Il est considéré comme l’un des plus grands criminels de l’histoire du Mali, c’est pourquoi le récit de sa vie fait vraiment froid dans le dos. Dans cette belle rétrospective historique, nous vous ferons (ré) vivre quelques faits divers, parmi les plus mémorables et tragiques tirés de la mémoire collective, ainsi que des précieuses archives de la presse nationale.
Sidiki Konaté restera sans aucun doute, comme l’un des plus grands monstres de l’histoire du crime au Mali. Il a été arrêté, jugé et exécuté en 1975 à Gao, où il a commis la majorité de ses crimes. Après son arrestation et la découverte de la manière atroce dont il éliminait ses victimes, l’opinion publique en fut profondément bouleversée. Il leur faisait observer un poison violent la strichnine utilisée par les vétérinaires au Nord de notre pays pour éliminer les fauves(le poison est injecté dans les cadavres d’animaux et les fauves qui en mangeaient mouraient).Il se procurait le produit mortel aux services de l’Elevage en faisant croire qu’il l’utilisait contre les fauves. La strichnine, il la délivrait à ses victimes dans un flacon mélangé de la crème et du lait. Il leur demandait de boire la solution dans leurs toilettes et jeter ensuite le flacon dans la fosse. Ce qui faisait disparaitre toute trace des causes de cette mort brutale. L’énigme était donc totale : des morts entièrement inexpliquées se produisent en outre dans un lieu parfaitement inattendu, les toilettes.
Ce qui traumatisa encore plus les populations de la cité des Askias, c’est que les victimes étaient loin d’être des anonymes. Touré, directeur régional de la Société malienne des peaux et cuirs, Malick N’Diaye commandant de cercle de Bourem, le chef de village de Tacharane (un village situé à quelques kilomètres de Gao), Sidiki Maiga, une jeune peintre en route vers la renommée, Kassé, un jeune commerçant. Avec toujours ses victimes, on apprit plus tard que Konaté procédait de la même manière : il leur soustrayait de grosses sommes d’argent en leur faisant croire, qu’il les rendrait très riches et après les avoir dépouillés, il les élimine à la strichnine.
Pour reconstituer l’histoire de Sidiki et n’ayant pu bénéficier de sources écrites(les archives furent impossibles à consulter au niveau de la justice parce que mal conservées) nous avons fait recours au souvenir de certains qui l’ont connu ou qui étaient à Gao au moment de son arrestation. C’est le cas d’Ali Badi Maiga, un notable et un grand commerçant de Gao. Il était jeune boutiquier auprès de son grand frère Farka Maiga, chef de peloton des gardes à Kidal. A cette période, Sidiki était détenu dans ce bagne. Nous avons bénéficié aussi, du souvenir encore vivace de ce commissaire qui était encore sur les bancs en 1975 et qui gardait en mémoire les circonstances de l’arrestation de Sidiki.
La dernière victime, se rappelle le commissaire, était un jeune commerçant dont il ne souvient pas du nom mais qui était le beau de Balabo Sy, un bijoutier célèbre de Gao. Le jeune commerçant en allant voir son marabout s’était fait accompagner de son fils de 5 ans. Le petit vit donc Sidiki remettre un flacon à son père. De retour à la maison, le jeune commerçant avant de s’isoler dans les toilettes pour avaler le produit revint sur ses pas et informa sa femme de ce qu’il allait faire.il lui expliqua qu’il fallait prendre un produit qui est censé le rendre riche, mais que s’il mourait, elle devrait savoir que ce serait à cause de ce qu’il allait avaler.
