Affaire Huicoma : Ce qu’il faut savoir

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    Dans l’affaire Huicoma, ce qu’il faut savoir c’est que les arriérés de salaires, au titre des mois de janvier, février, mars, avril et mai 2010 ont été payés aux 264 agents qui sont en sit-in à la Bourse du travail depuis le 10 novembre 2009.

    Les indemnités légales supplémentaires, qui n’auraient pas été payées selon certains, ont été pourtant versées aux 401 agents qui ont été licenciés pour raison économique, de même que les indemnités de réinsertion et des indemnités négociées.

    Ce qu’il faut également savoir, c’est que les indemnités légales, les indemnités de réinsertion et des indemnités négociées ont été payées à une centaine d’agents, qui font partie des 264 qui sont à la Bourse du Travail, mais qui veulent aller en retraite par anticipation.

    La Direction Générale d’Huicoma a accepté que cent soixante agents, sur les 264 qui sont à la Bourse du Travail, reprennent le travail au sein de l’entreprise, l’UNTM se portant garante de leur bonne conduite. Des indemnités de réinsertion ont été payées à 113 Agents, qui, d’après les travailleurs, auraient été abusivement mis à la retraite d’office, avant terme. Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que la Directiond’Huicoma est assurée actuellement par une administration provisoire.

    Les six premières attentes financières des travailleurs d’Huicoma, selon les modes de calcul, ont une incidence financière de 18 à 22 milliards de F CFA; soit en moyenne, pour chaque travailleur, de 23 à 29 millions de FCFA. A titre de comparaison, si l’on avait réparti le produit de la vente des actions d’Huicoma, c’est‑à‑dire les 9 000 000 000 de FCFA, entre les travailleurs d’Huicoma, exclusivement, en moyenne chacun aurait perçu seulement 11 250 000 FCFA, soit moins de 40 % de leurs attentes d’aujourd’hui.

    A ces sept attentes des travailleurs d’Huicoma, voilà les réponses du Gouvernement. Initialement, les 264 agents d’Huicoma étaient à la Bourse du Travail parce qu’ils avaient des arriérés de salaire. Dans la première semaine de janvier 2010, tous les arriérés ont été payés. En conséquence, il n’y a plus de raison de poursuivre le sit-in. Les appels de leur Direction sont restés sans suite. Il y a eu une rupture unilatérale du contrat de travail. Dès lors, juridiquement, ils sont considérés comme grévistes, et ils n’ont donc pas droit à leurs salaires. S’ils sont considérés comme démissionnaires, ils n’ont pas non plus droit aux salaires.

    Les preuves sont là. D’abord la note de service N°001/DRH/KKH/MK du 09 février 2010, du Président‑Directeur Général d’Huicoma, Alou Tomota, qui demande à tous les travailleurs de rejoindre leur poste d’affectation le mercredi 10 février 2010 à 07H00 précises. Le 10 février 2010, au lieu d’une reprise de travail, le Président de la Commission des Travailleurs d’Huicoma à la Bourse du Travail a adressé une lettre au Secrétaire Général de l’UNTM, pour lui dire que les travailleurs ne rejoindront pas la Société tant que celle‑ci est sous administration de Mr Tomota.

    Le 09 mars 2010, le Gouverneur a adressé un message au Ministre de l’Industrie, des Investissements et du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, pour l’informer que suite au recrutement de travailleurs saisonniers, les travailleurs d’Huicoma de la Bourse du Travail avaient pris d’assaut l’usine de Koulikoro pour empêcher le redémarrage des activités de ladite usine. Il a donc pris des dispositions pour dégager les lieux et tenir une réunion d’apaisement, à la suite de laquelle le calme est revenu.

    Si, toutefois, des indemnités légales restent à payer aux 401 travailleurs licenciés pour raison économique, la demande est à formuler à l’employeur, qui est Huicoma; mais pas à l’Etat. D’autant que les travailleurs licenciés reconnaissent avoir perçu une partie de leurs indemnités légales de la part de leur employeur. Si le malentendu persiste, il est loisible aux travailleurs d’ester en justice.

    Par ailleurs, après investigations, il est ressorti que les travailleurs licenciés pour raison économique ont déjà saisi la justice pour ce motif. Le juge d’instance les a débouté «parce qu’il ressort de l’accord intervenu entre les parties que les droits auxquels les travailleurs pouvaient prétendre leur ont été payés par chèque bancaire, qu’aucun travailleur n’a émis une quelconque réserve quant au montant des droits, perçus, ni sur leur mode de calcul».

    En outre, il est bon de retenir que, juridiquement, le plan social pour les 401 agents licenciés pour raison économique n’est pas dû par Huicoma, encore moins par l’Etat. Toutefois, pour des raisons politiques et d’ordre public, bien qu’il n’y soit pas tenu, l’Etat est disposé à payer des indemnités de réinsertion aux 401 agents licenciés pour raison économique, sur une base négociée de 264 travailleurs démissionnaires. Cette question fait actuellement l’objet de discussions entre les différents partenaires.

    Enfin, il faut noter que l’Etat estime qu’en ce qui le concerne, au total, la proposition du gouvernement malien coûtera 2.100.000.000FCFA. Cette somme a déjà été mise à disposition. 

    Cependant, si, par solidarité entre, d’une part, les 401 licenciés et, d’autre part, les 264 démissionnaires, il est proposé à l’Etat toute autre modalité de répartition de cette enveloppe, le Gouvernement ne s’y opposera pas, par principe.

    Kandia Coulibaly

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