S’il y a une chose que Georges Francis regrettera toute sa vie, c’est d’avoir refusé l’offre du président de la République Amadou Toumani Touré. Il vient, à l’insu de son avocat, d’interjeter appel de la décision du tribunal de Première instance de la C III qui condamne l’Etat malien à lui payer 364 680 902 FCFA. Et à juste titre d’ailleurs, parce qu’il sait que cette somme risque de compter pour du beurre, l’Etat ayant décidé de lui faire payer tous les droits et taxes inhérents à l’exploitation pendant plus d’une décennie, des domaines qu’il vient de lui exproprier. En sus, Georges Francis sera obligé de restituer les 200 millions qu’il a pris avec les libyens pour la vente le site attenant au Grand Séminaire de Samaya. Somme qu’il a utilisé pour arroser copieusement certains magistrats de la place.rn
ATT, légaliste jusqu’au bout
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Le Président Touré, toujours respectueux de l”autorité de la chose jugée, avait au terme des rapports faits par son secrétaire particulier, Mangal Traoré et certains hauts magistrats de la Cour suprême, décidé de prendre la responsabilité historique de donner à Georges Francis en compensation des biens querellés, des terrains et des bâtiments de l”Etat afin de trouver une solution définitive au litige qui l”oppose à l”Eglise catholique du Mali. En plus de ces terrains et bâtiments, l”Etat malien se proposait de donner au sieur Georges Francis la somme de 150 millions.
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Sans doute galvanisé et aiguillonné par certains amis magistrats véreux qui lui faisaient savoir qu”il tenait le bon bout-, Georges Francis, au lieu de se contenter de cette offre exceptionnelle de l”Etat, monta la barre trop haut en exigeant la bagatelle de… 2 milliards de nos francs. Cette attitude irrévérencieuse qui frise le chantage provoqua une forte poussée d”adrénaline chez le Président Touré, lequel décida de prendre le décret d”expropriation tout en ordonnant de mettre fin à toute transaction avec Georges Francis à qui, il conseilla de se tenir tranquille sous peine d”être déclaré persona non grata et d’être expulsé purement et simplement du Mali. Il n’en aura pas besoin parce que c’’est plutôt Georges Francis qui risque de quitter le Mali sur la pointe des pieds parce qu’il ne verra pas la couleur des 364 millions FCFA.
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L’Etat se fera d’abord payer droits et taxes immobiliers et impôts qui s’élèveraient selon nos sources à plusieurs centaines de millions de nos francs. Mal conseillé par ses amis juges, il n’aura plus aucune maison, aucun terrain en compensation, l’offre présidentielle étant remise aux calendes grecques.Le 20 décembre dernier, le président Touré a pris le décret N° 06-511 P-RM portant autorisation et déclaration d”utilité publique des propriétés, objets fonciers N° 2215. 2216 (Ndlr : L”Eglise Notre Dame du Liban, que Georges a morcelée en 2 titres), 1476 de Bamako (Hôtel des Cèdres) et N° 2863, 13133 de Kati, (Le séminaire de Samaya) conformément aux disposi¬tions du Code Domanial et Foncier. Ces différents titres fonciers volés à l”Eglise Catholique seront tous bien¬tôt remis à l”Archevêché de Bamako, son propriétaire légitime. Il est à remarquer que le terrain de Kabalabougou objet du titre foncier N° 3903 ne figure pas sur ledit décret.
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Une omission signalée par Mgr Jean Zerbo, Archevêque de Bamako à Mme Soumaré Aminata Sidibé, le Ministre des Domaines de l”Etat et des Affaires Foncières, laquelle, prendra, selon une source que nous avons contactée, dans les plus brefs délais les mesures idoi¬nes à cet effet. La communauté catholique attend avec impatience le décret d”application pour reprendre ses biens que lui a volés la famille Francis, malheureusement, avec la complicité de certains juges ripoux de notre pays, indépendants de tout, sauf de l”argent sale, pour paraphra¬ser Fanta Sylla, le Ministre de la justice et Garde des sceaux.
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Dans cette affaire, il faut sur¬tout saluer la pondération des autorités catholiques, notamment celle de Mgr Jean Zerbo, l”Archevêque de Bamako et du Vicaire Abbé Sylvain. Lesquels ont su canaliser les jeunes catholiques qui étaient prêts à en découdre avec Georges Francis depuis le jour où ce dernier a eu l”outrecuidance de faire démolir les bâti¬ments du Grand Séminaire e Saint Augustin de Samaya. Une leçon d”humilité et de sagesse devant les épreu¬ves auxquelles nous soumet le Seigneur. Le Seigneur qui finit toujours par faire triompher la Vérité.
