Air France au Mali : Traitement xénophobe du personnel

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    Qu’ils soient chefs d’escale, secrétaires, informaticiens ou autres spécialistes dans le domaine des activités du transport aérien, les travailleurs maliens d’Air France commencent à rompre le silence. Surtout, après les mesures, jugées discriminatoires, dont ils se disent victimes. C’était, suite à la signature de l’accord d’établissement qui visait à harmoniser le traitement des ressources humaines au niveau de la Guinée, du  Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. Face à cette situation, les travailleurs maliens d’Air France ont observé un  arrêt de travail à la date du 11 Août 2010. Mais jusque-là, le personnel malien n’y voit que du feu.

    Les travailleurs maliens d’Air France sont convaincus d’une chose : leurs homologues au niveau des représentations de la compagnie en Afrique sont mieux traités qu’eux. Car, arguent-ils, dans tous les pays où Air France est présente, c’est le même système. Les mêmes traitements discriminatoires entre les travailleurs.

    Des méthodes jugées discriminatoires

    Selon un travailleur malien d’Air France, que nous avons rencontré, la promesse faite par Air-France de régulariser le traitement en termes de primes d’avancements en catégorie et de congés comparable à leurs homologues du Sénégal est toujours sans lendemain. Mais ce que notre interlocuteur déplore le plus, c’est le fait que malgré la signature depuis 2004 d’un accord d’établissement par le personnel malien, visant à harmoniser le traitement du personnel au niveau des 4 pays (Guinée, Mali, Mauritanie et le Sénégal), la direction des ressources humaines d’Air France, pratique de la discrimination dans le processus.

    Mais notre interlocuteur assure et rasure qu’il faut 2 ans à Air France au Sénégal pour être cadre contre 4 ans voire 6 ans au Mali. Avant de s’interroger: pourquoi ce traitement ségrégationniste à l’encontre du personnel malien d’Air France ?

    La mort dans l’âme, notre source de poursuivre : « les travailleurs maliens sont obligés d’accepter. Car, l’employeur a tout mis en œuvre pour nous barrer la route ». Avant de conclure : « Vraiment nous demandons aux autorités maliennes d’agir ».

    A en croire un cadre d’Air France au Mali, le traitement est loin d’être équitable entre les travailleurs. Même, à diplôme égal. Selon que vous soyez « Gorgui » (entendez Sénégalais) ou Malien… votre traitement peut varier.

    « A Air France, un Français  touche, à diplôme équivalent, plus gros qu’un cadre Malien. Et plus gros qu’un cadre Sénégalais. Aussi, un cadre Sénégalais, toujours à diplôme égal, perçoit plus lourd qu’un cadre Malien », indique notre interlocuteur.
    Pourtant, notre source indique que le chiffre d’affaire  journalier d’Air France au Mali est énorme.

    Air France, un Etat dans un Etat ?

    Avec son installation au Mali, et l’ouverture du marché malien des transports aériens aux capitaux étrangers, la compagnie aérienne française a investi le domaine, sous l’enseigne commerciale d’Air-France, rebaptisé  Air France KLM.

    Selon un responsable de la boîte, déjà en 2008, où la compagnie procédait à une restructuration, le chiffre d’affaires annuel d’Air France au Mali était estimé à environ 12 milliards de francs CFA. En l’espace de quatre ans, l’exploitation du trafic aérien aurait augmenté de 150%.

    Mais, curieusement, signalent nos sources, les travailleurs maliens n’ont droit qu’à une portion congrue de cette manne financière. S’y ajoute, le nombre très restreint du personnel qui s’élève à 29 travailleurs contre 144 au Sénégal.

    « De toutes les compagnies d’Air France à travers le monde, la représentation malienne est la plus méprisée du groupe. Ailleurs, dans d’autres pays les travailleurs bénéficient d’un traitement princier. Avec à l’appui, des avantages en série », explique un autre cadre d’Air France. Avant de marquer sa stupéfaction : « c’est bien quand il y a un traitement équitable des travailleurs dans une même Boîte. Mais c’est grave, s’il s’agit de supprimer ou de réduire, seulement, les primes des travailleurs d’une représentation du même groupe », conclut-il, en réclamant l’anonymat pour des raisons compréhensibles.

    Lors de leur grève à la date du 11 Août 2010, les revendications des travailleurs maliens d’Air France portaient sur quatre points. Notamment, la revalorisation des points indiciaires par rapport à l’avancement catégoriel sur le personnel de Dakar au Sénégal, l’augmentation de la prime de panier (repas) et de la prime locale annuelle.

    Mais si à Dakar, les 144 travailleurs d’Air France sont les enfants gâtés de la Téranga (Sénégal), au Mali c’est autre chose pour les 29 travailleurs de la compagnie. Ils sont soumis à la diète noire et à des méthodes dignes de l’apartheid. Plus grave, ils sont réduits à l’état d’esclave. Et le hic qui tilt, c’est qu’ils sont les damnés de l’agape.

    Pourtant, la fréquence des vols reste la même dans les deux pays. À savoir, un vol par jour durant chaque semaine. Et curieusement, la différence de traitement entre les ressources humaines dans les deux pays va du simple au double voire le quintuple alors que les travailleurs au niveau des deux pays sont sous la tutelle de la même direction.

    Quelques exemples suffisent pour se rendre à l’évidence des preuves de cette épreuve des traitements jugés discriminatoires par les travailleurs maliens d’Air France.

    D’abord, la prime locale annuelle. Elle va de mal en pis à Air France au Mali. De 90.000F CFA au Mali elle se chiffre à 400.000F CFA au Sénégal. Au même moment, dans les avancements, les employés d’Air France au Mali sont défavorisés par rapport à leurs homologues du Sénégal.

    Et comble de la xénophobie à Air France, le personnel à Bamako ne bénéficie pas de la prime de 13ème mois ; alors qu’au Sénégal on parle même d’un 14ème mois. 
    A suivre
    Jean pierre James

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