Suspecté d’avoir agressé un rival, sur fond de vengeance, suite à des relations troublées avec une demoiselle qu’il fréquentait dans le quartier de l’Hippodrome, le Sergent-chef Soungalo Traoré n’a pu démentir les accusations portées contre lui devant les juges du tribunal de première instance de la Commune II. Condamné à trois mois de prison avec sursis, le jeune policier relance, par des faits troublants, le débat sur la nécessaire imposition de la discipline au sein de nos forces de l’ordre.
Dans la nuit du dimanche 28 février 2010, alors que Bamako était loin d’être plongée dans son silence nocturne, le citoyen M.Y, à bord de son véhicule avec une compagnie féminine devant une porte au quartier de l’Hippodrome a reçu une visite d’une équipe de patrouille de la Brigade anti-criminalité (BAG) conduite par le Sergent-chef de police, Soungalo Traoré. Comme un règlement de compte, le contrôle de routine a vite cédé la place à des violences injustifiées. Le nommé M.Y qui ne comprenait toujours pas la raison de telles violences en a été informé par sa camarade qui lui expliqua qu’il a à faire à un concurrent. L’heure de l’intervention et la violence des coups de poings, donnaient à croire que le jeune policier était animé d’un sentiment de vengeance contre celui qu’il accuserait de lui avoir piqué sa copine.
En conséquence, il serait déterminé à lui faire difficilement oublier la scène. Ce qui a été le cas, car la cible du jeune policier s’en est sortie avec une prothèse dentaire cassée, des habits en haillons et quelques contusions.
Transportée à la justice, l’affaire a fait le tollé dans les commissariats de police et la hiérarchie se dit déçue par le comportement du jeune policier. Mais c’était trop tard car son élément venait de prouver qu’elle a encore des efforts à déployer pour faire valoir la discipline militaire.
C’est pourquoi le Tribunal de première instance de la Commune II, à travers son procureur, avait verbalement requis la condamnation de Soungalo Traoré à une peine exemplaire sachant que l’intéressé ne méritait pas de circonstances atténuantes. Ce qui lui a valu, à la délibération, trois mois de prison avec sursis.
Loin de nous ériger contre une décision judiciaire, nous estimons que le Sergent-chef, Soungalo Traoré, au lieu d’en prendre pour son grade, s’en est plutôt bien sorti. Parce que tout porte à croire qu’il a prémédité et accompli son forfait avec les moyens de l’Etat (véhicule de service, radio, arme et renfort). Ce qui explique à suffisance la détermination du sergent à en finir avec son concurrent.
Par ailleurs, il est important de dénoncer le laxisme des autorités policières à l’insu de qui, il est possible d’utiliser un véhicule de patrouille pour des fins malintentionnées.
Ainsi, les agissements de ce policier modèle (énième du genre reproché aux hommes de Niamé Keïta), relance le débat sur les stratégies d’incorporation d’agents dans les corps militaire et paramilitaire et l’indispensable restauration de la discipline dans les rangs de nos forces de sécurité.
Abdoul Karim Maïga