A 22 h, soit 30 mn après le crime crapuleux des pieds-nus, tout Kassela était en branle. Le donso Ba Ba Traoré réunit tous les chasseurs et les jeunes volontaires pour mettre la main sur les assassins. La battue s’est prolongée tard dans la nuit en pleine brousse. Hélas ! Sans succès ! Les pieds-nus étaient déjà loin.
Dans la matinée du lundi, les habitants de Soro à 10 km de Kassela ont mis la main sur un pied-nu au moment où il dormait comme un Loire auprès de leur mosquée. Un autre a été appréhendé au village de Kodabougou. Ils sont entre les mains des gendarmes de Baguineda.
Après leur arrestation, les sieurs Oumar Dicko et Almamy Haïdara, respectivement chef soufi de Kassela et de Baguineda seront à leur tour interpellés par les gendarmes. Ces deux guides religieux furent appréhendés après l’aveu de l’imam Touré de Kassela. L’érudit est convaincu que les deux soufis se cachent derrière ce meurtre.
En effet, en 2004, le chef soufi de Ségou, Lassana Kané, a prêché pour la première fois à Kassela. C’était, rappelle-t-on, au courant d’un mois de carême. Ses propos d’alors n’étaient pas du tout agréables à l’oreille.
En 2005, ce fut autour d’un autre groupe de soufi de se montrer indésirable. Ce groupe-ci n’a non plus été apprécié lors de son passage au village. Cette année, un autre groupe a également fait beaucoup d bruits à Kassela. Il ont été suivi par une bande de sataniques pieds-nus. Le détail sur lequel, nos interlocuteurs se sont appesantis, pour accuser nommément les soufis de Bagui-neda et Kassela, en l’occurrence Oumar Dicko et Almamy Haïdara, relève de leur soudaine disparition après le crime on ne peut plus crapuleux de Mama Konaté, premier conseiller municipal de la contrée. A cet indice s’ajoute l’aveu des pieds-nus, lorsqu’ ils disaient au cours de leur vive dispute avec l’imam (voir par ailleurs). En effet, ils affirment mordicus être venus à Kassela pour la troisième fois en trois ans. Sur ce, les habitants ont vite établi un lien entre pieds-nus soufis. Tout cela a donc motivé les gendarmes à interpeller les chefs soufis de cette localité. Aux dernières nouvelles, ils seraient libérés.
Abdoulaye DIARRA
Un fou de dieu abat froidement un conseiller municipal et laisse un gendarme pour mort
Les fous de dieu ont frappé fort à Kassela. Une fois de plus, des membres de la secte des maudits pieds-nus ont donné la mort gratuitement. Ils viennent ainsi d’exécuter froidement, à bout portant, le conseiller municipal Mama Konaté, blessant un gendarmes qui l’accompagnait pour chasser du village cinq pieds-nus troubadours. Après leur forfait, ils ont pris la tangente.
La population de Kassela, blessés dans son amour propre par ce crime odieux perpétré par des hommes se réclamant de Dieu, n’oublieront jamais cette soirée macabre du dimanche 8 octobre 2006.
Tout est parti dans la cour de la mosquée dite «mosquée du goudron» où une chaude dispute opposait l’imam Idrissa Touré aux pieds-nus.
Les membres de la secte sont arrivés à Kassela dans la journée de dimanche en provenance d’une localité voisine. Quelques heures plus tard, précisément le soir, certains d’entre eux informèrent l’imam de leur volonté d’animer dans sa mosquée une séance de prêche. Pris de court, l’imam, après échanges, demanda à ses hôtes de remettre leur prêche pour une autre occasion pour la bonne et simple raison qu’une autre séance était prévue la même nuit dans la mosquée. L’argutie de l’imam Touré n’a pas été du goût des pieds nus. Et, c’était mal connaître ses fils de Satan qui ont aussitôt rejeté la proposition de l’imam.
En raison de leur intransigeance, les fidèles les ont prié d’évacuer les lieux. Mais, les pieds-nus ne renoncèrent pas pour autant à leur projet macabre. Ils reviennent à la charge, exigeant de l’imam, séance tenante, de leur verser leur dû, «comme le prévoit les textes de l’islam lorsqu’on reçoit un coreligionnaire», d’après les fumeux pieds-nus. Aussitôt, une vive dispute s’en est suivie. Ecoutons l’imam Idrissa Touré : «Ils m’ont fait savoir que c’est la troisième fois qu’ils nous rendent visite. Et qu’à aucune de ses occasions, je n’ai pas daigné leur verser leur dû. Je leur demande, en quoi cela consiste. Ils m’ont fait savoir qu’il s’agit de leur accorder beaucoup de vivres. Je leur ai donné de l’argent pour qu’ils achètent à manger. Ils l’ont refusé au motif qu’ils ne doivent pas le toucher. J’ai ramassé mon argent. Ensuite ils m’ont forcé de leur trouver vite des condiments et une jarre pour faire la cuisine. Avant de regagner leur couche, ils m’ont demandé de faire vite, au risque de le payer cher. J’ai rassemblé les fidèles pour leur demander de trouver à manger à nos frères. C’est ce que tout le monde a fait».
La même soirée, après la prière de 20 h, l’imam Touré rencontra le conseiller Mama Konaté qui revenait de Bamako où il avait suivi au Stade du 26 mars la rencontre Mali-Togo. La victoire des aigles qu’il a suivi ne sera jamais partagée avec les siens. Puisque c’est à mi-chemin de son domicile que l’imam l’informa de la menace des nébuleux pieds-nus. Le conseiller municipal prit alors l’affaire au sérieux. Avec les gendarmes Sidibé et Sissoko de la brigade de Kassela, il se rendit auprès des pieds nus pour leur demander de quitter le village, la même nuit.
Des hommes dits de Dieu comme au Far West
Mama Konaté et ses deux gendarmes tombèrent sur cinq pieds-nus. Lorsque l’ordre de quitter la ville leur fut notifié, trois des cinq pieds-nus commencèrent à plier bagages pendant que les deux autres pénétrèrent dans une chambre. Le gendarme Sissoko était à cinq mètres de la chambre, un fusil à l’épaule. Le conseiller et le second gendarme se trouvaient à l’entrée de la cour. Il veillait sur les trois autres. Sortis de la chambre, munis de sabres, l’un des criminels attaqua le gendarme armé. Au cours de l’accrochage, son fusil tomba. Le second pied-nu s’en saisit et ouvrit le feu sur le conseiller municipal. Deux balles auront suffi pour refroidir Mama Konaté.
Pendant que l’autre gendarme dépassé par les événements détalait comme un lièvre, les pieds-nus, réalisant le crime odieux qu’ils viennent de commettre, disparurent dans la nature avant l’arrivée des renforts.
A. DIARRA
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