Renvoyés devant la Cour d’Assises de Bamako pour répondre du chef d’inculpation de vol qualifié, Cheickna Wagué, Nouhom Wagué dit « Boua » et Baba Wagué ont été acquittés. Quant à Mamadou Wagué, Moussa Wagué et Hassane Doucouré, qui ont pris la clé des champs, ils ont été jugés par contumace et condamnés à la peine capitale, tandis que l’action publique contre Boubacar Wagué dit « Bouba » est éteinte.
Des débats d’avant la délibération de la Cour, il ressort que le vendredi 11 octobre 2002, aussitôt après la grande prière, Cheickna Wagué a invité le vieux Mamadou Lah (oncle de Cheickna Lah) à l’accompagner à son domicile, mais sans lui en fournir une quelconque explication, malgré sa demande insistante. Ce n’est qu’une fois arrivés à destination que Cheickna confia à Mamadou Lah avoir constaté une brèche, apparemment colmatée avec des briques cuites et du ciment, entre le magasin de stockage de son neveu et un magasin désaffecté depuis le départ de son occupant, Soya Bathily, le 20 juin 2002. Connaissant le caractère impulsif de son homonyme, Cheickna Wagué avait préféré rendre compte à son oncle en premier lieu, dans l’espoir que ce dernier saurait contenir les réactions de Cheickna Lah dès qu’il en serait informé.
Poursuivant ses explications, Cheickna Wagué rapporta que suite à des aboiements de son chien de garde la nuit précédente, aux environs de deux heures, il était sorti muni de son arme et d’une torche pour découvrir avec stupéfaction ladite brèche. Une fois informé du fait, Cheickna Lah et son fils Amadou (commis à la gestion des stocks en magasin) se firent plus que circonspects : ils s’avisèrent tout simplement d’en référer aux éléments de la Brigade de Recherches de Bamako.
Au cours des investigations, il a été constaté que les cadenas de sécurité placés à la porte d’entrée du magasin avaient été abîmés, probablement bloqués suite à un forcing opéré avec utilisation d’acide. Pour pouvoir y pénétrer, il avait donc fallu recourir au service d’un serrurier. A l’intérieur du magasin, les colis de bazin s’entassaient pêle-mêle ; certains sacs (au nombre de 48) étaient complètement vidés de leurs contenus.
Un rapprochement opéré à partir du registre des entrées et sorties des provisions et, surtout, en référence au tout dernier inventaire et de la seule opération de sortie consécutive, permirent aux enquêteurs de constater que sur les 188 balles de tissu bazin devant se trouver dans le magasin, il ne restait plus que 69 sur lesquelles, du reste, seules 41 demeuraient intactes ; les autres, entamées à des degrés divers, n’étaient plus qu’au nombre de 28, après reconstitution des quantités normales des balles.
Il s’avéra donc que 119 balles avaient été emportées par les auteurs de ce qu’il convenait désormais de qualifier de cambriolage dont le préjudice était évalué, par la victime, à…plus de 261 millions de FCFA !
La poursuite des investigations a conduit à l’interpellation du vieux Cheickna Wagué, propriétaire des lieux, ses enfants Moussa, Nouhoum, Mamadou, Baba et Boubacar dit « Bouba » (les trois premiers cités habitaient avec lui), ainsi qu’à celle de Hassane Doucouré dit « Jean alias Desko », de Souleymane Traoré dit « Soul », de Baba Wagué et de deux compagnons de Moussa.
Après leur dernière instruction en assises, la Cour présidée par Mama Diarra a délibéré à la relaxe de Cheickna Wagué, Nouhom Wagué dit « Boua » et Baba Wagué. Mamadou Wagué, Moussa Wagué et Hassane Doucouré ont été jugés par contumace.
Abdoul Karim Maïga