Après les affrontements meurtriers du 3 juillet dernier sur les sites d’orpaillage de Kobada et Foroko : Les orpailleurs se disent victimes d’abus de pouvoir de la part des gendarmes

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    L’atmosphère sur les sites d’orpaillage de Kobada et Foroko est toujours très électrique. Et ce, depuis que les affrontements meurtriers ont opposé le 3 juillet dernier un groupe d’orpailleurs aux gendarmes. Ces orpailleurs s’opposaient notamment à la volonté de ces derniers qui entendaient les expulser des sites d’orpaillage.

    Selon eux, ce métier pratiqué depuis des millénaires est au même titre que l’élevage et l’agriculture. Ils se disent d’accord pour sa règlementation, mais pas à leur détriment. Ils soutiennent avoir été dans ces localités bien avant l’attribution des permis à la société minière African Gold Group (AGG). Ils estiment que ce sont les gendarmes qui ont été les premiers à les agresser en voulant les expulser de force des sites d’orpaillage sous prétexte qu’il s’agit de l’application d’un arrêté ministériel. Pour eux, l’Etat devait les consulter avant de décider d’attribuer unilatéralement leurs terres à une société minière. Selon eux, depuis les événements du 3 juillet dernier, les sites d’orpaillage sont sur le qui-vive. Ils allèguent que les gendarmes ne cessent de commettre des exactions à leur égard.

     

    D’ailleurs, le samedi dernier, ces orpailleurs ont invité un groupe de journalistes pour constater les dégâts matériels dont les auteurs seraient les gendarmes. Les orpailleurs ont rejeté les allégations de la société AGG qui indiquent que 90% d’entre eux sont des étrangers notamment des Guinéens et des Burkinabé. Ainsi, au village des orpailleurs à Foroko, tout a été soit détruit, soit saccagé ou incendié.

     

    Selon Abdou Sangaré, boutiquier de son état, “ les gendarmes sont intervenus sans ménagement pour détruire mes marchandises en emportant plus de 3 millions de FCFA. Ils ont aussi enlevé d’autres biens et m’ont menacé “. Quant à Fousseyni, il a souligné que les gendarmes lui ont soutiré environ 2 125 000 FCFA. Il a indiqué que depuis les événements du 3 juillet dernier, aucun véhicule ou une moto ne passe sans avoir la visite des gendarmes qui ordonnent les occupants de leur remettre des biens.

     

    A Kobada, c’est la boutique de Amadou Diawara, le frère du chef de village qui a été particulièrement pillée. Lui aussi indexe les gendarmes d’être à l’origine de ces incidents. D’autres maisons et des petits commerces n’ont pas eu plus de chance. Idem dans la localité de Niawléni où les habitants ne comprennent pas l’acharnement dont ils font l’objet depuis les événements du 3 juillet dernier. Là encore, des boutiques, des petits commerces et même des domiciles ont été soit incendiés, soit détruits ou saccagés. Pourtant, les habitants de cette localité soulignent que celle-ci ne fait pas partie des permis de la société AGG. Ils rejettent en bloc les accusations selon lesquelles ceux qui s’en sont pris au site minier de la société à Foroko sont issus de cette localité.

     

    Au cours des affrontements du 3 juillet, les orpailleurs ont affirmé que le bilan est de 4 morts dont un gendarme. D’autres orpailleurs ont été blessés dont certains grièvement avec des armes à feu utilisés par les gendarmes.

     

    Au regard de la situation qui prévaut dans ces localités, une règlementation du secteur ne serait que la bienvenue. Rappelons qu’à ce sujet, le ministère de tutelle prépare un projet de loi destiné à encadrer l’exploitation artisanale de l’or qui, tout en attirant un nombre croissant de bras valides, ne rapporterait aucun sou vaillant au trésor public.

     

    La loi va permettre de doter le secteur d’un cadre institutionnel, de soutenir la formation, de renforcer des organisations professionnelles et de mettre en place des services financiers d’accompagnement. Il va surtout s’agir d’inscrire l’activité dans un projet global et de définir très clairement les responsabilités de tous les acteurs intervenant dans le secteur.

     

    Massiré DIOP

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