Rendu vendredi, dans l’après-midi, le verdict dans l’affaire dite de l’attaque contre le domicile de l’ex-président de la République, Alpha Oumar Konaré, a été accueilli dans une atmosphère de protestation. Ainsi, Daouda Keïta et Bréhima Diallo ont été condamnés à 20 ans de prison pour association de malfaiteurs, pendant que Lacine Camara et Fadaba Keïta sont acquittés, faute de preuve.
Parmi les grands dossiers attendus lors de la 2ème session 2015 de la Cour d’assises de Bamako, figurait l’affaire de l’attaque perpétrée contre le domicile de l’ex-président de la République, Alpha Oumar Konaré. L’on se rappelle que courant avril 2014, des hommes armés ont attaqué le domicile de l’ancien chef de l’Etat malien, à Titibougou, dans la périphérie de la ville de Bamako. Lors de la riposte, des éléments chargés de la garde de la résidence présidentielle ont abattu l’un des assaillants. L’enquête qui a été ouverte à propos de cette attaque a très rapidement progressé, car ce dossier tant attendu a été jugé ce vendredi 16 octobre 2015 à la Cour d’assises de Bamako, sous la présidence d’Ibrahim Konta. Le verdict est le suivant : Daouda Keïta et Bréhima Diallo ont été condamnés à 20 ans de prison pour association de malfaiteurs. Faute de preuve, Lacine Camara et Fadaba Keïta ont bénéficié de l’acquittement.
Dans son réquisitoire, le représentant du Ministère public dira que le crime d’association de malfaiteurs prend de plus en plus de l’ampleur dans notre pays. Partant, il a requis que Daouda Keïta et Bréhima Diallo soient condamnés à une peine exemplaire, car, selon lui, cette infraction n’est pas jusque-là sévèrement punie au Mali. Cette approche du Ministère public n’a été nullement partagé par les conseils de la défense car, pour eux, rien n’est fondé et établi contre les accusés à la barre.
Les zones d’ombres
Certains faits retiennent l’attention dans ce dossier. Il est à noter que les accusés ont été condamnés sur la base des charges, autres que l’attaque du domicile privé de l’ancien chef de l’Etat. En effet, l’assistance a eu l’impression de suivre un procès de vol. Tout au long du procès, les débats contradictoires à la barre était cantonnés sur le vol des câbles électriques, d’où la comparution d’un représentant de l’Energie du Mali (EDM-SA). L’autre cas ahurissant, selon les avocats des accusés, c’est la constitution du dossier dont le seul élément de preuve valable se résume à l’aveu obtenu au cours de l’enquête préliminaire. Un aveu qui, selon les condamnés, a été obtenu sur la base d’une torture au niveau de la gendarmerie. A cela il faudra ajouter de multiples tortures que les accusés affirment à la barre avoir subies lors des enquêtes préliminaires, lesquelles tortures n’ont aucunement été mentionnées par le juge d’instruction. L’épineuse question est de savoir à quelles fins des adolescents (pêcheurs et ferrailleurs) s’attaquent au domicile d’un ancien chef de l’Etat. Peut-être qu’il fallait impérativement trouver un coupable dans cette affaire dont le Gouvernement, à travers un communiqué, avait exigé de trouver coûte que coûte les responsables. En tout cas, un tel verdict met en doute l’indépendance du pouvoir judiciaire au Mali.
Il est à noter par ailleurs que l’ancien chef de l’Etat qui s’était pourtant constitué partie civile dans ladite affaire n’a été cité à aucun moment du procès.
Ibrahim M.GUEYE
Les aveux obtenus sous la torture ne sont pas reconnus par la justice .
Le fait de torturer pour obtenir des aveux est même condamnable .
Les condamnés s’ils sont vraiment innocents , peuvent faire appel à ce jugement .
Là, la justice devrait dire la loi, rien que la loi sans contour ni sentiment, que le coupable soit riche ou pauvre. L’injustice entraine toujours la récidive.” Celui qui n’a pas atteint l’autre rive ne doit pas se moquer de celui qui se noie “
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