Assemblée générale BEN-CAFO : La fracture

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    L’assemblée générale de la Coordination des Associations et ONG féminines (CAFO) qui s’est tenue hier au siège de cette organisation s’est soldée par une fausse note : la division est presque consommée au sein de son Bureau exécutif national (BEN). La Secrétaire exécutive de la CAFO, Oumou Touré est mise sur le banc des accusés par certaines de ses camarades membres du BEN qui lui reprochent une absence de transparence dans la gestion des ressources financières et des biens de la CAFO, de pratique d’exclusion et des manœuvres dilatoires pour garder son poste de Secrétaire exécutive. L’AG n’ayant pas permis de mettre les pendules à l’heure, la première responsable de la CAFO et principale accusée a renvoyé la question pour être tranchée à l’interne.

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    S’il n’y a pas eu de débordement au cours de cette Assemblée générale de la CAFO en date du 5 décembre 2007, c’est parce qu’elle s’est déroulée sous l’œil vigilant de la police nationale qui s’était mobilisée pour la circonstance. C’est dire que la tension au sein de l’organe dirigeant de la plus grande organisation féminine de notre pays est de notoriété.

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    Il faut reconnaître également le rôle utile joué par les communicateurs traditionnels pour adoucir les ardeurs des protagonistes devant une foule de militantes venues écouter les membres du BEN en conflit ouvert.

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    La CAFO est, pour ainsi dire, une organisation fille de la révolution du 26 mars 1991. Elle est née du regroupement de plusieurs associations et Ong de femmes du Mali dont le Collectif des femmes (COFEM) de Mme Sy Kadiatou Sow, figure emblématique du mouvement démocratique ; de l‘APDF de Fatoumata Siré Diakité, etc.

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    La CAFO a eu comme premières responsables successivement, Mme Soumaré Astan Diallo, Mme Diarra Afsatou Thierro et Mme Traoré Oumou Touré dont le deuxième mandat a expiré en Septembre 2007.

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    Cette organisation des femmes a fourni plusieurs ministres à la République dont Mme Diarra Afsetou Thierro, Mme Maïga Sina Damba et bien entendu Mme Sy Kadiatou Sow. C’est donc une organisation qui compte dans notre pays, forte de ses 2 200 Associations et ONG adhérentes à ce jour. La nature a horreur du vide, dit-on. Cet adage semble se confirmer à la CAFO dont le BEN a épuisé son mandat en septembre dernier et attend d’aller en Congrès pour se donner un nouveau bureau.

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    Selon la Secrétaire exécutive Oumou Touré, l’Assemblée générale d’hier se situe dans le cadre de l’exercice démocratique instauré dans notre pays depuis mars 1991. « Si nous nous referons à mars 1991, c’est parce que depuis cette date, il y a eu l’ouverture démocratique qui permet à chaque citoyen de s’exprimer librement et ouvertement…Rendre compte aujourd’hui sur certaines situations qui risquent de perturber l’ordre public, est une exigence démocratique… », a déclaré la Secrétaire exécutive assurant la présidence de la séance. Elle a souligné la sortie médiatique de certaines membres du bureau qui devaient à son avis se saisir des opportunités qu’offrent les statuts et règlement intérieur pour résoudre les problèmes de communication à l’intérieur de la CAFO. Selon elle, cette AG s’est tenue à la demande de la base pour qu’elle s’explique sur les propos tenus dans la presse. Qu’a écrit la presse ? 

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    Oumou Touré a-t-elle détourné divers fonds et biens sociaux ?

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    La presse a en effet largement rendu compte de l’existence d’une crise sans précédent au sein de la CAFO, et même la création d’un Comité de crise. Notre confrère l’Indépendant dans son n°1855 du mercredi 5 décembre et jours avant a souligné cette crise. Les protagonistes se sont dévoilées au cours de l’AG d’hier et ont chargé la Secrétaire exécutive des reproches et soupçons qui pèsent désormais sur elle.

