Née vers 1955 à Ségou, Maria Diarra est enseignante domicilié à Kati-Koko. Né vers 1970 à Banga, Almoudou Coulibaly est gestionnaire, domicilié à Baco-Djicoroni ACI. Née le 15 septembre 1982 à Kati, Kafounè Diamouténé est financier-comptable, domicilié à Kati-Koko. Né le 9 mai 1984 à Ségou, Birama Koné est commerçant, domicilié à Baco-Djicoroni ACI. Né le 22 février 1985 à Ségou, Seyni Tambadou est agent commercial, domicilié à Kati-Koko. Né le 2 décembre 1982 à Kati, Habib Samuel Kéita est comptable-gestionnaire et domicilié à Kati-Koko. Née le 5 novembre 1983 à Ségou, Maïmouna dite Yaye Tambadou est assistante chargée de la logistique, domiciliée à Kati-Koko.
Ils étaient devant les jurés de la Cour d’assises le mardi 30 novembre 2021 pour les faits d’atteinte aux biens publics, délit de favoritisme et complicité d’atteinte aux biens publics. Birama Koné et Almoudou Coulibaly ont été déclarés non coupables des faits à eux reprochés et ils ont été acquittés des charges.
Habib Samuel Kéita devra payer 5 millions de FCFA d’amende. Maria Diarra et Seyni Tambadou ont été condamnés à 5 ans de réclusion criminelle chacun. Quant à Maïmouna dite Yaye Tambadou et Kafounè Diamouténé, pour leur absence à la barre, ont été jugés par contumace et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
Il ressort de l’information les faits suivants : crée en 1993, l’Institut de l’éducation populaire (IEP) est une organisation non gouvernementale qui intervenait dans les domaines du développement de l’éducation.
Dans le cadre de ses activités, l’IEP a obtenu en 2012 du royaume des Pays-Bas à travers son ambassade en République du Mali un financement de plus d’un milliard en vue de la généralisation du curriculum de l’enseignement dans l’éducation fondamentale au Mali sur la période allant de 2012 à 2014, puis sur prorogation jusqu’à 2016.
A la signature du contrat, les deux parties convenaient de leurs droits et obligations réciproques. Ainsi, en contrepartie de la mise à disposition des fonds par les Pays-Bas, l’IEP devait les utiliser aux fins convenus, conformément à une procédure rigoureuse tout en produisant des rapports narratifs et financiers annuels afin de permettre au bailleur d’assurer le suivi, puis rapport sous-tendus par l’audit de fin d’activité pour s’assurer de la sincérité des différentes opérations de dépenses à travers l’examen des pièces justificatives.
A l’échéance de la relation contractuelle, Maria Diarra, directrice de l’IEP s’est illustrée par un comportement qui a inspiré le doute chez le bailleur de fonds. En effet, contrairement aux termes du contrat, l’IEP tardait à produire les pièces justificatives pour une partie du montant utilisé du fait de la maladie de la directrice.
Cette situation a conduit le cabinet CAO, chargé de l’audit de fin d’activité à émettre des réserves quant à la sincérité de la gestion faite par l’IEP des fonds mis à sa disposition par les Pays-Bas. C’est ainsi que l’ambassade dudit pays au Mali a commis en juin 2017 un auditeur externe et étranger en l’occurrence le cabinet Erudit, un cabinet béninois d’expertise comptable qui dans son rapport final produit en novembre 2017 a conclu des irrégularités. Il s’agit d’un montant de 20 millions de FCFA utilisé en violation totale des procédures et plus de 610 millions FCFA engagés par l’IEP sans la moindre pièce justificative. Cet audit a permis également de découvrir que pour la même activité financée par les Pays-Bas, notamment le programme suivi de la généralisation du curriculum de l’enseignement fondamental de la fondation William et Flora Hewlett des Etats-Unis d’Amérique.
Au vu des conclusions troublantes de ce rapport d’audit, l’Ambassade des Pays-Bas au Mali a porté plainte devant le parquet contre la directrice de l’IEP Maria Diarra et ses collaborateurs.
L’enquête préliminaire diligentée par la suite a permis de découvrir que Maria Diarra, pour réussir ses malversations financières agissait avec le gestionnaire en la personne d’Almoudou Coulibaly qui refusait d’utiliser le logiciel comptable de la boîte. Il a été aussi découvert qu’elle s’était entourée de plusieurs de ses proches qui ont injustement manié des fonds de l’ONG.
