Des matériels, des marchandises, une importante somme d’argent estimée à plus de 30 millions de FCFA et des passagers tabassés et puis blessés. C’est le triste bilan d’un braquage de 50 véhicules survenu dans la nuit du dimanche au lundi dernier, entre minuit et 4h30, sur l’axe routier Kayes-Bamako, entre le cercle de Kolokani et le village de Tiémabougou.
Ces voyageurs en partance pour la région de Kayes et de retour à Bamako n’oublieront pas de sitôt cette nuit du dimanche 11 au lundi 12 décembre, et pour cause : une bande armée jusqu’aux dents a fait irruption sur l’axe routier pour les dépouiller.
« C’est au niveau du village de Tièmabougou, en quittant la localité de Kolokani pour la ville de Kati, que nous avons aperçu de loin des gens couchés sur le sol et une file de véhicules à côté. Croyant à un accident, le chauffeur s’est arrêté pour voir, et c’est ainsi qu’on a été sommés de nous mettre à poil avant de nous coucher par terre. D’autres véhicules tomberont également dans les filets des malfrats qui avaient bien mûri leur plan. Tous les engins qui ont tenté de faire demi-tour ont reçu des balles. Seul un car et une voiture personnelle ont pu se tirer d’affaire. De temps à autre, nous entendions également des tirs de sommation », ont expliqué des témoins faisant partie des voyageurs.
Une autre victime de ce braquage ajoute : « Le scénario était simple. Les bandits, au nombre de 15, avaient barré la route à l’aide de gros cailloux. Ils avaient aussi entre les mains des fusils de guerre, des manchettes et bien d’autres objets de défense. Mais ils s’appelaient entre eux sous le vocable de « Sergent ». Pendant qu’une partie des bandits fouillaient les voyageurs, les autres pointaient le canon de leur fusil sur les victimes couchées à terre sur le bas-côté du goudron ou procédaient au braquage des nouveaux venus. Aussitôt ils dégainaient leurs armes Kalachnikov, demandaient aux passagers des véhicules de descendre, d’ouvrir leurs sacs et de leur remettre tous leurs biens qui s’y trouvent. Gagnés par la peur, ces derniers obéissaient aux ordres des malfaiteurs dont certains sont camouflés comme des touaregs. Mais l’un d’entre eux que j’ai beaucoup remarqué est un tamasheq. La somme de plus de 30 millions de FCFA sera ainsi soutirée sur des passagers, tandis que d’autres seront tabassés et blessés pour avoir osé résister ou refuser de se coucher à terre ».
Selon nos interlocuteurs, aussitôt après leur forfait, les malfaiteurs ont tenté d’enlever un véhicule tout en tirant des coups de feu en l’air pour protéger leur retraite. Mais l’engin percutera l’une des embûches qu’ils avaient posées sur la voie. Ce qui l’endommagera. Alertée, la Gendarmerie ne pourra constater les dégâts qu’au petit matin du lundi 11 décembre.
Cette agression pose le problème de l’insécurité dans la région de Kayes où des bandes armées sévissent le long des principaux axes routiers.
Rappeler que ce braquage intervient au moment même où le Chef de l’Etat fustigeait le comportement des éléments incontrôlés de l’Azawad et d’AQMI dans le Nord-Mali les 24 et 25 décembre dernier à Hombori et Tombouctou. Mais les témoins imputent ce rocambolesque braquage à des bandits de grand chemin opérant sur les routes de la région de Kayes. Il y a quelques semaines, la route de Kéniéba (dans cette même région de Kayes) a fait l’objet d’un braquage en pleine nuit sur deux cars de transport par un groupe de plus d’une dizaine de bandits dont un membre a été formellement identifié.
En chiffres, ce sont plus de 30 millions de FCFA et bien d’autres biens sur la destination des délinquants. Très menaçants et armés qui ont été emportés par les bandits. Et pour le moment, il n’y a aucune trace jusqu’aux poings, ils font coucher par terre tous les voyageurs qui arrivent sur ces lieux avant de faire main basse sur tout ce qu’ils possèdent. Lors des opérations entre Kolokani et Tièmabougou, certains voyageurs ont été gravement blessés avec des machettes. Et dire que ce n’est au petit matin du lundi que les autorités maliennes ont été informées du braquage !…. En attendant, la plupart des passagers braqués se trouvent au bord de la folie.
Jean pierre James