Né le 2 mai 1984 à Bamako, d’Amadou et de Kadiatou Diallo, Youssouf Sissoko est marabout, domicilié à Lassa. Il est célibataire sans enfant. Youssouf Sissoko a comparu le lundi 26 septembre 2022 à la barre de la Cour d’assises de Bamako pour des faits de pédophilie sur F. K., une fillette de 4 ans. Il a été reconnu coupable par les juges et condamné à 5 ans de réclusion criminelle, 500 000 F CFA d’amende. Il devra aussi s’acquitter de 167 000 F CFA comme remboursement de frais de traitement de la victime et 600 000 F CFA comme dommages-intérêts.
De l’information, il résulte les faits suivants : le samedi 15 décembre 2018, aux environs de 11 h, à Lassa, le sieur Youssouf Sissoko, marabout de son état, sorti d’un débit de boissons où il avait consommé de l’alcool, est venu appeler, au nom du propriétaire dudit débit de boissons, la fillette répondant au nom de F. K., née le 27 février 2014 (suivant copie d’extrait d’acte de naissance n°209 RG 5 du 17 octobre 2018 du centre secondaire d’état civil de Hamdallaye I), qui jouait avec d’autres enfants aux côtés de la dame Awa Dembélé lavant ses habits.
Le débit de boissons en question est contigu à la maison paternelle de F. K. qui est censé connaitre le propriétaire. Une fois à l’intérieur et en l’absence du gérant qui dormait, le sieur Youssouf Sissoko a fait asseoir sur ses genoux la fillette dont il enleva le slip avant d’introduire un de ses doigts dans son sexe. La fillette n’a pu être libérée qu’à la suite des appels répétitifs de sa mère.
N’ayant pu uriner du fait des douleurs issues des attouchements digitaux du sieur Youssouf Sissoko, la fillette a expliqué à sa mère ce qu’elle venait de subir de la part de Youssouf Sissoko.
Informé dès son retour du travail, le père de la victime, a saisi le commissariat de police du 5e arrondissement. C’est ainsi que le sieur Youssouf Sissoko a été interpelé et déféré pour pédophilie.
A l’enquête préliminaire, le sieur Youssouf Sissoko a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. Devant le magistrat instructeur, il a reconnu les faits lors de sa première comparution avant de se rétracter lors de son interrogatoire au fond.
Il est constant que la fillette n’avait rien comme mal et jouait avec ses camarades avant qu’elle ne soit appelée par le nommé Youssouf. Il est constant aussi, tel qu’il ressort du certificat médical en date du 26 décembre 2018 versé au dossier que la fillette, à son examen gynécologique du 16 décembre 2018, avait un œdème des grandes lèvres et une inflammation des petites lèvres. Pour le traitement de ces anomalies, des produits (Céfixime sirop et Brufen sirop) lui ont été prescrits.
L’inculpé Youssouf Sissoko a confirmé, ayant consommé de l’alcool, lors de sa première comparution, avoir commis son forfait en état d’ébriété (ayant consommé de l’alcool). Il est enfin constant que l’inculpé Youssouf Sissoko a été bel et bien vu par la dame Awa Dembélé amener la fillette dans le débit de boissons en le tenant par sa main.
Youssouf Sissoko à la barre
“J’ai été contraint à la police, j’ai été battu pour que j’avoue que c’est moi le coupable, sinon je suis innocent”. Déclarant qu’il est marabout, un membre de la Cour lui demandera ce qu’un marabout cherche dans un bar, il répondra : “Je bois, j’étais parti prendre de la bière”. Il n’a pas reconnu les faits tout au long du débat. L’avocate de la partie civile a demandé qu’il soit sévèrement puni parce qu’il n’a fait que mentir tout au long des débats.
Le ministère public reprenant la parole pour reconstituer les faits a déclaré qu’il n’y a pas de crime parfait. “On a beau fabriquer le mensonge, la vérité finit toujours par éclater. L’accusé qui avait une trentaine d’années en son temps n’a pas eu pitié d’une fillette de 4 ans. Dans son mensonge, il a tenu de propos différents à la barre. C’est quand il s’est mis dans son état d’ivresse qu’il a eu envie d’assouvir son désir sexuel”, a-t-il souligné.
Il a apprécié le fait que le président ait fait sortir la victime pour ne pas renouveler ses traumatismes. Pour terminer, il rappelle que l’article 18 du code pénal dans son avant dernier alinéa déclare que l’acte commis en état d’ivresse, l’auteur ne bénéficie pas de circonstances atténuantes.
Pour sa part, Me Mah Mahamadou Diarra, avocat de la défense a souligné que rien ne prouve que son client était en état d’ivresse parce que, selon lui, consommer de l’alcool et être ivre font deux. C’est ainsi qu’il a plaidé non coupable, car c’est un dossier difficile, un fait de société. Il soulignera que son client est un délinquant primaire qui mérite des circonstances atténuantes.
Malgré cette plaidoirie, les juges l’ont reconnu coupable des faits à lui reprochés tout en lui accordant des circonstances atténuantes. Cela lui a permis de prendre 5 ans de réclusion criminelle, 500 000 F CFA d’amende. Il devra aussi s’acquitter de 167 000 F CFA comme remboursement de frais de traitement de la victime et 600 000 F CFA comme dommages-intérêts.
Marie Dembélé