Affrontement intercommunautaire à San vendredi dernier : Un mort, quatre gendarmes blessés dont un grièvement et cent trente arrestations

    0

    Les habitants des villages riverains du seuil de Talo, dans le Cercle de Bla, ont vécu un week-end cauchemardesque. En effet, ne s’étant pas compris sur la gestion concertée des plaines aménagées, certains s’en sont pris aux gendarmes dépêchés  sur les lieux, en usant d’arme blanche et de fusils de chasse. Le bilan est lourd : un mort du côté des villageois, quatre gendarmes blessés dont un grièvement à l’œil et cent trente arrestations. Le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales et celui de la Sécurité intérieure et de la protection civile se sont réunis pour circonscrire ce conflit intercommunautaire en envoyant des émissaires dans la zone.

    Le conflit intercommunautaire est né de l’aménagement du seuil de Talo, dans le Cercle de Bla, dont les travaux ont commencé en 2005. Quand le seuil a été aménagé, l’eau a débordé sur les terres arables, favorisant du coup la riziculture dans une zone jadis propice à la culture du mil. Le riz étant plus rentable que le mil, toutes les populations se sont ruées vers la riziculture.

    Les villages environnants qui jouxtent les eaux se sont rapidement appropriés les terres pour ensuite les découper et les vendre. Trois villages, notamment Djèguèna, Ngoa et Djeli se sont réunis pour proposer une gestion concertée au profit des 32 (selon le préfet) ou 33 villages selon (le Général Kafougouna). A la réunion convoquée à cet effet, les participants ont estimé que la gestion pouvait être confiée aux villages de Dalla, Dinso et Léra. Pourquoi ? La question est restée sans réponse.

    Après une année passée dans cette gestion concertée, les autres villages ont constaté que les trois villages désignés vendaient les terres à 10.000 FCFA l’hectare. Pire, ils n’ont jamais rendu compte de leur gestion jugée catastrophique par les mandants. C’est ainsi qu’il a été, une nouvelle fois, décidé de confier la gestion de ces terres, qui alimentent de grosses spéculations, à six autres villages au profit de l’ensemble des populations. "Les nouveaux gérants" ont procédé au morcellement des 5.197 hectares au bénéfice de tous les villages concernés.

    Malheureusement, dans la mise en œuvre de cette répartition, les villages de Dalla et Dinso ont vigoureusement rejeté cette gestion concertée. Pour montrer leur désapprobation, les populations des deux villages précités sont allées détruire toutes les plantations des autres villages. C’était le vendredi 22 juillet. Ces derniers ont voulu se rendre justice car, disent-ils, c’est leur honneur et leur dignité qui ont été atteints, mais ils en ont été dissuadés par  Kafougouna Koné et Sadio Gassama, respectivement ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales et de la Sécurité intérieure et de la protection civile.

    Pour éviter une implosion certaine, des éléments des forces de sécurité ont pris position sur les lieux et procédé à des interpellations (57 entre les 22 et le 23 juillet). Les interpellés ont été mis à la disposition de la justice. Le lendemain, 24 juillet, les gendarmes en patrouille ont été, par surprise, attaqués par des villageois à l’arme blanche et aux fusils de chasse. Le bilan est lourd : un mort côté assaillants, quatre gendarmes blessés dont un grièvement. Ce qui, naturellement, a nécessité l’envoi d’un renfort le même jour, occasionnant l’interpellation de 73 personnes. Celui qui est mort se nomme Kassoum Coulibaly, âgé d’environ 30 ans et ressortissant de Dinso. Selon une source hospitalière de San, il serait mort suite à un traumatisme. Faux, rétorquent ses parents qui estiment qu’il a tout simplement été abattu. Pour éviter toute accusation facile, le corps du défunt a été transporté à Bamako pour une autopsie afin de déterminer la cause exacte de sa mort.

    Afin de baisser la tension, les ministères concernés ont ordonné aux populations de mettre fin aux affrontements.

     Au même moment, ils ont dépêché des représentants pour présenter les condoléances du gouvernement aux parents du défunt. Par ailleurs, les émissaires ont fait comprendre aux populations que la cohabitation exige l’acceptation des uns par les autres. Enfin, une mission se rendra très prochainement dans la zone pour concilier les différentes parties.

    Diakaridia YOSSI

     

    Commentaires via Facebook :