Mohamed Sylla
quel est ce style rédactionnel?
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