Les magistrats ont reçu à la barre des Assises le dossier de Zakaria Coulibaly, accusé d’escroquerie, association de malfaiteurs, arrestation illégale et séquestration, enlèvement de personne et tentative d’assassinat. C’était le mardi 6 février 2024 à la Cour d’appel de Bamako. Après plus de 3 h de débat, il a été déclaré coupable en bénéficiant des circonstances atténuantes. De ce fait, il a pris 15 mois d’emprisonnement, une peine déjà purgé.
A la barre, l’accusé a déclaré qu’il collaborait avec Seydou Coulibaly, la partie civile, dans le cadre de l’achat et la vente de terrains. “Il n’y a jamais eu de problème entre nous. Tout ceci est un complot de sa part”, a-t-il déclaré.
Le parquet lui demande alors pourquoi sur les 20 millions d’habitants du Mali, c’est contre lui que Seydou a porté plainte. Il répond : “C’est parce qu’il avait acheté des terrains avec moi et après il m’a fait savoir qu’il ne veut plus desdits terrains. C’est ainsi que je lui ai remis son argent et il m’a remis l’attestation de vente”.
Après avoir nié catégoriquement les faits à lui reprochés, Zakaria a affirmé que tous les propos de Seydou sont un montage et que son argent a été remboursé.
En sa qualité de témoin de l’affaire, Fatoumata Guindo, épouse de Seydou Coulibaly, a été entendue. “Un jour, Seydou étant en ville m’a appelée pour que j’aille remettre le papier des parcelles à Zakaria. Un autre jour, il m’a dit qu’il doit rencontrer Zakaria pour récupérer ses papiers. Lorsqu’il a duré en ville, j’ai essayé de l’appeler, mais son numéro ne passait pas. Après, j’ai reçu l’appel d’un numéro inconnu qui était une femme. La personne m’a demandé si je connaissais Seydou Coulibaly, je lui ai dit oui et elle m’a dit qu’il veut me parler. C’est ainsi qu’il m’a fait savoir qu’il a eu un problème avec Zakaria et qu’il ne va pas rentrer tôt. Une fois rentrée, il m’a raconté ce qui venait de lui arriver”, a-t-elle déclaré.
Salia Kéïta, un témoin oculaire de l’affaire, après avoir juré de dire toute la vérité, a indiqué qu’un jour, Zakaria l’a informé en tant que collègue qu’il va remettre l’argent de Seydou. Le président lui a demandé s’il a accompagné Zakaria, il a répondu par la négative.
Le président s’est adressé à Zakaria en ces termes : pourquoi avoir déclaré que Salia vous a accompagné le jour où vous avez remis l’argent à Seydou ? Il est resté silencieux. Le président de la Cour a souligné qu’il s’agissait plus d’une escroquerie que d’une vente, sinon pourquoi n’avoir pas donné tous les documents depuis le jour de la vente.
Seydou Coulibaly a déclaré qu’il n’y a pas eu d’annulation de vente entre eux, mais que Zakaria avait repris l’attestation de vente sous prétexte qu’il va en faire un permis et l’autorisation de construction. “Ce jour, Zakaria m’a entraîné dans une villa à Kati-côcô pour prétendre me remettre lesdits documents. Là, deux individus, dont l’un portait un masque, y ont fait irruption et, contre toute attente, sous le bruit assourdissant du groupe électrogène que Zakaria venait de mettre en marche pour la circonstance, ils se sont jetés sur moi pour me ligoter et me bâillonner, avant de me séquestrer dans une chambre. Quelques instants après, ils sont revenus me chercher pour enfouir ma tête dans une cagoule, avant de me balancer dans le coffre d’une voiture, certainement dans le dessein d’attenter à ma vie dans un endroit discret. En cours de route, au niveau du ralentisseur du village de Diago, je suis parvenu à me défaire des lianes et, profitant de l’inattention des deux loubards, pour me soustraire de leur étreinte, en me jetant du coffre de la voiture”, a décrit Seydou Coulibaly.
Zakaria Coulibaly, interpellé, tout au long de la procédure, a reconnu en partie les faits qui lui sont reprochés. Notamment en ce qui concerne la cession des deux parcelles à usage d’habitation, sises à Kobalacoura, à la somme 12 millions de F CFA, plus les frais d’établissement des documents administratif, s’élevant 650 000 F CFA, que ses parents ont intégralement remboursés. Il a signalé qu’il voulait simplement lui retirer les documents administratifs afférents aux parcelles cédées.
Avec trois avocats pour sa défense, Zakaria a pu échapper aux lourdes sentences des juges face à ces chefs d’accusation. Finalement, après plus de 3 h de débat, il a pris 15 mois d’emprisonnement, une peine déjà purgée, car il était en détention depuis le 15 avril 2020.
Marie Dembélé
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RETENU COUPABLE DE MEURTRES, COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES :
Aly Coulibaly écope de 20 ans de réclusion criminelle
La 1re session 2024 de la Cour d’assises de Bamako a examiné l’acte d’accusation d’Aly Coulibaly pour “meurtres et des coups et blessures volontaires”. A l’issue des débats, l’accusé a été retenu dans les liens de l’accusation et condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
selon l’acte d’accusation, les faits remontent en 2019. Un vendredi aux environs de 10 h, Aly Coulibaly est rentré dans sa famille et constaté des travaux de construction auxquels il s’est longtemps opposé.
En effet, les nommés Barema Dembélé et Madou Coulibaly deux enfants adoptifs de l’oncle d’Aly Coulibaly avaient décidé de construire des maisons dans la famille d’adoptive. Aly Coulibaly s’est opposé à ce projet alléguant ces fils adoptifs n’ont pas ce droit. Toutefois, “il leur a proposé des parcelles dans son champ en dehors du village” et fait intervenir deux chefs de village et un imam pour la médiation.
En dépit de cette médiation, les Barema Dembélé et Madou Coulibaly, encouragés par le nommé Seydou Traoré décident de lancer les travaux de construction ce vendredi fatidique. Arrivé à la maison et après avoir constaté le début des travaux, Aly Coulibaly, pris de colère, est rentré dans sa chambre et en est ressorti avec un fusil. Ainsi, il n’a pas hésité à tirer sur les enfants adoptifs qui ont réussi à s’échapper. Selon les représentants de la partie civile présents au procès, il s’est ensuite rendu chez Seydou Traoré qui encourageait Barema et Madou dans leur projet pour tirer sur ce dernier qui est malheureusement décédé sur le coup.
Dans sa folie, Aly Coulibaly a également ouvert le feu sur Soumaïla Traoré, l’un des fils de Seydou. Ce dernier a perdu un œil à cause des projectiles. Comme si cela ne suffisait pas, Aly Coulibaly, du haut du mur de sa concession, a tiré vers une famille voisine dont les membres, semble-t-il, tentaient de savoir ce qui se passait. C’est ainsi qu’Aminata Cissé, dont l’époux était présent au procès, a été froidement tuée par balle.
A la barre, l’accusé a reconnu avoir tiré sur Seydou Traoré sans vouloir le tuer tout en démentant les autres accusations. Cependant, Soumaïla Traoré a précisé que l’accusé a ouvert le feu à trois reprises sur son défunt père.
Dans sa plaidoirie, l’avocat a pu obtenir les circonstances atténuantes pour son client. Toutefois, il a été condamné par la Cour à 20 ans de réclusion criminelle.
Boubacar Païtao