Affaire des bergers et des cultivateurs du cercle de Yanfolila : 4 condamnés à 5 ans de réclusion, 1 acquittement et 20 peines de mort par contumace

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    L’affaire Ministère public contre Lassina Sangaré dit Oudy et 33 autres personnes, inculpés pour rébellion, vol qualifié, association de malfaiteurs, disposition de bien d’autrui, dommages aux animaux et opposition à autorité dans les villages de Tola et Kamissala dans le cercle de Yanfolila a vu son audience débuter le vendredi 23 pour prendre fin le jeudi 29 novembre dernier. Durant une  semaine  de débats entre les magistrats de la Cour, les avocats de la Défense et ceux de la Partie civile, cette affaire a tenu toutes ses promesses. Les bergers, constitués en partie civile, voulaient coûte que coûte démontrer la culpabilité des cultivateurs accusés. A l’issue des débats, la Cour a condamné à 5 ans de réclusions les accusés Lassina Snagaré dit Oudy, Karim Sangaré, Missa Sangaré et Sayon Sangaré. Elle a acquitté Madou Sidibé, qui avait déjà bénéficié d’un non lieu et s’était retrouvé par erreur à la barre, et condamné à 5 ans de prison avec sursis, Sékou Sangaré, Maliba Sangaré, Flabou Sangaré et Issa Sangaré. Les autres accusés ont été condamnés à la peine de mort par contumace.

    Cette affaire, qui remonte à courant février 2011, a défrayé la chronique à l’époque. Elle a même entraîné le déplacement de 4 ministres dans la zone pour aplanir les différends. Il ressort de  l’arrêt de  renvoi qu’un groupe de bergers conduisant 250 bovidés et 200 ovins se rendait en transhumance vers la Côte d’Ivoire. Arrivés au village de Tola, ils se firent intercepter par des jeunes gens qui s’emparèrent de leurs troupeaux et ligotèrent Soulé Hamady Bolly et Youssouf Bolly, qu’ils délestèrent également des sommes respectives de 102 000 F CFA et 78 500 F CFA, d’une moto de marque Honda et de divers effets mobiliers leur appartenant.

    Plus de 100 animaux furent conduits au bord du fleuve et abattus à l’aide de fusils, sur instruction du chef de village de Kamissala et au préjudice des sieurs Hamady Bolly, Bocar Diallo, Modibo Bolly et Oumar Bah. Interpellés dans un premier temps par les gendarmes de la Brigade territoriale de Yanfolila, les habitants des villages de Tola et Kamissala empêchèrent les agents enquêteurs de procéder aux différentes investigations sur place, protégeant ainsi les meneurs de troubles notamment Lassina Sangaré, Bakary Sangaré et Mamadou Moro Sangaré.

    Dans un second temps, des gendarmes des compagnies territoriales de Bougouni et de Yanfolila, sur instruction du Procureur de la République de Sikasso, interpellèrent 49 individus, dont 6 mineurs, impliqués dans l’affaire. A l’enquête préliminaire, ils ont reconnu les faits, avant de se rétracter dans une dénégation collective et systématique. Ce qu’ils ont d’ailleurs refait à la barre, déclarant collectivement n’être pas au courant de ce massacre de troupeaux.

    Il ressort également des faits et des témoignages reçus que les populations de tout le Wassoulou, sur ordre de leur patriarche, Allamery Diakité, avaient  décidé au cours d’une réunion d’interdire la transhumance des animaux sur leur territoire.  Suite à cette réunion, elles avaient décidé de s’en prendre aux troupeaux des Peulhs. Poursuivant leur dessein machiavélique, elles ont délibérément abattu plus d’une centaine d’animaux et vendu leur viande sur les marchés de différents villages et à Bougouni.

    La cour a conclu que cela constituait un vol qualifié en bande et qu’il y avait eu opposition à l’autorité légitime, celle de l’Etat et rébellion, disposition de biens d’autrui et dommages aux animaux.

    Youssouf Diallo

     

    Affaire de Kolondièba

    4 femmes condamnées à 5 ans de réclusion, les hommes acquittés

    L’affaire Ministère public contre Abdoulaye Traoré et 54 autres personnes, dont 4 femmes, accusés d’incendie volontaire et de dommages aux cultures dans les villages de Siala et de Kadiana dans le cercle de Kolondièba était sans doute l’un des points d’attraction de cette session ordinaire des Assises de la Cour d’Appel de Bamako.

    A l’issue des débats, qui ont duré près d’une semaine, la Cour a acquitté tous les hommes impliqués dans cette affaire et condamné à 5 ans de prison fermes les 4 femmes. Il s’agit de Chiatou Konaté, Karitio Traoré, Fanta Konaté et de Niessoun Konaté. Elles ont également été condamnées à payer solidairement 12 millions de francs CFA à Bourama Sangaré, 2 millions de francs CFA à Yacouba Konaté et 250 000 francs CFA à Noumoutié Sangaré.

    Il ressort des faits qu’un vieux litige foncier oppose les habitants des localités de Kadiana et Siala. Le vendredi  3 juin 2011, Mamadou Sangaré dit Madouba, habitant de Kadiana, se rendit sur les parcelles litigieuses et constata que des femmes de Siala labouraient lesdites parcelles.

    Voulant les disperser, il se servit de son fusil pour faire des tirs de sommation. Mécontents de cette attitude, certains habitants de Siala, 55 personnes en tout, dont Abdoulaye Traoré, se rendirent à Kadiana, dans son hameau, pour tout incendier et saccager sur leur passage. Les habitats de Madouba furent calcinés, avec tout leur contenu (beaucoup de petits ruminants et de volailles tués, des ustensiles de cuisine et effets d’habillement, panneaux solaires, charrues détruits), ses puits bouchés par des troncs d’arbres, son jardin, ses 14 pieds de papayers et sa plantation d’anacardiers, d’une superficie de 30 hectares, détruits. Les champs d’anacardiers de Bourama Sangaré, Yacouba Konaté et Noumoutié Sangaré, situés dans le voisinage, ont également été totalement ravagés.

    A l’enquête préliminaire, à l’exception de quelques inculpés, notamment Fanta Konaté et Chiatou Konaté, les autres n’ont pas reconnu les faits. Tout en reconnaissant l’immensité des dégâts matériels, les inculpés hommes en attribuent la responsabilité aux femmes. Les inculpés ont pour la plupart été appréhendés au retour des lieux de l’infraction, étaient armés de fusils de chasse, de coupe-coupe, de harpons ou de couteaux lors de leur arrestation.

    Dans l’analyse de cette affaire, les magistrats n’ont pas établi formellement la culpabilité des hommes. Le magistrat instructeur n’a pas pu faire le lien entre les objets en leur possession et les crimes. C’est pourquoi ils ont été libérés de leurs charges. Les femmes, quant à elles, ont reconnu avoir participé au saccage, d’où leur condamnation.

    Youssouf Diallo

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