Peu de temps après son corps sans vie était retrouvé dans les W.C, son épouse donna aussitôt l’alerte, mais ce fut après l’inhumation qui allait se produire l’incroyable. Le fils du commerçant qui ne cessait de demander où se trouvait son père auquel il était très attaché obligea sa mère à lui avouer toute la vérité. Le petit sans sourciller indiqua à sa mère ébahie qu’il connaissait le domicile de celui qui avait donné le produit mortel à son père. Et sans aucune difficulté il conduit les policiers jusqu’à Sidiki qui fut immédiatement appréhendé .Mais parmi les victimes de Sidiki celui qui mourut de la manière la plus pénible fut sans conteste l’un des muezzins de la mosquée de Gao Bangou KOy.
L’empoisonneur ne lui donna pas de la strichnine, mais la victime ne se relèvera jamais de l’épreuve à laquelle le faux marabout le soumis et il décédera peu après l’arrestation de Sidiki. A ce vénérable homme, Sidiki fit croire qu’il pouvait transformer une pierre en or. Il lui remit une grosse pierre avec des consignes précises. Le muezzin devait s’isoler dans un coin de sa maison, se mettre complément nu et avec un éventail éventer sans discontinuer deux semaines durant cette pierre qui au bout de ce laps de temps se transformerait en lingot d’or. Bangou Koy transporta a pierre soigneusement enveloppée au premier étage de sa maison qu’il vida de tous ses occupants et dont il interdit l’accès aux membres de sa famille. Il laissa la consigne de ne laisser passer à lui aucun visiteur. Les seuls contacts qu’il avait avec reste du monde, c’était lorsqu’un parent lui amenait ses repas.
Quelques jours après son entrée en retraite, une de ses épouses décéda. Lorsqu’on vint lui annoncer la triste nouvelle, il se contenta de répondre « que Dieu ait pitié de son âme ».il ne participa pas obsèques et ne reçut les parents et visiteurs venus présenter leurs condoléances. Bangou Koy n’avait d’autres choses à faire que d’éventer « sa » pierre. L’arrestation de Sidki intervint avant que ne soit écoulé le délai des deux semaines fatidiques. A l’annonce de la nouvelle, Bangou Koy s’effondra littéralement et comprit que le marabout l’avait trompé d’une des manières les plus humiliantes qui soit. Il sortit de cette épreuve complètement brisé et s’enferma dans un mutisme complet. Il décédera peu après dans une grande détresse.
Sidiki qui serait originaire de la Haute volta (actuel Burkina Fasso) est arrivé en 1958 à Kidal en provenance de Bamako, se souvient Aly Badi Maiga. Les instructions à son endroit étaient très strictes. Il était désigné comme un « élément dangereux à surveiller de très près ». Le marabout constamment enchaîné était toujours enfermé dans sa cellule. Mais très vite il s’attira la sympathie et la confiance de certains gardes qui allégèrent considérablement ses conditions de détention. Il est même autorisé à sortir de l’enceinte de la prison et à participer à certaines corvées en ville. Il fut même utilisé aux travaux de la route de Kidal- Boureissa.
Mais déjà les plaintes à son encontre commencèrent à pleuvoir contre lui sur des tentatives d’escroqueries.
En 1960, Sidiki fut libéré après avoir bénéficié d’une grâce et il s’installa en Côte d’Ivoire. Il rencontra là un de ses anciens compagnons du bagne de Kidal auquel il fit croire que ce dernier était l’objet de recherches. Sa victime se laissa longtemps abuser, puis fatifuée d’être sans cesse pressuré, elle porta plainte contre lui. Arrêté, Sidiki sera transféré à Bamako, puis à Kidal. A cette période, le chef de peloton était Farka Maiga qui faisait appliquer à la lettre les consignes. Sidiki qui n’apprécia pas du tout cette surveillance très stricte tenta de soulever contre Maiga les autres gardes.
