L’infanticide est devenu monnaie courante en République du Mali. Les autorités, les associations et autres structures chargées des questions des enfants ne brillent que par leur inertie face à ce qu’on peut appeler sans exagération, le « génocide infantile ». L’essentiel n’est pas de faire bouillir la marmite, mais de sauver et de protéger ces milliers d’innocents quotidiennement sacrifiés sur l’autel de la barbarie. Ils ont aussi droit à la vie.rn
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L’histoire qu’on vous raconte, se passe à Baco-Djicoroni en Commune V du district de Bamako où la criminalité et le banditisme sont légion. Elle concerne une jeune fille du nom de Cécile Mounkoro, aide-ménagère de son état chez un certain Gaoussou Samaké. Elle était en grossesse de neuf mois environ. Sa patronne, en sa qualité de mère et d’épouse, n’a pas voulu se débarrasser d’elle comme allaient faire d’autres Bamakoises. Tout se passe normalement sans que le mari de Mme Samaké ne sache rien. Mais, voilà qu’arrive le mercredi 30 mai 2007. La demoiselle Cécile est à terme. Elle n’en peut plus. Au lieu de demander secours à sa patronne, elle file discrètement dans les toilettes familiales, non pas pour se soulager, mais pour accoucher dans la fosse d’aisances.
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Après son forfait dans la douleur, elle se lave proprement et fait disparaître toutes les traces de sang de nature à faire lever le lièvre. Elle revient des toilettes la mine peu serrée et à pas de « coupé décalé », car après l’accouchement, la démarche n’est pas aussi facile pour la nouvelle mère, surtout que celle-ci était à sa première expérience. Les autres membres de la famille sont floués de voir partir la grossesse de Cécile. Personne ne comprend cette disparition subite. Mais, peu après, voilà que la nouvelle mère est trahie par des gouttes de sang qu’elle a laissées sur le sol de passage dans la cour. C’est une fillette de sa patronne qui découvre le pot aux roses.
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A peine celle-ci a –t-elle constaté les traces de sang qu’elle a vite grimpé l’escalier de l’étage pour aller informer sa mère dans sa chambre. Dans un premier temps, Mme Samaké ne croit pas sa fille. Qu’à cela ne tienne, elle descend de sa chambre pour s’assurer de l’état de la grossesse de sa bonne. Elle est restée comme électrocutée lorsqu’elle s’est rendue à l’évidence. Immédiatement, elle fait appel au gardien de la famille et à une parente de Cécile Mounkoro pour leur expliquer le drame. Ensuite, elle informe son mari à son service. Ce dernier, visiblement choqué par la nouvelle, ordonne à son épouse de bien veiller sur la suspecte en attendant son arrivée.
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La tueuse d’enfant mise aux arrêts
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A son arrivée dans sa famille, M. Gaoussou Samaké constate les faits avant de se transporter au commissariat de police du 11e arrondissement. Mais pour des raisons de territorialité, les autorités policières de ce commissariat l’orientent sur la police du 4e arrondissement. Reçu par l’inspecteur de classe exceptionnelle de police Mamadou Lamine Coumaré, le visiteur explique le drame dont sa bonne s’est rendue coupable dans sa famille.
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L’inspecteur Coumaré rend compte à sa hiérarchique avant de former une équipe composée de policiers, d’agents de santé et de la protection civile de Sogoniko pour se rendre sur les lieux. Ils trouvent sur place la suspecte Cécile Mounkoro et les autres membres de la famille entourée d’une foule de curieux. Avec le concours d’un maçon requis pour la circonstance, les agents de la protection civile ont extrait le corps du nouveau-né du fond de la fosse pour le mettre à la disposition des policiers et des agents médicaux pour leurs traditionnels constats.
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Tout ce travail fini, le corps est remis aux Samaké pour inhumation pendant que Cécile, l’auteur de l’infanticide est conduite au centre de santé pour des soins médicaux, ensuite à la police où elle sera écrouée pour les besoins de l’enquête. A son interrogatoire, la fille de Bouani dans le cercle de Tominian n’a pas nié les faits. Selon elle, son geste s’explique par le fait que le père de son feu bébé a refusé de reconnaître sa paternité. Ce dernier dont l’identité n’a pas été révélée, interpellé, a juré à la police qu’il n’y a jamais eu d’intimité entre lui et Cécile.
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Toute chose que celle-ci n’a pas pu contester. Connaît-elle en réalité le père de son enfant ? La pauvre est évasive. En plus de cette accusation, elle a déclaré qu’elle ne peut pas également se rendre dans son village avec cet enfant de peur des représailles des parents. Comme pour dire qu’elle préfère la punition de la justice à celle de son village où la tradition est encore têtue. Cécile aurait pu éviter tout cela en offrant gracieusement son bébé à la Pouponnière. Malheureusement, tout cela était écrit très haut.
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O. BOUARE
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Kabako du 22 juin 2007
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