Cruel destin ! C’est le moins que l’on puisse dire à propos de cet ancien génie de l’air de la promotion 1975, cruellement basculé dans la drogue après sa radiation en 1981 de l’Armée malienne pour motif d’indisciplinaire caractérisé. Pendant que certains de ses compagnons d’arme circulent avec des grades de Colonel ou de Général d’Armée sur les épaules, le pauvre s’essaye dans la délinquance et se fait loger au fond des cellules dans des commissariats de police. Impensable !
C’est dans les filets de la brigade de recherche du commissariat de police de police que sont tombés sans grande difficulté, le délinquant répondant au nom de Ibrahima Yattassaye dit Hibou, administrateur de société et ancien technicien de radio d’aviation à l’Armée de l’Air, natif de la richissime famille Yattassaye à Dravéla, car c’est de lui qu’il s’agit et son allié éternel Bani Dramé dit Douga, domicilié à Bagadadji en Commune II du district. L’arrestation des deux caïmans est relative à une plainte que la demoiselle Fatoumata Sidibé, reporter-photographe à la section photo de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP) a portée contre eux devant le procureur de la République près le tribunal de la Commune II pour vol de sa moto Jakarta au cours d’une visite à Bagadadji. Selon, la plaignante, dans la journée du 3 juillet dernier aux environs de 14 heures, elle s’était rendue au domicile de Bani Dramé dit Douga qu’elle connaît depuis plus de 7 ans. A son arrivée, elle a pris soin de garer sa moto dans la cour et la verrouiller à l’aide d’un anti-vol avant de rentrer dans la chambre où se trouvaient Douga et Ibrahima Yattassaye dit Hibou. A peine a-t-elle pris place dans un fauteuil que Hibou a demandé de lui prêter sa moto pour faire une course en ville. Mais, poursuit-elle, elle refusa net pour des raisons qu’elle ne dévoile pas. Peu de temps après, affirme la plaignante, les deux hommes l’ont laissée dans la chambre pour venir dans la cour. Guidée par son sixième sens, elle est restée vigilante, les yeux fixés sur le mouvement de ses deux « amis ». Subitement, ils se sont emparés de sa moto cadenassée à l’aide de l’anti-vol, qu’ils ont ensuite traînée vers la route principale traversant le quartier populaire de Bagadadji. Malgré ses cris, ils n’ont pas obtempéré, soutient Fatoumata Sidibé, la victime. Elle est alors retournée pour les attendre chez Bani Dramé dit Douga à qui elle avait rendu visite, croyant qu’ils allaient lui ramener sa moto après leur course en ville. Une heure de temps après, Douga est retourné chez lui, sans la moto. Quant à Hibou, il n’est revenu à Bagadadji qu’aux environs de 17 heures, les mains vides. Personne parmi les deux hommes n’a voulu lui dire quoi que ce soit sur la situation de sa moto. Elle a alors informé sa mère à Lafiabougou de ce qui lui est arrivé. Celle-ci lui demande de porter l’affaire devant les autorités judiciaires pour rentrer en possession de son bien. D’après la demoiselle Sidibé, des témoignages sur les lieux lui ont révélé que Douga et Hibou ont traîné sa moto sur un chantier où ils l’auraient mise en pièces détachées en attendant de trouver un preneur. Le procureur de la République près le tribunal de la Commune II saisit d’un soit transmis a alors instruit au Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé du commissariat de police du 3e arrondissement de rechercher les deux accusés.
Douga et Hidou entre les griffes de l’épervier
Sous la direction du Contrôleur général de police Moussa Sissoko, l’inspecteur de police Papa Mambi, l’intraitable épervier du Mandé lance ses cobras aux trousses des suspects. Ces derniers qui les connaissent pour de grands picoreurs de stupéfiants les poursuivent jusque dans leur fumoir pour les arrêter comme des poulets. Conduits à la police, Douga et Hibou nient en bloc les faits qui leur sont reprochés. Selon les déclarations de Ibrahima Yattassaye dit Hibou, il appartient à la même bande de consommateurs d’héroïne que Fatoumata Sidibé qu’il connaît, il y a de cela plusieurs années. Tout leur entourage sait et peut témoigner partout où besoin sera que celle-ci loue sa moto aux drogués contre une consommation. Dans la journée du 3 juillet dernier, précise-t-il, il a bel et bien rencontré son accusatrice à Bagadadji dans la famille Dramé où il était parti acheter de l’héroïne pour sa consommation. Voulant alors se rendre dans son chantier à Badalabougou, il a demandé à la demoiselle Sidibé de l’accompagner sur sa moto, mais elle a refusé pour des raisons qu’elle connaît. Devant son refus, il est parti dans son chantier en compagnie de Douga. Comment en plein jour dans un quartier comme Bagadadji, on peut voler une moto cadenassée sans se faire lyncher à mort ? Mais, ce que l’ancien pilote comme maudit par les dieux de l’air ne dit pas, c’est qu’il est un voleur professionnel. Il l’a prouvé en se rendant coupable du vol d’argent d’un de ses codétenus peu après son incarcération à la garde-à-vue au commissariat de police du 3e arrondissement. Toute chose qui renforce les soupçons qui pèsent lourdement sur lui. Quant à Douga, un maçon rompu lui aussi dans la drogue, il déclare que la demoiselle s’est fait chiper sa moto pendant qu’elle était sous l’effet de la drogue qu’elle picore comme un coq. Dans le souci de la manifestation de la vérité, les enquêteurs confrontent les deux parties. Mais, chacun campe sur sa position. Ils les mettent alors à la disposition du procureur de la République du tribunal de la Commune II. Ce dernier voulut entendre les deux parties avant de se prononcer sur le sort des deux accusés. Curieusement, la demoiselle Fatoumata Sidibé devient introuvable dans tout Bamako. Ni ses parents, ni son service ou ses compagnons d’héroïne n’ont su où elle se trouvait. Le procureur a fini par mettre Douga et Hibou en liberté provisoire contre une caution en attendant la trouvaille de la drôlesse et de l’insaisissable Fatim.
K. DIARRA“