Mais le chef de peloton sortit vainqueur de cette épreuve, ce qui valut à Sidiki d’être envoyé à N’Taoudeini à 25 Kilomètres de Kidal. Là il rentra très vite dans les bonnes grâces du chef de peloton et du jour, il profita de cette surveillance allégée pour se rendre à Kidal. La nuit, il entra par effraction à la perception dont il vida la caisse et prenant soin d’emporter aussi certains documents. Farka Maiga à la suite d’enquête minutieuses découvrira le voleur, Sidiki qui avait imposé son emprise presque complète à N’Tadeini. En 1963, Sidiki, qui était à Kidal apprit la visite du président Modibo Keita dans cette localité. Il serait alors allé voir Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré du PSP détenus à Kidal eux aussi. A ces hommes politiques, il aurait proposé de les aider à se débarrasser de chef de l’Etat. Personne ne put dire ce que ces derniers lui répondirent mais Sidiki saisit le gouverneur Diby Silias Diarra auquel il fit croire que Fily Dabo Sissoko et ses compagnons l’auraient contacté pour travailler pour eux en vue d’éliminer le président. C’est à la suite de cette dénonciation que ces hommes politiques auraient été exécutés dans un simulacre de tentative de fuite après une attaque de rebelles. Pour avoir aidé à éviter ce «complot», Sidiki était rentré dans les bonnes grâces du tout puissant gouverneur de Kidal. Peu de temps après, il sera libéré et retournera en Côte d’Ivoire.
En 1965, Sidiki débarqua de nouveau à Kidal mais cette fois-ci en homme libre. Dans ces bagages, il transportait une importante quantité de faux billets qu’il entreprit d’écouler tranquillement. Ses activités malsaines finirent par exaspérer Diby qui l’invita à quitter Kidal. C’est ainsi qu’en 1968, notre homme s’installa dans la cité des Askias et débuta ses activités macabres. Il opérait avec l’aide d’une troupe de rabatteurs qui lui amenaient ses futures victimes.Après qu’ait été dévoilée la manière cruelle dont il éliminait ceux ce qu’il a au préalable dépouillés, un grand frisson de terreur rétrospective parcourut les rangs des commerçants de Gao. Tous se considéraient comme des miraculés ayant échappé à une mort brutale. Tous étaient en effet sur la liste de Sidiki et n’eut été l’arrestation de ce dernier, ils auraient subi le même sort que les autres victimes. L’un d’eux, Souma Moussa Maiga, avait été contacté et devrait passer voir Sidiki qui fort heureusement pour sa probable victime fut démasqué auparavant.
Après l’exécution de Sidiki, Gao a été balayé par une tornade. C’était une manière disent certains, de laver la ville de souillure amenée par le faux marabout.
Source : L’Essor
Trés beau témoignage. Le journaliste devrait chercher aussi à se renseigner sur “Mossi Seydou”: celui là meme qui etait un présumé coupeur de tetes: c’etait dans les années 80. Si quelqu’unà des info…
De tels scénariaux se font tous les jours,et cela pour l’amour des biens de ce bas monde.cher journaliste continué ainsi et cela servira de leçons à beaucoup.
J’aime des articles comme ça, c’est vraiment incroyable. ça nous informe et nous enseigne un peu d’histoire. Sacré Sidiki, on a l’impression que le demon avait séjourné parmi nous. Souvent des histoires comme ca permettent de se poser bcp de questions
J’ai vu ce monsieur enchaine dans l’avion partant pour gao te j’avais dix ans a l’epoque.Mon pere travaillait a l’ASECNA a l’aeroport de gao.Il etais grand de taille teint noir avec sa tete rasee.D’apres mon pere , il a assister a l’execution de Sidiki.A mon jeune age c’etais la premiere fois que j’entendais qu’un homme a tue tant de personnes.
tout etait vrai comme tuerie au poison tout comme la maniere d’utulisation.
Un veritable mauvais souvenir pour moi.J’ai plus de 50 ans maintenant..
Merci pour le témoignage gueleen.
Par contre, pour le coup de l’éventail, je n’ai vraiment pas pu m’empêcher de me marrer.
Merci pour votre temougnage Gueleen. On apprecie ca rajoute de la credibilité à cette histoire.
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