Ainsi, Habib Samuel Keïta, un de ses enfants a créé et pilotait le GIE Curerma, puis la société SOCOPSE-Sarl pour répondre aux besoins de l’institut en moyens de transport. Il opérait dans ce cadre avec Kafounè Diamouténé, un fils adoptif de Maria qui a fini par devenir assistant comptable de l’institut.
Au même moment, Seyni Tambadou, un neveu de Maria et à la tête du GIE Pro-services bénéficiait systématiquement des contrats de nettoyage-gardiennage et autres travaux étrangers à sa vocation pour des montants mensuels de plus d’un million.
Quant à Maïmouna dite Yaye Tambadou, nièce de la directrice, elle était logisticienne de l’IEP et a effectué le retrait de plus de 6 millions de FCFA sur les comptes de l’ONG et cela en violation flagrante du manuel de procédure régissant leurs opérations financières.
Pour réaliser les différents marchés de fournitures de matériels de l’IEP, Almoudou Coulibaly et Maïmouna Tambadou recouraient régulièrement aux services de Birama Koné, leur opérateur économique qui leur fournissait ce dont l’institut avait besoin et cela suivant des contrats de gré sans la mise en œuvre préalable du jeu de la concurrence.
Maria Diarra et Almoudou Coulibaly ont nié en bloc les faits qui leur sont reprochés devant le magistrat instructeur. Alors que sur plus d’un milliard reçu du bailleur, les responsables de l’institut n’ont pas pu apporter la moindre justification de plus de 630 millions.
Il ressort que Maria Diarra a puisé dans les fonds de l’institut pour acquérir plusieurs biens mobiliers et immobiliers tant à son compte personnel qu’à celui des membres de sa famille. Almoudou Coulibaly a reconnu lors de son interrogatoire au fond en réponse à une des questions du magistrat instructeur que : ” Souvent, l’argent n’a pas été utilisé pour le programme et certaines activités du programme ont été menées sans rapporter les pièces justificatives, c’est le cumul de ces dépenses et activités qui explique les montants injustifiés”.
S’agissant de Maïmouna Tambadou, n’ayant pas pu être inculpée dans le cadre de l’instruction, il n’en demeure pas moins qu’elle reste sous le coup des poursuites. Tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, les premiers ont catégoriquement nié les faits qui leur sont reprochés tandis que la seconde a décidé de se soustraire délibérément à l’action de la justice en partant pour une destination inconnue.
Cette dénégation parait pour le moins curieux dans la mesure où Habib Samuel Keïta, Maïmouna Tambadou, Birama Koné, Kafounè Diamouténé et Seyni Tambadou ne sont nullement étrangers aux malversations financières incriminées.
Habib Samuel Keïta reconnait que les véhicules de sa société étaient exclusivement loués par l’institut dont la directrice est sa mère biologique et qu’on lui versait un minimum de 3 millions par mois. Kafounè Diamouténé, enfant adoptif de la directrice confirme ces dires et enfonce le clou en soutenant que la société de Habib Samuel Keïta percevait souvent jusqu’à 7 millions par mois de l’IEP.
Seyni Tambadou, gérant du GIE, parlant du lien contractuel avec l’institut, il soutient que “Le contrat prévoyait un montant initial de 150 000F par agent de gardiennage qui a été ramené à 300 000 FCFA par agent et par mois. Mais dans la pratique, ils ne payaient que 75 000 FCFA par agent… “.Après 10 longues heures de débat, les juges n’ont pas reconnu Birama Koné et Almoudou Coulibaly coupable des faits à leur reprochés et ils ont été acquittés des charges. Habib Samuel Keïta doit payer 5 millions de FCFA d’amende. Maria Diarra et Seyni Tambadou ont été condamnés à 5 ans de réclusion criminelle chacun. Quant à Maïmouna dite Yaye Tambadou et Kafounè Diamouténé, ils ont été jugés par contumace et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
Marie Dembélé
Comment le Mali peut-il avoir la confiance de ses partenaires étrangers dans ces conditions ?
Si l’audit avait été fait par un cabinet malien, on allait créer des imbroglios judiciaires pour classer l’affaire sans suite
Dommage d’un fait de détournement puisse aboutir à une parodie de condamnation à une peine maximum de 5 ans.
Que de chemin à parcourir pour assainir les finances publiques !!!
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