« Ce n’est pas le jour du sacrifice que les bénédictions deviennent réelles», dit un adage. Dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5 décembre, le Chef de cabinet du ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales en charge de la Décentralisation, Brahima Koné, a été attaqué au fusil à son domicile vers 3 heures du matin dans le quartier de Kalaban-Coro Nèrèkoro, face au côté Ouest du terrain d’entraînement de l’ASB, par un groupe de bandits armés. Avec des pistolets de fabrication artisanale, les malfrats ont ouvert le feu sur lui et ont logé sept plombs à son épaule droite avant d’enlever un congélateur de 6 compartiments.
Le drame subi par Brahima Koné a jeté le froid dans le dos de plus d’un au sein du département en charge de la Décentralisation et dans son voisinage. Telle une trainée de poudre, elle s’est répandue à travers la ville. Certains pleuraient à chaudes larmes. D’autres, marqués à blanc, s’interrogeaient. Quelles sont les raisons qui ont motivé cette fusillade sur la personne du chef de cabinet ? Quel genre d’individus lui ont tiré dessus ? Des délinquants ou des ennemis ? Et chacun y aller de sa réponse.
Selon la victime que nous avons rencontrée, son fils devrait arriver cette nuit-là de Sikasso. Comme d’habitude, il venait de finir sa prière. C’est lorsqu’il s’apprêtait à retourner au lit qu’il fut intrigué par un bruit venant du dehors. Pensant que son fils était déjà là, il sortit du salon pour en savoir plus. C’est alors que son attention fut attirée par une silhouette sur le côté ouest de la concession. Mais il ignorait que l’intrus était accompagné par un autre individu qui s’était embusqué au niveau du côté est de la maison. Ayant compris de quoi il s’agissait, le Chef de cabinet tenta de retourner dans sa chambre. Mais mal lui en prit, car son vis-à-vis ouvrit le feu sur lui. La suite est connue : Brahima Koné est atteint par sept balles de plomb à l’épaule droite. Et au moment où il tombait évanoui, les bandits embarquèrent le congélateur de la famille à bord de leur véhicule.
Contrairement à ce que rapporte le journal « Kabako », comme la version des bidasses en chef de la gendarmerie de Kalaban-Coro, le Lieutenant Sékou Boukadère Dagnoko, et son adjoint, le Major Sékou Koné, ces derniers n’ont jamais engagé une poursuite pour rattraper les délinquants. Et c’est après avoir transporté le blessé au CHU Gabriel Touré que sa famille a porté plainte à la gendarmerie le lundi matin. Mais le chef de cabinet ne doit sa survie qu’à un mouvement de reflexe qui a fait qu’il n’a pas reçu de plombs dans le thorax.
Paradoxe
Cette agression suscite des commentaires au sein de la population du secteur de Kalanban-Coro Nèrèkoro. Pour les uns, il y a un paradoxe, surtout que cette fusillade coïncide au fait que Brahima est parvenu à fermer un débit de boisson dans son voisinage, dans la cour du terrain d’entraînement du club de football ASB (Association Sportive de Bamako), un maquis dont les recettes sont encaissées par Hamalla Nimaga, président de l’ASB. Du coup, les questions fusent de tous les côtés dans le secteur. Certains soutiennent même que cette agression est un règlement de comptes
Depuis lors, rien ne se passe comme prévu à la gendarmerie de Kalaban-Coro. Alors que l’insécurité s’accentue dans le quartier, surtout dans le secteur de Nèrècoro. Et au sein des populations, c’est déjà la levée de boucliers face à l’ampleur du banditisme et aux criminalités à la pelle qui sont classées sans suite. A tout cela s’ajoute le laxisme de la gendarmerie du quartier face aux mesures à prendre. Autant de situations qui font que les habitants de Kalaban-Coro ont perdu toute confiance en la gendarmerie de leur quartier. La consternation se lit sur tous les visages, la colère couve et la tension plane dans l’air, surtout que ces dernier temps, les délinquants opèrent et tuent « à ciel ouvert et à visage découvert » dans les secteurs du quartier. « Pour des gendarmes censés connaître le nid des bandits, ce ne sont réellement pas les moyens matériels qui manquent pour mener à bien la mission. C’est surtout une prise de conscience sous-tendue par un devoir civique qui manque à ces agents dont le comportement est décrié à juste raison par les citoyens. Faute de quoi, la politique sécuritaire mise en place est purement vouée à l’échec », a déclaré un administrateur civil du quartier. Il ne croit pas si bien dire. Aujourd’hui, la gendarmerie de Kalaban-Coro a du pain sur la planche, car ni les patrouilles d’envergure, ni les intimidations des agents de cette brigade ne réussissent à assainir la situation dans ce secteur. Une Affaire à suivre donc !
Jean pierre James