Bamako by night : Des femmes de plus en plus abonnées au temple de Bacchus

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    ’Mon acte, c’est ma liberté, l’enfer c’est les autres’’, a écrit Jean Paul Sartre, philosophe français. C’est apparemment à l’école de cette maxime que sont allées nombre de femmes maliennes qui ont contre vents et marrées décidé de se soustraire du poids de la tradition pour s’adonner à une vie plus ‘’branchée’’. Mais les conséquences sont là.

    Le Mali, pays conservateur, assiste à une mutation effrénée de ses valeurs. La jeunesse est la plus frappée par ce changement qui n’est pas du goût de certains gardiens des traditions ancestrales qui, aujourd’hui, apparemment n’ont plus voix au chapitre. Et plus curieux que cela puisse paraître, c’est la gent féminine malienne qui est devenue plus que jamais débridée. Elle s’adonne même à la consommation d’alcool considérée comme un péché majeur à tout point de vue.

    Ces femmes qui se disent ‘’branchées’’ préfèrent passer tout le clair de leur temps dans le temple de Bacchus que dans les cérémonies de sumu. Débit d’alcool, partie de jambe en l’air, sanctionnent, entre autres, alors très souvent leur soirée. Quoi de plus normal pour ces ‘’branchées’’ et autres filles de joie, pour qui, vivre ne se traduit que par une tendance à ce que certains accros à la religion qualifient de débauche.

    Ce ne sont pas les arguments qui manquent à ces femmes pour justifier  l’abus de ‘’l’eau de feu’’. Quand certaines pensent que l’alcool donne un  teint uniforme en lieu et place des pommades et autres lotions de beauté, d’autres arguent qu’elles veulent vivre au rythme de la mode. Ce n’est certainement pas les problèmes de vie sur terre qui poussent la plupart à boire. Car les problèmes naissent avec l’homme, soutient les anciens en Afrique. Ces buveuses se sont plutôt abonner à la joie de vivre, car pour elles, mieux vaut croquer la vie à pleine dent que de se faire croquer par la vie. Or quand elles se soulent la gueule, elles n’hésitent pas à visiter le 7ème ciel et, avec n’importe quel imbécile.

    Témoignages : le cas de Oumou, Elizabeth et Jolie

    Le cas de cette jeune dame du nom d’Oumou, accro de la bouteille, est un témoignage éloquent du calvaire dont sont victimes nombre femmes.

    ’C’est difficile de vous dire pourquoi je bois. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées dans ma vie. D’abord je tiens à vous dire que personne d’autre dans ma famille ne consomme de l’alcool. Mes parents m’ont mise dans toutes les conditions pour réussir, mais je n’ai pas pu les récompenser. A l’école j’ai fait le bac à plusieurs reprises sans succès. Je n’avais à l’époque qu’un souci : fréquenter les boîtes de nuit. Je payais gracieusement le ticket à mon copain et c’est là que j’ai pris goût à la cigarette et à l’alcool sans me soucier de rien. Après le décès de mon père, ça n’allait plus dans notre famille, car il avait une autre épouse divorcée qui avait des enfants. Nous avons fini par partager l’héritage, faute de consensus. Très jeune, j’ai essayé d’ouvrir une alimentation qui, par la suite, a fait faillite. Comme pour dire que le malheur ne vient jamais seul, ma mère était gravement malade et j’ai été obligée de vendre l’unique villa que mon père nous a léguée. Malheureusement elle n’a pas pu survivre. Avec cet argent, j’ai entrepris un commerce entre Bamako et Ouagadougou. Là, j’ai fait la connaissance d’un monsieur. Nous nous sommes mariés et je lui ai confié le titre foncier de ma maison et toute ma fortune. Mon mari m’a secondée d’une autre, car, je n’avais pas eu d’enfant. Et depuis, il me menace de divorcer. J’ai tout fait, mais je n’ai pu récupérer mes biens et c’est à partir de ce moment que j’ai recommencé à fréquenter les hôtels et autres endroits similaires. Aujourd’hui, boire est ma passion, ma vie n’a pas de sens sans l’alcool. Elle en est dépendante’’.

    Elizabeth, étudiante à la faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (Flash), explique quant à elle son penchant pour les boissons alcoolisées : ’’j’ai commencé à boire à bas âge. A l’église on buvait souvent.Un moment j’ai voulu arrêter mais j’ai été encouragée par certaines de mes camarades et j’ai continué de boire. Il m’arrivait souvent de m’endetter pour en acheter. C’est vrai qu’à une certaine époque j’ai voulu abandonner, mais arrivée au campus, j’ai eu des difficultés qui m’ont poussée à fréquenter dans un bar où je faisais la serveuse pour subvenir à mes besoins quotidiens puisque je n’avais pas de bourse à ma 1ère année en fac. Dans ce bar, il y avait des clients qui m’offraient gratuitement à boire et depuis, j’ai renoué avec mon ancienne habitude. Après avoir laissé le travail de serveuse, j’ai essayé d’arrêter, mais sans succès. Je peux vous dire que c’est avant tout une question d’habitude chez moi’’ a-t-elle ergoté.

    Quand à Jolie, elle nous raconte qu’elle a ‘’ commencé à boire pour ne pas servir de tête de turc à mes camarades déjà accros à la bouteille. Aussi, ça été l’occasion d’attirer l’attention des garçons sur moi. Aujourd’hui l’alcool est devenue indispensable à mon organisme ; comme l’eau étanche la soif’’.

    Conséquence sur la santé de la femme

    Selon Dr Togola, l’alcool est une substance nuisible à la santé de l’homme. Il est plus nuisible à la femme que l’homme. Avant de faire remarquer que l’alcool peut créer une dépendance qui peut dégénérer à la déchéance. Victimes du fait de leur état d’ébriété, les femmes alcooliques sont exposées à des dangers, voire des maladies telles les Ist/Vih, entre autres. Et Dr Togola de préciser aussi que la consommation de l’alcool peut provoquer des maladies comme l’hépatite, la cirrhose du foie, etc. Il y a encore la pancréatite chronique, le cancer du pancréas etc. Sans oublier les répercutions gynécologiques dont l’avortement, l’accouchement prématuré, la mort fœtale in utero.

    ’Une femme qui consomme de l’alcool peut mettre au monde un enfant avec des tares (glaucome) ou qui soit prédisposé à beaucoup de maladies dans sa vie extra utérine’’, a expliqué Dr Togola. Aminata Dindi Sissoko, stagiaire

     

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