En une poignée de minutes, des individus armés ont vidé la maison. Argent, moto, téléphone et autres effets personnels si précieusement gardés sont emportés sous les yeux de l’épouse apeurée.
Le plaisir et l’excitation sont à leur comble vendredi, le cambriolage de la résidence d’un marchand de bovins a paru un jeu d’enfants. Subtiliser l’argent, la moto, le téléphone et d’autres effets personnels si précieusement gardés, voilà un passe-temps passionnant qui va redonner des couleurs à la vie des auteurs, de célébrer l’Aïd El Fitr débarrassés des soucis financiers.
L’après-midi même, les bandits ont sauté les uns après les autres du véhicule. Apparemment les armes sont chargées et prêtes à l’usage pour éloigner les curieux ou dissuader les empêcheurs de danser en rond… ou encore pour les assommer d’un coup de crosse. Absolument maîtres de leurs nerfs, un ou deux, selon les versions, a ou ont assuré la couverture des autres qui ont franchi des pas pressants la porte d’entrée. Ils n’ont pu tomber mieux ! Une femme tournait son pouce en attendant le retour de son mari parti à la pêche des sous. Son sourire s’est vite évanoui. Les visiteurs ne sont point des acheteurs. Elle en est sûre à la vue des armes. Elle s’est mise à trembler de tout son corps, son cœur a battu la chamade ; elle est devenue subitement pâle, elle qui d’ordinaire rayonnait de gaité, de vitalité à revendre. Le bon sens le plus élémentaire l’a interdit de tenter un faux mouvement, une quelconque résistance, de crier au secours.
A l’ombre des sourcils, elle a dévisagé les brigands dont les yeux ont une expression terrifiante doublée d’une réelle volonté de fer d’aller jusqu’au bout. Pas de compassion, ce qui a compté leur désir d’accaparement. Tout est bon à prendre. En une poignée de minutes, ils ont vidé la maison.
Leurs va-et-vient incessants entre la résidence et le véhicule garé devant la porte ont alerté une foule de plus en plus grossissante tenue en respect à une bonne distance. La horde de curieux n’a pas détaché un instant les yeux des malfrats jusqu’à leur départ en trombe comme ils sont venus. A la surprise générale, personne n’a eu le réflexe de téléphoner la Brigade de gendarmerie de Baguinéda pourtant proche – à moins de 2 kilomètres de Kobala Coro, lieu où le forfait a été commis. Interrogés plus tard, d’aucuns ont indiqué qu’une telle initiative serait peine perdue.
Georges François Traoré