Poursuivi pour “viol et vol qualifié en bande organisée”, le cas Tidiane Traoré a été examiné par la Cour d’Assises de Bamako. A l’issue des débats contradictoires, l’inculpé a été condamné à cinq ans de prison ferme et au paiement de 500 000 Fcfa. Notons que l’accusé, Tidiane Traoré, la vingtaine révolue, est en prison depuis juillet 2016.
De l’arrêt de renvoi, il ressort que le 20 juillet 2016 dans la nuit, l’accusé et un de ses amis, Mamadou Doucouré, ont braqué la jeune dame Arama à Missira. Amenée à moto à Banconi, la jeune dame a été violée dans un marché sous un hangar, par les deux jeunes hommes et deux de leurs amis.
Arrivée à Bamako, à peine quatre mois au moment des faits, M. Arama ne connaissait presque rien de la ville de Bamako. Désespérée, après la scène, elle a supplié alors, Tidiane, un de ses violeurs, de la déposer à Missira. Sans hésiter, l’homme accepte et prend le chemin du retour avec sa victime. Pour tromper sa victime désemparée et paniquée, il remet à cette dernière son portefeuille vide. En effet, il a pris le soin de remplacer le contenu par du caillou.
Malheureusement pour le violeur, sur le chemin, ils ont croisé une patrouille de la police. C’est ainsi que la victime a crié au secours en dénonçant son bourreau. Immédiatement, les policiers après avoir arrêté les deux personnes ont procédé aux fouilles corporelles sur Tidiane. Celles-ci ont permis de trouver un pistolet automatique, une machette cachée sous la selle de sa moto et un petit couteau.
Ainsi, il a été menotté et placé en garde-à-vue avant d’être transféré à la Maison centrale d’arrêt (Mca) de Bamako. Quant aux trois autres complices de Tidiane, ils sont restés introuvables.
A la barre, la victime a relaté les faits. Selon lui, ils étaient deux à l’avoir braquée. Et de poursuivre que c’est Tidiane qui détenait le pistolet. “Ils ont menacé de me tuer si jamais je résistais. Ils m’ont amenée dans un marché sous un hangar et ont fait appel à deux de leurs amis pour me violer”, a-t-elle laissé entendre.
Aux dires de la victime Arama, lorsque le tour de Tidiane est arrivé, ce dernier lui a demandé de lui remettre son téléphone et son portefeuille, prétextant qu’il allait les lui remettre plus tard.
Pour sa part, l’avocat de la défense se demandera comment la victime a pu faire confiance à l’un de ses violeurs pour que ce dernier la dépose dans son quartier. Et la victime a estimé qu’elle n’avait pas le choix car elle était nouvellement venue dans la capitale malienne.
Et à la défense de revenir à la charge : “Mais au moment où ils te braquaient, tu as dit que des gens passaient dans la rue. Pourquoi tu n’as pas crié au secours” ? En réponse à cette question, elle dira qu’elle ne pouvait pas crier parce que l’arme de ses agresseurs était pointée sur elle et ils n’hésitaient d’en faire usage. Car, dit-elle, des bandits ont déjà tué des gens dans la même zone. Elle ajoutera qu’elle était rassurée avec la police.
A la barre, l’accusé, Tidiane, reconnaît avoir participé au vol en bande organisée. Cependant, il a nié le délit de viol sur Arama.
Quant au ministère public, il a indiqué qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Selon lui, cette dame ne peut pas venir à la barre pour se défendre alors qu’elle n’a pas été violée.
Car, elle a une dignité à préserver. Avant de saluer sa bravoure parce que peu de victimes de viol ont le courage de se présenter au tribunal le jour du procès.
Après les débats, l’accusé n’a pas pu convaincre la Cour. Ainsi, il a été retenu dans les liens de l’accusation et condamné à cinq ans de prison ferme et au paiement de 500 000 de nos francs.
Boubacar PAÏTAO