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Adama Dramé
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Affaire Père Youssef / Archevêché du MaliLa version des Evêques suite à la situation douloureuse que vit l”Eglise du Mali, la conférence épiscopale a produit un texte expliquant les faits.
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Bien chers frères en Christ, Que la grâce et la paix vous soient données de par Dieu notre Père et Jésus Christ le Sauveur! Nous venons de vivre ensemble à Kita, aux pieds de notre Dame du Mali, le 35è pèlerinage national, sur le thème : Marie, consolatrice des affligés, pèlerinage au cours duquel, nous avons porté dans nos prières les peines et les souffrances de notre pays et de ses habitants.
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Puisse notre ferveur contin¬uer de monter vers Dieu par Marie, afin que tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme, puissent retrouver paix et quiétude. Au lendemain du pèlerinage, nous siégions sur les sites mêmes de Kita pour notre conférence ordinaire lorsque dans la matinée du lundi 21 novembre, ta nouvelle nous parvenait de Bamako, qu”une partie de notre Institution Grand Séminaire de Samaya était en proie à la destruction ordonnée par la Cour Suprême, suite au différend qui opposait depuis plus d”une décennie d l”Eglise du Mali et M Georges Francis, neveu du Père Youssef Joseph Francis.
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L”annonce d”une telle nouvelle a immédiate¬ment mis fin à nos assises à Kita, pour nous ramener sur les lieux du drame. Le constat fut insupportable : l”atelier des élèves a été totalement saccagé, un dortoir de 14 chambres a été à moitié amputé et une partie de la bananeraie a été détruite, ne parlons pas du moral de nos étudiants séminaristes et de leurs formateurs, atteints au plus profond d”eux-mêmes. Nous voudrions par la présente, vous donner un éclairage sur l’affaire Francis et notre point de vue quant à la ligne de conduite face à une telle situation. Oui , notre peine s’ajoute à celle de tant de Maliens et de Maliennes outragés dans leur dignité.
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Cette affliction est d’autant plus grande que le combat est parti de l’intérieur de l’Eglise elle-même « Le ver est sorti du fruit pour détru¬ire le fruit". En effet, l”affaire Francis remonte aux années 59 où l”Eglise du Mali avait fait appel à la Sacrée Congrégation pour le rite oriental à Rome pour, l”envoi d”un prêtre de rite maronite auprès de la communauté catholique libanaise au Mali. Ce prêtre, du nom de Youssef Francis, a séjourné parmi nous assumant sa mission, et en cherchant aussi les moyens. C”est ainsi qu”il a pu, au nom de la mission, et avec la participation des autres : chrétiens libanais, acquérir des biens pour la mission qu”il a mis en son nom, car disait-il, la loi malienne ne lui permettait pas en son temps de le faire au nom de l”ordre qu”il représentait.
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Mais en plus de cette démarche louable, le Père s’était engagé dans un commerce flou qui lui a valu les soupçons de la sécurité, jusqu”à son expulsion en 1974. Après lui, d”autres mission¬naires sont venus servir, et le dernier qui représentait l”ordre maronite a été expulsé sur ordre du neveu du Père Francis. En effet, une fois rendu en France, le père Francis avait refusé de céder les titres qu”il possédait en son nom à son ordre. Seulement, en 1980, sans doute saisi de remord par rapport à ses agissements Il fit un testament, dans lequel il reconnaissait que les propriétés qu”il s”é¬tait acquises au Mali ne lui appartenaient pas mais étaient le bien de l”Eglise maronite• et qu”aucun des ses ayant- droits ne devait prétendre à les posséder ; mais curieusement•• à sa mort le 22 septembre 2004, un autre testament remet ces biens à son neveu Georges Francis. C”est ce dernier qui, venu au Mali depuis 1990 a engagé des procès en vue de gagner définitivement tous les biens de son oncle. Même le décret du Président Alpha Oumar Konaré qui remettait ces biens de l”Eglise n”a pu tenir devant les membres de la cour constituée pour cette affaire.
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Les recommandations du président Amadou Toumani Touré, de ne pas toucher à nos locaux, n”ont pu être considérées. Et le lundi 21 novembre, l”huissier de justice qui avait ordre de faire exé¬cuter la décision de la Cour, s”est armé de gaz lacrymogène et de balles blanches et a commencé la démolition des bâtiments construits sur la partie litigieuse du terrain, partie que l”Eglise avait achetée en 1990 à l”Eglise maronite et pour laquelle elle avait obtenu tous les permis de construire.
