Le meurtre commis à Kalabancoro sur la personne de Baba, un jeune diplômé, dans la nuit du samedi 7 novembre, ne pouvait laisser la police indifférente. Surtout après qu’il y ait eu un précédent, il y a trois mois, dans les mêmes conditions et dans la même localité, où le violeur avait ouvert le feu sur tous ceux qui voulaient l’empêcher de violer une aide-ménagère.
Le Directeur général de la police, Niamey Kéita, avait donc donné des instructions fermes et précises à ses éléments pour neutraliser le meurtrier récidiviste. Dans la nuit du 15 au 16 novembre 2010, le psychopathe, Adama Sangaré, a finalement été cravaté par la Brigade de Recherches du Commissariat du 11ème arrondissement.
Pour rappel, il y a trois mois, un individu, armé d’un fusil de chasse, s’est introduit dans une concession à Kalabancoro, dans l’intention de violer une aide-ménagère qui dormait dans la cour. Celle-ci se mit à crier au secours, et le psychopathe, sans abuser du terme, tira sur la première personne qui mit sa tête dehors, sans faire mouche. Il tira sur un deuxième courageux, sans le toucher, mais la troisième personne qui risqua sa tête dehors fut cueillie mortellement par le troisième coup de feu de ce dangereux individu.
Dans la nuit du samedi 7 novembre, Baba, un jeune diplômé de 31 ans domicilié à Kalabancoro, et employé dans une agence immobilière, était allé se détendre dans un bar restaurant chinois du coin. Pour rentrer chez lui, il embarqua une fille de joie. Aux environs de deux heures du matin, il décida de raccompagner la belle de nuit à bord de sa moto Jakarta. Mais, à peine sorti de sa concession, il fut abattu par un inconnu. Celui-ci pourchassa la fille, la rattrapa avant d’aller la violer dans les parages. Etrangement, le triste individu ne tue pas les femmes, puisqu’il eut même la gentillesse de lui montrer le chemin et de lui remettre 1 000 FCFA pour payer son taxi.
Ces deux meurtres ont complètement mis les populations dans la psychose, à tel point que certains noctambules ont préféré abandonner la zone par peur du meurtrier violeur.
De son côté, le Commissaire Divisionnaire Djigui Konaré, fort des instructions reçues du Directeur général de la police, mobilisa tous ces éléments et intensifia les patrouilles et les raids dans tout le secteur. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Dans la nuit du 12 au 13 novembre, aux environs de 3 heures du matin, la patrouille du 11ème arrondissement s’est retrouvée nez à nez avec un individu isolé. Ce dernier laissa tomber le colis qu’il portait avant de prendre la tangente. La police boucla aussitôt le secteur mais fouilla vainement tout le coin. En ouvrant le colis abandonné par l’individu, la police trouva un fusil de chasse calibre 12, quatre cartouches de même calibre, deux paires de cisailles (géante et petite), un marteau pied de biche, des tournevis et une paire de tongs.
Dans la nuit du 15 au 16 novembre, aux environs de vingt heures, une patrouille du 11ème arrondissement, qui avait redoublé de vigilance après ce premier échec, croisa sur son chemin un monsieur qui circulait à bord d’une moto Jakarta, mais qui ne semblait pas maîtriser sa monture. Selon la police, on aurait dit qu’il apprenait à conduire. Interpellé, ce dernier jeta la moto et prit ses jambes à son cou. Il fut talonné par la police et rattrapé après une chaude course-poursuite. Au poste de police, il déclina son identité comme étant Adama Sangaré, 48 ans, originaire de Finkolo, arrondissement de Niéna, revendeur de ferraille.
Le Commissaire Divisionnaire Djigui Konaré ouvrit aussitôt une enquête. C’est ainsi qu’il fouilla dans le registre de déclarations de perte, pour découvrir que la moto avait été volée dans la nuit du 10 au 11 novembre au préjudice d’un certain Bakary Maïga. Il fit venir la victime, qui reconnut sa moto et précisa qu’elle avait été volée en même temps qu’une paire de tongs. Evidemment, il reconnut sa paire de tapettes parmi les effets du colis abandonné dans la nuit du 12 au 13 novembre par un inconnu.
Le Chef BR du 11ème arrondissement, qui menait l’enquête, fut immédiatement convaincu que celui qui avait abandonné le colis ne pouvait être qu’Adama Sangaré. Celui-ci reconnut le vol de la moto, mais chercha dans un premier temps à mener la police en bateau au sujet du fusil qu’il y avait dans le sac abandonné. Adama Sangaré fut soumis à des questions très pointues. Finalement, il se mit à table. Il était bien le propriétaire du fusil de chasse et c’est bien lui qui avait commis le meurtre sur Baba et violé sa copine.
A la question de savoir pourquoi il avait abattu le jeune diplômé, Adama Sangaré déclara qu’il était sous l’effet de «blènblèn», une puissante drogue. Confronté à la belle de nuit, qui avait déclaré à la police que son violeur avait volé la somme de 75 000 FCFA dans son sac, Adama Sangaré reconnut avoir piqué seulement 60 000 FCFA.
Les enquêtes ne se sont pas arrêtées là, car il fallait bien que l’Inspecteur Traoré, le Chef BR, élucide aussi le tout premier meurtre, celui commis le jour où le violeur avait abattu froidement un enseignant qui volait au secours d’une aide-ménagère dans une concession de Kalabancoro. Cette nuit-là, en effet, un individu armé d’un fusil de chasse, s’était introduit dans une concession dans l’intention de violer une aide ménagère qui dormait dans la cour. La troisième personne qui tenta de voler au secours de la jeune femme fut cueillie mortellement par un coup de feu de l’individu. Malgré tout cela, le psychopathe ne lâcha pas prise. Il entraîna sa victime dans un coin discret et la viola plusieurs fois avant de se débarrasser d’elle.
Adama Sangaré jure toujours qu’il n’est pas l’auteur de ce meurtre. Cependant, il a reconnu être l’auteur de plusieurs cambriolages, dont le casse d’une quincaillerie appartenant à Aly Sagara, en complicité avec un certain Konimba Traoré. L’inspecteur Traoré a aussitôt procédé à l’arrestation de son complice. Pour le moment, les enquêtes continuent pour lever tout le mystère autour de la personnalité d’Adama Sangaré et de ses nombreux méfaits.
Pierre Fo’o Medjo