Pour avoir simplement été parmi ceux des riverains ayant protesté contre l’expropriation de l’espace vert situé dans leur quartier de Daoudabougou, Daouda Kanté et Salif Coulibaly dit Sacré, croupissent depuis plus deux mois déjà à la Maison d’arrêt et de correction de Bamako-Coura.
Tout est parti lorsqu’ayant constaté la présence des personnes étranges visitant ledit espace vert, les familles voisines ont vite fait de s’enquérir des nouvelles. Mais que ne fut leur grande surprise d’apprendre que, les visiteurs du jour, se présentèrent comme étant les prétendus propriétaires, et qu’ils s’apprêteraient à y construire des magasins ou autres bâtiments d’habitation.
Diantre comment peut-on nous exproprier du seul espace vert qui servait non seulement de terrain de sport, mais aussi de prière collectives et d’autres manifestations culturelles.
« De vous à moi, qui serait prêt à accepter qu’une telle injustice lui soit administrer sans rien faire ? »
De bouches à oreilles, la nouvelle va se rependre comme une traînée de boue dans tout le secteur. C’est alors que, enfants, hommes, femmes, jeunes et vieux vont converger sur le lieu afin d’en être des témoins oculaires de ce qui à leurs yeux s’apparente à une provocation, voire, une injustice inacceptable.
De regroupement en attroupent, l’espace sera bondé de monde et un vaste mouvement de protestation s’en suivit.
Très remontés, les jeunes vont barrer toutes les voies qui jouxtent l’endroit. Alertés les éléments mobiles du groupement mobile de sécurité GMS, postés à quelques mètres vont charger les manifestants à jets de gaz lacrymogène. S’en suivit une chasse à l’homme qui conduira à l’arrestation de certaines personnes considérées comme étant les cerveaux de la manifestation.
En effet, les nommés Daouda Kanté et Salif Coulibaly dit Sacré, sont arrêtés et conduits à un poste de police. Aussitôt mis derrière les verrous, les pauvres sont présentés à un magistrat qui va juger opportun de les placer sous mandat de dépôt.
Au grand étonnement des parents des détenus, il leur sera collé comme chef d’accusation « trouble à l’ordre publique et tentative d’assassinat ».
Acte I : Ne pouvant plus contenir ce mouvement de révolte qui prenait une autre allure, les forces de l’ordre et de sécurité de l’unité du groupement mobile de sécurité postées à quelques mètres des lieux ont dû intervenir avec des jets de gazes lacrymogènes pour disperser la foule.
Acte II : Comme dit l’adage, une fois n’est pas coutume ! En effet, il ne fallait pas plus pour qu’un mois plus tard, la même scène se reproduise lorsque les prétendants ayant droit de cet espace vert reviennent à la charge avec pour seul objectif ou ambition sortir des terres des magasins ou habitations.
Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ! La seule différence est qu’au cours de l’intervention des agents de maintien de l’ordre du GMS, plusieurs manifestants ou protestateurs seront arrêtés.
Mais ce ne sont que les pauvres Daouda Kanté et Salif Coulibaly dit Sacré qui vont comparaître devant un juge. Sans autre forme de procès, nos deux honnêtes citoyens ont été déférés sine die.
L’une des cousines de Daouda Kanté, que nous avons contacté, s’est dite abasourdie et étonnée du fait que son cousin soit jusqu’à l’heure actuelle détenu sous prétexte qu’il aurait attenté à la vie de x.
En effet, selon ses dires, elle aurait été avec témoin rencontrer le régisseur du tribunal de la commune 6 du District de Bamako, qui lui, aurait dit que ce n’était qu’une affaire passagère et que les détenus seraient libérés dans les heures qui suivent. Mais que ne fut sa grande surprise, lorsque dans la déposition, il est mentionné que les deux personnes détenues auraient été à la base d’une quelconque tentative d’assassinat contre x.
Les parents, amis des pauvres détenus, prennent l’opinion nationale en témoin, et implore la clémence des juges afin que leurs enfants, époux, frères et cousins recouvrent la liberté et regagner leur famille respective qui n’ont plus de sommeil depuis trois mois.
Plusieurs des riverains s’interrogent s’il n’y aurait pas des mains invisibles tapies dans l’ombre pour que leurs parents ne soient pas libérés.
A Diallo