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Que dire de cette "affaire"
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Nous sommes indignés, affligés et nous rejoignons Marie Notre Mère,Consolatrice des affligés pour qu’elle nous aide à mettre à son écoute et à l”imiter, elle qui était au pied de la Croix, vivant une souffrance atroce. "Des païens ont saccagé ton domaine. Nous sommes la risée des voisins, la fable et le jouet de l”entourage" Ps 78. Aide-nous Seigneur, pour la gloire de Ton Nom. 2. L”amour de l”argent et la cupidité s”étaient installés dans le cœur de notre frère Père Francis, tout prêtre qu”il soit ; en 1980, il a essayé de se ressaisir et il a fait ce testament de vérité, disant que ce qu”il s”était acquis au nom de sa mission ne sont pas ses biens propres mais ceux de l”Eglise.
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En 1990, il est de nouveau retombé dans cette cupidité, pour faire hériter de nouveau son neveu des biens qui ne sont pas à lui. L”homme a besoin de Dieu, mais très souvent, il se laisse détourner par les biens que Dieu procure, au risque de tourner le dos à Dieu pour en devenir son ennemi. Nous tous ; qui sommes au service de l”Eglise, prêtres, religieux, religieuses, laïcs, ces événements nous invitent à lire les signes et le mes¬sage qui nous sont adressés. Lorsque nous agissons au nom de l”Eglise, prenons garde, de laisser des contentieux derrière nous par suite de• manipulation cupide avec les biens de l”Eglise. 3.
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L”Eglise ne se bat pas pour défendre des biens matériels mais les valeurs humaines de justice, de-vérité et d”équité et cela ne fait que la confirmer dans sa lutte pour que l”homme malien se mette débout et s”inscrit dans la ligne droite des efforts de notre gouvernement pour un Mali plus fort, plus juste, plus paisible, aussi nous nous engageons à poursuivre la recherche de la vérité jusqu”à ce qu”elle éclate. Et nous n”aurons de cesse que lorsque la lumière sera faite sur l’affaire Père Youssef Francis". Nous œuvrerons en outre pour que la vraie nature de l”Institution Eglise soit connue, reconnue, acceptée et respectée. Nous regrettons fortement que notre honorable justice ait vécu ce procès dans l”ignorance et la méconnaissance de l”Institution Eglise, malgré les informa tions et les explications données. Est-ce de la mauvaise foi ou la malveillance ?
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Quand bien même des individus peuvent acquérir des biens dans l”Eglise, aucun fondateur de paroisse ne peut se constituer propriétaire d”une paroisse et de ses œuvres, encore moins prétendre à les léguer en héritage. 4. Nous voici bientôt dans le temps de l”Avent, temps de préparation à la venue du Sauveur. Il nous faut vivre ces événements à la lumière de la foi qui nous anime. Dieu nous fait comprendre, que, même si les hommes semblent dormirent sur leurs richesses et se croire tout permis en bannissant toute règle humaine du bon sens dans leur vie quand bien même, l’homme pense qu’il peut tout acquérir à partir des biens matériels, même la vérité, Dieu ne dort pas. "Non, il ne dort ni ne som¬meille le gardien d”Israël. Ps 121,4".
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Et chaque chrétien qui vit dans l”attente de l”avènement de l”Emmanuel, "Dieu parmi” nous", doit rester éveillé et veiller pour les situations d’injustice, d”escroquerie et de misère dues à la cupidité des hommes, soient extirpées du dedans de lui-même de son entourage, de son milieu de vie. Ainsi, pourra-t-il préparer pour le Seigneur qui vient, une place qui lui soit digne. Et la manière de s”y prendre, ne se trouve pas tant dans la force des bras humains, mais dans la sagesse qui vient de Dieu, dans la prière communautaire et personnelle; qui nous permet d”analyser les situations pour y faire face.
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Nous demandons à chaque communauté de faire une neuvaine de prière pour demander pardon à Dîeu, car notre faute, le « temple de Dieu a été profané", et pour demander que cette affaire soit close dans ce courant de 2005. Nous vous invitons tous et toutes à mieux connaître et faire connaître l”Eglise, à aimer l”Eglise et à la défendre, à servir l”Eglise et non à se servir de l”Eglise. Que le Dieu d’amour demeure toujours avec vous !
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Bamako, le 25 novembre 2005
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Les évêques de la conférence épiscopale du Mali Mgr Jean Gabriel Diarra, Evêque de San ; Mgr Jean Zerbo, Archevêque de. Bamako; Mgr Joseph Dao, Evêque de Kayes ; Mgr Augustin Traoré, Evêque de Ségou ; Mgr Georges Fonghoro, Evêque de Mopti ; Mgr Jean Baptiste Tiama, Evêque de Sikasso NB : Lès titres et intertitres sont de la rédaction.
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