Le 25 octobre prochain, le tribunal de première instance de la Commune 3 planchera sur une affaire inédite. Le richissime Djonké Yernangoré dit Babou a osé trimbaler devant le juge son frère de lait Modibo Yernangoré qu’il accuse d’avoir détourné 15 milliards de ses fonds. Le jugement, qui était prévu pour le mardi 27 décembre dernier, a été renvoyé à l’audience du 25 octobre pour citation d’un témoin. D’ici là, nous avons tenu à en savoir plus. Et les témoignages sont non seulement hallucinants contre Babou, mais ils proviennent de fortes personnalités de ce pays et de l’entourage des deux hommes.
Parmi ces témoins, retenons pour le moment Moussa Balla Coulibaly, qui n’est plus à présenter pour avoir présidé le Conseil Economique, Social et Culturel du Mali, le Patronat, le parti UDD et dirigé la SEMA. Connu pour son franc parlé et ses vérités immuables, Moussa Balla Coulibaly a précisé qu’il est prêt à témoigner devant le juge dans cette affaire. Selon lui, même s’il y a des comportements malsains dans notre pays, il est inacceptable d’assister à une telle forfaiture. Et Moussa Balla de préciser : « Un jour Babou Yara est venu me parler de cette affaire. Il me dit que son frère lui a volé de l’argent, car l’entreprise est à son nom, c’est lui qui l’a créée en 2007. Je lui ai dit que dans ces conditions, c’est lui qui a trahi son frère en créant cette entreprise en son nom, au détriment de son frère de lait. Ils ont travaillé ensemble depuis quarante ans alors qu’ils n’avaient rien. Ceux qui les ont vus au départ racontent qu’ils n’avaient qu’une vielle moto Cameco et qu’ils étaient en location, sous le couvert de leur oncle. Ensemble ils menaient les affaires. C’est le petit frère qui s’occupait de tous les achats, de tous les contrôles, de tous les comptes, des versements en banques. Il n’y a rien qui appartienne à Babou sans son frère car il n’a rien trouvé sans son frère. Leur père, avant de mourir, avait demandé à Babou de libérer son frère en lui donnant sa part pour qu’un jour l’argent ne les sépare l’un de l’autre sur la mésentente. Babou a refusé. S’il crée une entreprise personnelle avec l’argent commun aux deux, pour dire que son frère a fait un détournement, je dis que c’est Babou qui a fauté et son frère n’a fait que réparer la faute en partie. Le frère n’a pas ce que Babou possède, donc il a même des droits sur ce que Babou possède. Mais Babou ne songe pas à la fraternité, il oublie qu’ils ont des enfants et que l’on devait plutôt craindre que les enfants s’entredéchirent pour cet argent. Mais c’est Babou qui met le pied dans le plat. Il n’a pas écouté son père, il n’a pas écouté les vieux Djocoramé qui l’ont conseillé devant moi, il a même refusé les conseils d’une des plus hautes autorités du pays. Alors il n’écoutera que la force de la loi. »
Babou et Dieu l’argent
Nos ancêtres ont tout donné, même la vie, pour sauvegarder l’honneur. Ceux qui ont fait preuve d’honorabilité, de grandeur d’âme, ont acquis une renommée légendaire pour avoir tout donné à la famille, à la collectivité, à l’humanité. Sont de ceux-là les prophètes, les rois comme Soundiata Kéïta, Babemba Traoré, Soni Ali Ber, Biton Coulibaly, Thomas Sankara, Nelson Mandela, les simples citoyens comme Tapama Djénépo, Abdoul Karim Camara Cabral…
Aujourd’hui, il y a une certaine tendance à croire que c’est l’argent qui procure tout. On oublie que la façon de donner vaut mieux que ce que l’on donne. Pis, on ne veut même pas donner. Même pas à son frère. Pis, après un travail collectif, on s’accapare des biens au détriment du frère. Sacrilège !
Aujourd’hui, il se passe que l’amitié dure seulement entre riches, le pauvre n’a pas d’ami, la fraternité devient source d’égoïsme, la camaraderie repose sur l’intérêt. Parce que l’argent est devenu pour nombres de personnes le maître du monde. Et ce n’est pas pour régler nos problèmes, mais pour nous créer des problèmes avant de nous conduire tout droit à l’enfer. Car au lieu de suivre Dieu nous avons suivi le satan. Au lieu de Dieu, nous avons vénéré l’argent.
Entre le petit frère et le grand frère, le premier doit respect au second qui lui doit protection et vis versa si les conditions l’exigent. De sources proches de la famille Yara, Modibo a toujours accordé à Babou Yara le plus grand respect même lorsque ce dernier le tapait souvent avec l’objet qui lui tombait sous la main, et il versait du sang. C’est vrai que lorsque Dieu veut enrichir quelqu’un, il ne tient pas compte de sa couleur, de son caractère, de son état de santé. Il donne au fou, à l’idiot… Mais lorsqu’un tel individu voudrait gagner un procès, alors il lui faut chercher un juge perverti. Car tout prouve que ces deux hommes ont travaillé dans un cadre fraternel, dans une entreprise familiale appartenant à deux frères, sans contrat ni salaire pour le jeune frère qui ne saurait être payé par une telle trahison. Comme tout cela ne suffit pas à Babou, il lui faut détruire et humilier son frère de lait, son unique frère qui n’a de protecteur que lui après Dieu. A quoi cela sert la fraternité avec un homme comme Babou s’il peut dormir avec son unique frère que lui-même conduit à la barre ?
Boubacar DABO
Babou a-t-il perdu la raison ?
«Il faut savoir faire preuve de patience. Un homme patient voit venir les choses et au bout de la patience, il y a le miel…. Enfin, la patience est la moitié de la foi», ceci est de feu Me Alioune Blondin Beye. Après des périodes difficiles voire très difficiles, deux frères de lait ont, semble-t-il, fait preuve de patience. Dans cette patience, ils ont eu le miel. La patience étant la moitié de la foi, le grand frère semble la perdre. Malgré toutes les interventions, des parents, amis et connaissances et même des plus hautes autorités. Que faire alors ? Qui n’accepte pas la carotte, s’attend certainement au bâton.
«Ne met jamais la main entre l’arbre et son écorce», c’est-à-dire ne t’ingère jamais entre des frères de lait. Nous n’avons nullement l’intention de le faire. Mais, par la force des choses, nous tenons à révéler que «Tout excès est nuisible. Que nul n’est éternel excepté le Tout Puissant».
Etant proches du domaine, nous nous sommes sentis concernés et puis, nous avons décidé d’en parler mais surtout de donner des conseils. A cet effet, nous avons jugé opportun d’approcher quelques personnalités du pays afin qu’elles nous parlent de cette situation honteuse qui, si l’on n’y prend pas garde, risque de mettre en lambeau cette grande famille des Yara. Où, de sources proches, les enfants se disent sidérés, dépassés par cette attitude de leurs parents. Suivez ce qu’en dit le vieux, le respecté et respectable Moussa Balla Coulibaly.
B. DABO