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    C’est d’abord Mme Dembélé Oulématou Sow [sur la photo à gauche] qui mettra son pied dans le plat, en mettant l’accent sur « le vide statutaire, la politique d’exclusion et la gestion solitaire de Oumou Touré » à la tête de leur organisation. « La date du Congrès est passée, on va vers un Congrès extraordinaire, je ne serai pas complice de la trahison ». Tour à tour, Djeneba Sow, Mme Sangaré Nana Coulibaly, 1ère Secrétaire aux Finances, ont abondé dans le même sens pour confirmer toutes choses qui avaient été écrites dans les journaux à charge de la secrétaire exécutive. Que lui reprochent-elles ?

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    Ces contestatrices reprochent à leur Secrétaire exécutive une gestion clanique qui l’amènerait à confondre souvent les rôles des membres statutaires stratégiques de la CAFO à ceux de sa propre ONG, Woïyo Kondèye. Ainsi cette ONG serait « en contact direct avec certains partenaires financiers de la CAFO pour détourner les financements de celle-ci au profit de Woïyo Kondèye », avaient-elles dénoncé.

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    L’absence de transparence, notamment en ce qui concerne les ressources financières et des biens octroyées par l’Etat en vue de la participation de la CAFO aux évènements d’envergure nationale ou par les partenaires techniques et financiers, a été le cheval de bataille des membres du Comité de crise.

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    Ces membres « rebelles » du BEN s’interrogent sur la destination ou la gestion faite de certaines ressources financières ou matérielles octroyées à la CAFO. Elles citent ainsi des sommes d’argent lors de la Marche mondiale, des logements sociaux (40 lots), du terrain octroyé à la CAFO par le Maire du district de l’époque Iba Ndiaye, du véhicule octroyé par Oxfam, des dons par le ministère du Développement Social de la Solidarité et des Personnes Agées lors des mois de la solidarité … des dons de la première dame, etc.

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    La trésorière de la CAFO qui est la 1ère Secrétaire  aux Finances, Mme Sangaré Nana Coulibaly a évoqué sa propre éviction par la secrétaire exécutive au profit d’une adjointe à laquelle a été attribué la signature des chèques.

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    En outre, le Secrétaire permanent de la CAFO recruté par elle comme personne ressource est devenu le détenteur de tous les dossiers sensibles de l’organisation au détriment des membres statutaires, nous a confié un membre du Comité de crise.

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    La secrétaire exécutive a renvoyé les explications à l’interne

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    Parmi les griefs figurent également le refus de prendre les cotisations de certaines membres considérées comme retardataires. Celles-ci comprendront cette pratique comme étant un moyen de les empêcher de participer au prochain congrès, car cette participation est subordonnée au payement de ces cotisations.

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    Selon les membres du Comité de crise, les membres intellectuelles de la direction de l’organisation constituent la cible de la Secrétaire exécutive. Celles-ci représentent, pour elle, une menace à son projet de rester « inamovible ».

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    Dans ses explications, Oumou Touré a signifié que toutes les coordinatrices de Communes étaient à la réception du véhicule qui reste à la disposition de la CAFO.

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    Elle a souligné que le gouvernement n’a jamais octroyé à la CAFO des fonds pour des raisons d’utilité publique, mais seulement pour lui permettre de mobiliser des femmes et à chaque occasion cet objectif fut atteint.

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    En ce qui concerne les cotisations, selon elle, si elles doivent être payées en novembre, elles n’ont pas leur raison d’être payées.

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    Seuls leurs destinateurs peuvent témoigner si les dons destinés aux démunis leur sont parvenus, a -t-elle soutenu.

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    Enfin pour elle, le Congrès reste le lieu de tirer le bilan et de recevoir des critiques. Mais le congrès ne peut pas se tenir parce que c’est le fonds qui manque le plus pour ce faire.

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    Cette Assemblée générale a mis à nu le grand malaise que traverse la coordination qui a toujours donné des signes d’une vitalité et d’une capacité de mobilisation. Mais l’arbre ne pouvant cacher la forêt parviendra t- elle à recoller les morceaux de cette fracture ?                  B. Daou

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