Partis sur les deux jambes fêter la souveraineté nationale et l’inauguration du pont de Wabaria (Gao), ils nous sont tragiquement revenus dans des linceuls. La nation les a accompagnés à leur dernière demeure ce 25 septembre 2006. Ces jeunes, tombés à la fleur de l’âge, sont enterrés au cimetière d’Hamdallaye où repose l’un des pères de cette même indépendance : Modibo Kéita. Hasard du destin ?
Ils ont été enterrés avec leurs ambitions et leurs convictions. Ils ont disparu avec la tête pleine de projets pour les leurs et pour ce pays. Le destin a voulu que vous nous devanciez. J’ai alors le devoir de fleurir vos tombes. J’irai fleurir vos demeures parce que vous êtes des roses précocement cueillies par Gabriel pour honorer une reine impitoyable : la mort ! Une reine lugubre qui n’est jamais émue par les larmes de la mère au dos brisé, par le désarroi du père qui ne s’est plus où s’adosser, par les regards hagards des frères et sœurs désemparés face à l’immense vide laissé.
J’irai fleurir vos tombes pour atténuer la douleur de nos parents éprouvés comme les paysans dont les premiers semis ont été déterrés par les rongeurs ou dont les bourgeons ont été ravagés par des oiseaux granivores. J’irai fleurir vos tombes pour consoler ma nation privée désormais de quelques piliers de son devenir. J’irai fleurir vos demeures afin d’exhorter vos camardes à faire leurs l’optimisme et l’espoir qui vous ont animé jusqu’aux derniers instants de votre vie.
J’irai fleurir vos tombes pour assurer vos parents que ma nation n’est pas ingrate, c’est le destin qui est cruel. Puissent les eaux de la douce pluie qui a arrosé vos corps dramatiquement allongés sur la pelouse du stade Mamadou Konaté, un autre symbole de l’indépendance que vous veniez de célébrer, vous conduire au paradis céleste. Amen !
Bolmouss“